Depuis des siècles, Dieu se manifeste à travers des miracles, plus ou moins spectaculaires, la nuit de Noël. Voici douze témoins privilégiés de son immense tendresse lors de cette période propice. Et la liste n’est sûrement pas exhaustive ! Ils sont saints, bienheureux ou simples chrétiens, contemporains ou d’une époque plus lointaine, mais tous ont reçu à Noël une grâce particulière qui a bouleversé leur vie. Conversions foudroyantes, visions divines, intuitions inébranlables… Ces douze témoins de la grâce ont su y voir la tendresse de Dieu qui veut rejoindre chacun. Aujourd’hui encore, en cette veille de Noël, Dieu réserve à chacun des grâces. Elles peuvent être discrètes mais néanmoins chambouler les cœurs. Ce peut être la grâce de se savoir aimé d’un amour infini, de désirer suivre le Christ, de témoigner, de pardonner, de trouver la paix… A chacun de demeurer attentif à toutes ces grâces que Dieu donne et qui peuvent transformer une vie.
La grâce reçue par Thérèse de Lisieux
Sainte Thérèse raconte dans ses manuscrits autobiographiques ce “jour inoubliable” où elle estime que Dieu l’a fait “grandir en un moment” la rendant soudain “forte et courageuse”. Elle a alors 13 ans et revient de la messe de minuit à la cathédrale de Lisieux. Arrivée chez elle, aux Buissonnets, elle se précipite vers ses chaussures déposées devant la cheminée. Mais ce soir-là, son père, “fatigué de la messe de minuit”, éprouve de l’ennui à la voir batifoler comme une petite fille. Il dit ces paroles qui “percèrent le cœur” de Thérèse : “Enfin, heureusement que c’est la dernière année !”. Elle, habituellement si sensible, arrive à refouler ses larmes, comprimer les battements de son cœur et faire comme si de rien n’était. “Ce fut le 25 décembre 1886 que je reçus la grâce de sortir de l’enfance, en un mot la grâce de ma complète conversion”, écrit-elle. “La petite Thérèse avait retrouvé la force d’âme qu’elle avait perdue à 4 ans et demi et c’était pour toujours qu’elle devait la conserver !”
Il n’était pas exceptionnel, dans cette famille pieuse et aisée du château de Fontaines, près de Dijon, de recevoir des songes de Dieu. La mère de Bernard avait en effet eu en songe le pressentiment de la sainteté future de son fils. Une nuit de Noël, alors qu’il était encore tout jeune et qu’il assistait à la messe de minuit, il s’endort. Pendant son sommeil, il voit clairement la Vierge Marie, tenant Jésus dans ses bras, dans l’étable de Bethléem. Lorsqu’il se réveille, il est sûr qu’il ne s’agissait pas d’un simple rêve. Jésus l’avait visité. Vers l’âge de 20 ans, Bernard devient moine cistercien à Cîteaux, et fonde à 25 ans le monastère de Clairvaux. Quelques années plus tard, peut-être en souvenir de son songe de Noël, il compose cette belle et courte prière sur la Nativité : “Seigneur, voici que la Paix n’est plus promise mais envoyée. Un petit enfant nous est donné. En Lui habite la plénitude de la Divinité. Quelle grande preuve de Ton Amour Tu nous donnes, en ajoutant à l’humanité le nom de Dieu. Ainsi soit-il.”
La révélation de Charles de Foucauld
A Noël 1886, Charles de Foucauld ne s’est converti que depuis quelques semaines. Une conversion qui remonte au mois d’octobre, grâce à l’abbé Huvelin qui le fait s’agenouiller et se confesser alors que Charles venait simplement lui poser des questions sur la foi. “Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui”, racontera-t-il à un ami. Une phrase de l’abbé Huvelin, qu’il aurait prononcée lors de son sermon en cette nuit de Noël, guidera Charles tout au long de sa vie : “Jésus, vous avez tellement pris la dernière place que personne n’a pu vous la ravir.” Dès lors, il se lance dans une quête spirituelle intense et totale pour imiter l’humilité du Christ.
La conversion de Paul Claudel
Toujours en cette même nuit de Noël 1886, Paul Claudel, âgé alors de 18 ans, assiste à la messe puis aux vêpres à Notre-Dame de Paris. Installé près du second pilier à l’entrée du chœur, le poète est foudroyé par la grâce divine. Il racontera quelques années après sa conversion éclair. “En un instant, mon cœur fut touché et je crus”. Pourtant, il assiste à la messe “avec un plaisir médiocre” puis, “n’ayant rien de mieux à faire, […] il revin[t] aux vêpres”. Et là… “Les enfants de la maîtrise étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. J’étais moi-même debout dans la foule, près du second pilier à l’entrée du chœur, à droite du côté de la sacristie. Et c’est alors que se produisit l’événement qui domine toute ma vie. […] Je crus, d’une telle force d’adhésion, d’un tel soulèvement de tout mon être, d’une conviction si puissante, d’une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d’une vie agitée, n’ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher. J’avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l’innocence, de l’éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable.”
La première communion de Kateri Tekakwitha
L’enfance de la jeune indienne Kateri Tekakwitha n’est pas des plus heureuses. Elle n’a que quatre ans lorsque ses parents sont emportés par la petite vérole. Elle se rétablit, mais garde un visage marqué de cicatrices et est presque aveugle. D’où son surnom dans son village : Tekakwitha, “celle qui avance en hésitant”. Recueillie par son oncle qui la persécute, elle mène une vie de labeur, tout en craignant de ne pouvoir vivre sa foi transmise par sa mère. Les missionnaires jésuites installés près de son village l’accueillent et la préparent au baptême qu’elle reçoit le jour de Pâques 1676. Refusant de se marier, elle finit par fuir sa tribu et se réfugie à la Mission Saint-François-Xavier sur les bords du Saint-Laurent. Son zèle émerveille tant les missionnaires qu’ils lui proposent de faire sa première communion le jour de Noël 1677, quelques mois après son arrivée. Elle qui désirait depuis de longues années s’unir au Christ est remplie de joie. Elle prononcera son vœu de virginité le 25 mars 1679.
