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Algérie, 1902. Il fait une température douce en ce mois d’octobre. La chaleur est présente mais une agréable brise parcourt Misserghin. Décidément, Louis Trabut (1853-1929) a bien choisi son jour pour visiter les pépinières du frère Clément. Médecin et botaniste de renommée, Louis s’émerveille devant l’œuvre du moine. À l’origine, cet endroit était un petit domaine offert à la communauté des frères de l’Annonciation. Initialement il s’agissait d’accueillir les trop nombreux orphelins de France et d’Algérie. Mais à la venue du frère Clément, Misserghin est devenu une exploitation agricole des plus impressionnantes. C’est à peine si Louis cligne des yeux en suivant son guide à travers les vingt hectares de la pépinière et les trente cinq hectares de vignoble.
L’atmosphère est également des plus utopiques. Les moines et les orphelins du domaine travaillent avec entrain, en chantant pour certains. On y respire la vie et la joie. Cela change de l’image sordide et solennelle que certains se font des orphelinats de France.
– Voici les vergers d’agrumes, docteur Trabut, dit le frère qui le guide.
La remarque de son guide le tire de sa rêverie. Mais il ne lui faut que quelques instants pour s’ébahir à nouveau devant les orangers et mandariniers du père. Alors qu’il admire les magnifiques fruits presque mûrs, un arbre en particulier attire son attention.
– Ce mandarinier est-il malade ?, demande-t-il. Ses fruits sont petits et l’odeur est fade…
Un mandarinier pas comme les autres
En guise de réponse, le guide sourit et cueille l’un des fruits. Il le pèle avec facilité et en offre un quartier à Louis qui le goûte. Une saveur similaire à celle de la mandarine mais infiniment plus douce, éveille ses papilles. Un vrai délice !
– Mais il n’y a pas de pépin, remarque-t-il avec étonnement.
– Vous découvrez la vraie valeur des mandarinettes, répond le guide. Elles sont déjà très appréciées dans la région.
Incroyable ! Ce fruit est non seulement doté d’une saveur exquise mais il est aussi d’une simplicité déconcertante à consommer. Le botaniste s’empresse de déguster le reste en posant des questions entre chaque quartier.
Le guide lui explique les origines de ce fruit. Avec une technique que l’on appelle le greffage, qui consiste à implanter dans les tissus d’une plante le fragment d’une autre, on mélange les espèces pour obtenir un hybride. Dans le cas de la mandarinette, il s’agit d’un croisement entre l’oranger et le mandarinier. C’est avec cette technique que l’orphelinat assure la production de ces fruits.
Et c’est évidemment le frère Clément qui est à l’origine de cette découverte. Cela n’étonne pas le botaniste. Louis sait bien que le frère a également introduit en Algérie des centaines d’espèces d’arbres fruitiers, forestiers et d’ornement. Cette visite enchante tellement Louis que le médecin fera un rapport très élogieux à l’égard du frère Clément et de ses mandarinettes. Si bien qu’il les renommera “clémentines” en l’honneur du frère.
La Société d’Agriculture d’Alger décernera à Clément une médaille d’or pour sa découverte du fruit. Si on ne sait pas vraiment s’il s’agit d’une invention ou d’une découverte, sa propagation est attribuée au frère Clément Rodier.