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L’individualisme contemporain cherche à nous persuader que nous sommes tous des créateurs en puissance. Mais suffit-il de le vouloir pour devenir un artiste ? En fait, les exemples de la plupart des novateurs démontrent que la créativité n’est pas toujours une vertu innée : elle s’apprend surtout. Les génies ont beaucoup travaillé avant de devenir des maîtres dans leur discipline. Ils sont allés à l’école de leurs devanciers. À un niveau de créativité moindre, il en va pareillement dans les domaines où s’exerce notre goût de l’inventivité : jardinage, cuisine, activités ludiques ou artistiques, initiatives prises dans le cadre professionnel. Dans toutes ces activités, nous pouvons apporter notre touche personnelle à condition de nous appuyer sur le savoir-faire des anciens. On ne s’improvise jamais novateur sans avoir longtemps travaillé auparavant nos gammes et étudié les œuvres des maîtres.
Être disciple avant de devenir maître
Cette loi se vérifie également dans la vie de foi. Celui qui désire travailler aux œuvres de Dieu et trouver des voies nouvelles de charité, d’évangélisation ou de mission, sera bien inspiré de se pencher sur l’exemple des grands saints de l’histoire de l’Église. Car nous ne partons jamais de rien. Aucun artiste non plus. Tous les grands génies de la littérature, de la musique ou de la peinture, furent des héritiers. Ils furent disciples avant de devenir maîtres.
Dans le domaine religieux, le premier maître à écouter afin de donner notre pleine mesure créatrice est Dieu Lui-même.
De même, le chrétien qui nourrit le dessein de parler de Dieu à ses contemporains avec des mots, ou des actes, capables de les toucher et de les rejoindre, ne pourra pas faire l’économie d’étudier la vie des saints qui, tout au long de l’histoire, ont apporté de façon originale l’Évangile à leurs contemporains en fonction des attentes de leur temps.
Dieu ne nous demande pas d’être des perroquets ou des chambres d’enregistrement mais désire plutôt susciter notre créativité. Il est Père : aussi son but consiste-il à élever ses enfants à la dignité de créateurs. Or, dans le domaine religieux, le premier maître à écouter afin de donner notre pleine mesure créatrice est Dieu Lui-même.
Jésus et Marie, eux aussi, à l’école !
Prenons l’exemple de la plus grande créature : la Sainte Vierge. Elle est devenue mère de Dieu : peut-on rêver vocation plus haute ? Car être mère de Dieu, ce n’est pas seulement enfanter charnellement, c’est aussi éduquer l’Être dont vous avez la responsabilité et qui vous dépasse de part en part, c’est tenter de se hisser, autant que faire se peut, au niveau de cet Enfant surprenant. La maternité divine est une œuvre d’art à part entière.
Sans s’en douter, Marie a appris le métier, l’art de la maternité divine, auprès de Celui qui lui confierait plus tard son propre Fils lorsque le temps serait venu pour elle d’enfanter le Sauveur.
Or, Marie n’a pas accompli ce chef-d’œuvre en comptant sur ses ressources propres mais avant tout en assumant jusqu’au bout, parfaitement, sa condition filiale divine. Avant de devenir mère du Fils, la Vierge a été parfaite fille adoptive du Père. Sans s’en douter, elle a appris le métier, l’art de la maternité divine, auprès de Celui qui lui confierait plus tard son propre Fils lorsque le temps serait venu pour elle d’enfanter le Sauveur. En effet, Marie a pu dire « oui » au Fils tous les jours de sa vie de mère parce qu’elle était habituée depuis sa plus tendre enfance à dire « oui » au Père.
A fortiori peut-on dire la même chose de Jésus. Jésus a été si inventif dans son existence — la plus belle vie humaine de tous les temps, une œuvre d’art sans équivalent — parce qu’il était à l’écoute constante du Père. Comme tous les artistes, il fut un héritier — héritier de la tradition religieuse de son peuple avant de devenir héritier du Père qui lui donnera le plus beau et le plus précieux des cadeaux : une épouse en la personne de l’Église, et par elle de toute l’humanité ! La loi qui veut que le génie créatif s’apprenne auprès de devanciers, de maîtres qui nous ont précédés, cette loi se vérifie en premier lieu chez Jésus (dans son humanité) et Marie qui ont été indirectement à l’école du Père par la médiation de la tradition d’Israël, mais aussi directement en écoutant l’Esprit du Père avec lequel ils ont noué une relation privilégiée au long des jours.
La paternité de Dieu à travers la créativité de ses enfants
De notre côté, si nous désirons devenir des artistes de la foi, de la charité ou de la mission, notre premier allié dans cette entreprise sera l’Artiste par excellence : Dieu. Dans le Credo, nous confessons l’existence du « Père tout-puissant ». Or, accoler pour Dieu le qualificatif de la toute-puissance à sa paternité, c’est affirmer que Dieu donne toute sa mesure dans la créativité de ses fils, et en premier lieu dans celle de Celui qui est son Fils par nature : Jésus. En effet, « Père » est un nom relationnel : on est père de quelqu’un. Aussi, Dieu exerce-t-Il sa toute-puissance en donnant la capacité créatrice à ceux dont Il est le Père. « Dire que la toute-puissance divine est une toute-puissance paternelle, signifie qu’elle ne peut ni ne veut s’exercer sans la médiation de libertés filiales qui la rendent présente et active sur terre » (Mgr J.-P. Batut, À partir du Credo, Parole et Silence, 2013, p. 107).
Autrement dit, plus nous aurons un cœur filial, prompt à se tourner vers la source divine paternelle et à la prier, plus Dieu nous donnera la grâce de nous faire participer à Son génie créateur ! En Dieu, la toute-puissance ne consiste pas à déployer une liberté arbitraire et anarchique, mais plutôt à donner à Ses enfants le pouvoir de devenir à leur tour des créateurs et des pères. Dieu désire que ses enfants deviennent des artistes ! Loin de garder sa gloire pour Lui, Il n’a qu’un désir : la partager avec nous en nous conférant la dignité royale ! En nous créant à son image et ressemblance, Dieu nous rend créateurs comme Lui. Si nous avons été créés dans le Fils (Col 1,16) — ce Fils qui est co-créateur du monde avec le Père et l’Esprit —, cela implique que le Père a fait de nous des créatures ayant une consistance propre et une certaine autonomie, à l’image du Fils qui est une Personne différente du Père. De même que le Père a donné au Fils de créer le monde avec lui et l’Esprit, de même, par analogie, nous donne-t-Il de devenir des artistes ! N’ayons pas peur de Lui demander cette grâce !