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Voici Noël, la fête de la justice

Couronne de l'Avent.

© Philippe Lissac / Godong

Couronne de l'Avent.

Christian Lancrey-Javal - publié le 27/11/21

Le père Christian Lancrey-Javal, curé de la paroisse Notre-Dame de Compassion à Paris, commente l’Évangile de ce premier dimanche de l’Avent. Il y est question de périodes de crise dans l’Histoire, quand les hommes crient justice. La réponse de Dieu est dans la naissance de Jésus qui est la fête de la justice. C’est aussi la fête de la famille, qui est le premier lieu où chacun est appelé par son nom.

À partir de quel moment les églises en France, en Europe et des pays riches, ont-elles commencé à se vider ? Quel a été le point de basculement, quelles sont les causes de la chute de la pratique religieuse, passée de majoritaire à marginale en moins d’un siècle ? Va-t-elle-même disparaître ainsi que certains le redoutent ou le prédisent ? Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre (Lc 18, 8) ? Jésus associe cette question à celle de la justice, racontant à ses disciples une parabole sur la nécessité de toujours prier sans se décourager : « Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? » Nous répondons : Oui. Mais Jésus affirme : « Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. » 

La promesse de Dieu

C’est ce que nous fêtons à Noël : la naissance du seul Juste. Noël est une fête de justice, et l’Avent nous est donné pour en retrouver le goût, le désir de justice : le respect des droits de chacun et l’égalité entre tous. Des plus petits aux plus anciens. Réunis à Noël ! Pâques est différent : Pâques est une fête de libération. Dans la nouvelle traduction du Missel de la messe, qui entre en vigueur ce dimanche, une des formules d’acclamation après la consécration (l’anamnèse) prévoit que le prêtre dise : « Qu’il soit loué, le mystère de la foi ! » Et le peuple répond : « Sauveur du monde, sauve-nous ! Par ta croix et ta résurrection, tu nous as libérés. » La justice et la liberté. La justice à Noël et pour ce temps de l’Avent, la liberté à Pâques et pour le carême où nous cherchons davantage à nous purifier et nous libérer d’addictions et d’obsessions charnelles ou matérielles.

La justice et la liberté : les deux interagissent comme Noël et Pâques. Il faut passer par l’un pour arriver à l’autre, passer par la justice pour accéder à la liberté. D’où la promesse de Dieu, dans la première lecture de ce dimanche (Jr 33, 14-16), de faire « germer pour David un Germe de justice » : Jésus.

Un profond désir de justice

Imaginez un enfant de 10 ans, baptisé, catéchisé, élevé dans le respect des autres et des générations qui l’ont précédé. Il va avoir la chance de retrouver à Noël ses grands-parents, peut-être ses arrière-grands-parents. Osera-t-il les interroger sur leur enfance ? Raconte-moi grand-père, comment c’était quand tu avais mon âge ? Comment c’était Noël ? Peut-être que le grand-père se souviendra, quand il était lui-même enfant, des récits de ses grands-parents… Calculez, on arrive vite à cent vingt, cent cinquante ans, au XIXe siècle, à la guerre de… 1870. Mon père m’a raconté l’arrivée d’une moissonneuse-batteuse au village, l’attraction, le prodige, le monstre que c’était. La chance que nous avons, nous chrétiens, est de bénéficier de quatre millénaires d’histoire, depuis Abraham, notre père dans la foi, deux mille ans avant le Christ, deux mille ans depuis le Christ, et de pouvoir nous appuyer sur une base consistante des réalités humaines. 

Nous devons remettre ces informations dans une perspective plus large qui part du plus profond de notre cœur : le désir de justice.

Nous ne pouvons pas analyser la perte du sens religieux et du sacré en prenant comme champ d’études la période depuis l’explosion du rationalisme et la révolution industrielle. Nous ne devons pas seulement confronter ce qui est écrit dans les livres d’Histoire, enseigné dans les écoles, asséné sur les ondes, à ce qu’ont vécu nos grands et arrière-grands-parents, témoins directs. Nous devons remettre ces informations dans une perspective plus large qui part du plus profond de notre cœur : le désir de justice.

Ce sont les familles qui font l’Église

« Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre : on y adorera les bêtes », disait le Curé d’Ars. Au même moment, les missionnaires qui se rendaient au Japon, contraint de rouvrir ses frontières, découvraient des communautés chrétiennes qui avaient survécu à deux siècles d’interdit, après les grandes persécutions — l’Église en fait mémoire chaque année : le 6 février, du martyre en 1597 de saint Paul Miki et ses compagnons ; le 10 septembre, du grand martyre de Nagasaki en 1622 ; le 28 septembre de saint Laurent Ruiz et les martyrs des années 1633 à 1637. Toute évangélisation avait ensuite été interdite jusqu’en 1854. Le pouvoir abusif et fermé n’est pas une invention du XXe siècle : la résistance intelligente et pacifique à l’oppression fait partie du message chrétien.

Laissez un pays deux cents ans sans prêtre : vous y retrouverez des baptisés qui croient au Christ. Ce sont les familles qui font l’Église, si nous voulons que l’Église soit une famille. Le sacerdoce des baptisés, c’est la transmission de la foi. Peuple de prêtres, peuple de rois, nous avons mission de préparer la Venue du Seigneur, de rendre droits ses sentiers. Cette transmission de la foi fait partie de la grâce de Noël. Et le temps de l’Avent l’occasion de la raviver : se réunir pour transmettre. Si le carême appelle à la conversion en vue de Pâques, l’Avent est empreint d’une nostalgie, pleine de gratitude qui fait la joie de Noël. À Pâques, le Christ ressuscité ; à Noël, notre cœur d’enfant. 

« Ne crains pas »

Le passé peut être douloureux, et l’avenir effrayant : l’Évangile de ce premier dimanche de l’Avent parle de panique probable. Voyez le contraste avec la façon dont Jésus s’adresse alors à nous pour dire : « Confiance ! Redressez-vous ! » Quel contraste entre la première partie du texte qui se proclame d’une voix forte et ces paroles chuchotées à l’intimité de notre cœur où Jésus nous rejoint comme un ami, jusque dans les situations les plus rudes à Gethsémani où Jésus dit à ses disciples : « Restez éveillés et priez. »

La fête de Noël dit que la famille reste le modèle indépassable, le lieu source d’apprentissage et de passage de la justice à la liberté…

Tout au long de l’histoire, les églises se sont vidées, à cause des persécutions, souvent à cause des scandales du clergé, toujours par affaiblissement ou dislocation des liens familiaux et de proximité. Les églises se vident dès que disparaît le sacré des relations personnelles, quand la priorité n’est plus donnée à l’âme mais au corps, qu’il soit physique ou social. La fête de Noël dit que la famille reste le modèle indépassable, le lieu source d’apprentissage et de passage de la justice à la liberté, pour que chacun reçoive ce dont il a besoin et développe ainsi ses talents pour le bien et l’amour du prochain. Si la famille est le lieu où pour la première fois nous avons été appelés par notre nom, Noël célèbre la venue dans notre histoire de Celui qui, par-delà les siècles et les âges, nous appelle par notre nom. Ne crains pas, dit le Seigneur, Je t’ai appelé par ton nom. Je t’appelle par ton nom.

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