Figure parfaite de l’Église, la Vierge Marie fournit à chaque chrétien un enseignement par les exemples tirés des épisodes de son existence. La vie de la mère de Jésus représente en effet une parabole de celle du chrétien. À ce titre, elle est riche de leçons pour la consolidation et l’enrichissement de notre attachement au Christ et à la Trinité. De son existence, trois « élévations » fondamentales scandèrent sa marche en avant vers la gloire divine : la montée des escaliers du temple de Jérusalem dans sa prime jeunesse, la montée du Calvaire et enfin la montée au ciel à l’Assomption. Chacune de ces trois élévations est porteuse d’une grâce spécifique.
La montée au temple de Jérusalem : se décider pour Dieu
Marie a 3 ans. Ses parents l’ont consacrée à Dieu, comme le fit jadis Anne pour son fils Samuel (1 Sam 1, 22). À cette fin, la jeune fille est conduite au temple qui sera son lieu de résidence. Elle monte sans se retourner les degrés qui y mènent et parvient au sommet de l’escalier où le grand-prêtre l’accueille. Comme saint Paul, elle est déjà oublieuse des choses anciennes et tendue vers l’avenir (Ph 3, 13). Par cette montée inaugurale, demandons à la Vierge la grâce de nous décider énergiquement pour Dieu.
Pour cela, nous n’avons pas besoin d’être calés en catéchisme. À cet âge, Marie ignorait le mystère de la Trinité et qu’elle serait la mère du Fils de Dieu. Cela ne l’a pas empêchée de se donner totalement au Très-Haut. Dieu est sensible aux mouvements de notre bonne volonté. En ces temps de grande sécularisation, où l’ignorance le dispute à l’indifférence et au syncrétisme, le Tout-Puissant ne refuse jamais de Se laisser trouver par celui qui désire faire un pas en Sa direction, même s’il ne possède pas encore les « codes » religieux des croyants éprouvés ! Dans cette démarche, il n’est pas inutile de demander l’aide de Celle qui n’hésita pas à délaisser ses attachements familiaux pour se consacrer à Celui que toute la tradition d’Israël lui désignait comme le délice des âmes et dont l’amour, plus grand que les cieux (Ps 107, 5), « vaut mieux que la vie même » (Ps 62, 4) !
La montée du Calvaire : consentir à notre engendrement à la vie divine
Plusieurs années plus tard, Marie, mère depuis trente-trois ans, monte maintenant avec Jésus la route escarpée du Golgotha. Les temps ont changé. Au terme de cette ascension douloureuse, elle devient la mère de toute l’humanité : « Mère, voici ton fils » lui dit le Crucifié en désignant saint Jean qui nous représente tous. La Croix va opérer un changement dans son être le plus profond. Il en va pareillement pour nous. La foi chrétienne ne se réduit pas à une élévation religieuse de notre part : c’est Dieu qui fait la part la plus importante du travail. La foi constitue une pâque, c’est-à-dire un passage d’un état à un autre. À notre baptême, plongés dans la mort du Christ, nous ressuscitons comme frères du Christ, fils du Père et temple de l’Esprit. Par cette ascension douloureuse du Golgotha, demandons à la Vierge la grâce de nous laisser enfanter par Dieu à cet état nouveau.
La montée au ciel à l’Assomption : tendre vers l’éternité
Au terme de son existence, la Vierge est emportée par les anges à la gloire céleste en son âme et son corps. C’est sa dernière ascension. Par le mystère de l’Assomption, nous pouvons implorer la grâce de nous soucier de l’éternité. La prière de l’Ave Maria ne se termine-t-elle par : « … maintenant et à l’heure de notre mort » ? Dieu nous appelle à son éternité. Celle-ci n’est pas une durée indéfinie, « un peu longue vers la fin » selon la plaisanterie, mais consiste plutôt en la transfiguration de tout notre être par la puissance de Dieu.
Ces trois « élévations » de Notre-Dame peuvent être appréhendées également comme une initiation au mystère trinitaire. La première montée des degrés du temple est un appel du Père. L’ascension du Golgotha symbolise notre engendrement à notre être de fils de Dieu dans la Pâque du Fils. Enfin, l’Assomption préfigure notre transfiguration terminale par l’Esprit Saint dans la gloire céleste. Ainsi, ces trois moments-charnière de la vie de Notre-Dame constituent-ils un abrégé saisissant des étapes cardinales de l’existence du croyant, même s’ils n’épuisent pas toute la richesse du mystère de la vie en Christ.