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Ils veulent remettre le chant grégorien au cœur de la messe

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© Pascal Deloche / Godong

Caroline Becker - publié le 15/10/21

Paray-le-Monial accueille ce week-end les Rencontres grégoriennes nationales. Ses organisateurs souhaitent remettre au goût du jour la musique grégorienne afin qu’elle retrouve toute sa place dans la liturgie catholique.

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“L’Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place”, peut-on lire dans le Sacrosanctum concilium de Vatican II en 1962 (SC 116). Soixante plus tard, force est de constater que le chant grégorien a perdu la première place dans la liturgie catholique. Il a quasiment disparu des messes ordinaires et il n’est plus guère chanté que dans quelques monastères.

Un chant millénaire au service du Verbe

Né au temps du pape Grégoire le Grand, le grégorien a pourtant connu un essor considérable dans les monastères d’Europe vers le VIIIe siècle. Apprécié pour sa beauté  et la pureté de ses lignes mélodiques au service des Écritures saintes, le grégorien — qui se chante sans instrument et en latin — a pendant longtemps été la référence en matière de musique sacrée. L’arrivée de la polyphonie a naturellement entraîné son déclin mais son harmonie si noble et si belle ne l’a jamais fait basculer totalement dans l’oubli. Le grégorien amorce d’ailleurs sa renaissance au XIXe siècle sous l’impulsion de Dom Guéranger, l’abbé de Solesmes. Aujourd’hui encore, les moines de l’abbaye continuent de promouvoir, avec excellence, ce chant ancestral. 

MUSIQUE GRÉGORIENNE

La beauté indiscutable d’une telle musique, soutenue et largement recommandée par l’Église, invite à se demander pourquoi celle-ci a autant déserté nos paroisses. Interrogée par Aleteia, Anne Guyard, co-organisatrice de la première édition des “Rencontres grégoriennes nationales” qui se déroulent les 16 et 17 octobre à Paray-le-Monial, explique les raisons d’un tel déclin : “Beaucoup pensent que le grégorien est un chant difficile à maîtriser et qu’il faut être professionnel pour le pratiquer. Il n’en est rien”.

À cette fausse idée s’ajoute le développement, au lendemain du concile Vatican II, d’autres formes de musique pour favoriser l’intégration des fidèles dans le déroulé de la messe. Des formes encouragées par l’Église et mentionnées dans Le Sacrosanctum concilium de 1962 : “Les autres genres de musique sacrée, et surtout la polyphonie, ne sont nullement exclus, pourvu qu’ils s’accordent avec l’esprit de l’action liturgique et qu’ils favorisent la participation de tous les fidèles”. Enfin, la pratique du latin, largement délaissée au lendemain du Concile, bien qu’elle n’ait pas été totalement éliminée, n’a naturellement pas favorisé le maintien du chant grégorien. 

Le plébiscite des jeunes

Persuadés que la musique grégorienne possède en elle une force spirituelle incroyable, capable d’élever l’âme et de favoriser le recueillement, les organisateurs de ce premier grand événement national espèrent donc réveiller les paroisses pour qu’elles remettent le chant grégorien à la première place. Si l’objectif est encore loin d’être atteint, Anne Guyard, à seulement 24 ans, est pleine d’optimisme. Étudiante en master d’interprétation des musiques anciennes à la Sorbonne et, elle-même, professeur de grégorien, elle constate, tous les jours, un vif intérêt des jeunes pour la musique grégorienne. “La musique grégorienne est une musique verticale qui amène à la contemplation. Un véritable pont entre le Ciel et la Terre. Elle nous élève vers Dieu en laissant la place au Verbe. Beaucoup de chants actuels sont davantage tournés vers l’humain. Ils rassemblent mais n’élèvent pas”, constate-t-elle. 

Grâce aux “Rencontres grégoriennes”, les organisateurs — dont le père Guillaume Antoine, vicaire de Granville, et un jeune séminariste, Guy Bachelier — espèrent allumer une étincelle nouvelle dans le cœur des acteurs diocésains. “Nous espérons voir fleurir des chœurs, des chantres qui proposeront dans leur paroisse ce chant que Messiaen qualifiait de “plus beau trésor que nous possédions en Europe””. Rencontres, conférences et musiques vont ainsi se dérouler durant deux jours autour de trois grandes associations phares qui promulguent le chant grégorien partout en France : le célèbre Chœur grégorien de Paris, Lux Amoris, jeune chœur parisien créé en 2018 dédié à la promotion et la formation du chant grégorien mais aussi La Schola saint Grégoire, l’école de référence du chant grégorien fondée en 1938.

Grâce à leur expérience, les intervenants donneront des pistes aux paroisses qui souhaitent réintégrer le grégorien au cœur de leur vie liturgique. “Tout le monde peut chanter du grégorien, même les débutants en chant, insiste Anne Guyard. “Il faut démystifier sa pratique ! Certains diocèses proposent déjà des formations mais ce n’est pas la priorité pour beaucoup”, regrette-elle. “La musique touche au sensible. C’est sans doute l’une des meilleures portes d’entrée pour inviter à la rencontre avec Dieu”, conclue-t-elle, pleine d’espérance.

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