La conversion de Philippe Guillard
A l’instar de Claudel, Philippe Guillard se convertit de manière instantanée le soir de Noël 2015. Baptisé, il rejette la foi en bloc lorsqu’il est adolescent, puis se laisse séduire par la franc-maçonnerie, la psychanalyse, les spiritualités orientales… jusqu’à cette messe de Noël où il est entraîné malgré lui par une amie. Là, il vit une rencontre foudroyante avec le Christ. Philippe est envahi d’une lumière bleue, la couleur mariale, qui l’inonde de joie. En un instant, il croit. “À 20h30, je suis entré athée dans l’église, à 20h31, j’étais croyant et catholique”, résume-t-il. Une expérience mystique qu’il raconte dans son livre Et le Ciel s’est ouvert (EdB). Philippe est instantanément saisi par la beauté et l’amour de Dieu. Il réalise que Dieu est vivant dans son cœur et qu’Il est une personne. Il saura plus tard que la Vierge Marie avait préparé son cœur à recevoir Jésus.
La vision de sainte Claire d’Assise
Claire d’Assise, fondatrice des Clarisses, a vécu au couvent saint Damien, à Assise, dans la pauvreté totale et la simplicité franciscaine. Les 30 dernières années de sa vie, malade, elle ne peut guère quitter son lit. Elle ne peut donc pas assister à la messe avec les autres sœurs en ce soir de Noël. Les religieuses se rendent à la messe de minuit chez les frères franciscains, à quelques kilomètres de là, et Claire reste seule dans sa chambre. C’est alors qu’elle entend les chants de Noël et voit la crèche, comme si elle était présente en personne dans l’église. C’est en raison de cette vision que sainte Claire a été proclamée patronne de la télévision par Pie XII le 14 février 1958 : “Ce merveilleux instrument peut être la source des très grands biens, mais aussi de profonds malheurs en raison de l’attraction singulière qu’il exerce sur les esprits à l’intérieur même de la maison familiale. Aussi Nous a-t-il semblé bon de donner à cette invention une sauvegarde céleste qui interdise ses méfaits et en favorise un usage honnête, voire salutaire. On a souhaité pour ce patronage sainte Claire. On rapporte en effet qu’à Assise, une nuit de Noël, Claire, alitée dans son couvent par la maladie, entendit les chants fervents qui accompagnaient les cérémonies sacrées et vit la crèche du Divin Enfant” (Lettre apostolique).
La grâce qui a transformé le coeur de Marcel Van
Maltraité par le prêtre qui avait pour mission de le former au petit séminaire, jalousé par certains catéchistes, harcelé par les pensionnaires plus âgés, Marcel Van a une enfance malheureuse. Très pieux, il voue une dévotion particulière à la Vierge Marie et communie tous les jours. A Noël 1940, pendant la messe de minuit, il reçoit une grâce qui transforme son cœur et fait de lui l’apôtre de l’amour. Van a alors 12 ans. “Dans mon cœur, il faisait sombre et froid”, écrira-t-il. “Jésus seul était tout mon espoir. Et voici l’heure tant désirée : l’eucharistie. Une joie immense m’emporte hors de moi-même ; j’ai trouvé le plus précieux trésor de ma vie… En un instant, mon âme fut transformée. Je n’avais plus peur de la souffrance. Dieu me confiait une mission : celle de changer la souffrance en bonheur… Pour Noël, j’avais reçu le cadeau de l’Amour !” Transformé, il décide de retourner au petit séminaire pour “vaincre la haine par l’amour”. Afin de protéger les plus jeunes des autres garçons et des obscénités des catéchistes, il les rassemble en un groupe, Les Anges de la résistance. À la haine qu’il subit encore, il oppose désormais une parfaite douceur. Il avait trouvé l’amour consolateur de Jésus.
La révélation de Jean-Marie Vianney
Le curé d’Ars était réputé pour ses sermons simples et édifiants, pour les longues heures qu’il passait à confesser et pour son amour de l’Eucharistie. La ferveur avec laquelle il célébrait la messe et fractionnait le pain était tout simplement bouleversante. Une nuit de Noël, il a comme une révélation qui le fait rire et pleurer en même temps, devant toute l’assemblée. C’est frère Athanase Planche, frère de la Sainte Famille de Belley et cérémoniaire aux côtés du saint curé, qui rapporte cette histoire anecdotique mais révélatrice de la sainteté de Jean-Marie Vianney. Une nuit de Noël, après la consécration, comme il tenait l’hostie devant lui au-dessus du calice, il la regarde en pleurant et souriant en même temps et en semblant lui parler. De retour à la sacristie, frère Athanase lui demande : “A quoi pensiez-vous donc à ce moment ?” Ce à quoi le saint curé lui répond : “Il m’était venu une drôle d’idée. Je disais à Notre Seigneur : si je savais que j’eusse le malheur de ne pas vous voir pendant l’éternité, puisque je vous tiens maintenant je ne vous lâcherais plus !”.
L’intuition d’Antoine Chevrier
Le père Antoine Chevrier était vicaire à la Guillotière, à Lyon, un quartier habité par des ouvriers. Pendant la nuit de Noël 1856, alors qu’il priait devant la crèche, il a une révélation : il décide de suivre Jésus le plus près possible en se consacrant entièrement aux pauvres de son quartier et en vivant lui-même très humblement. A partir de cette date, il change de vie. En 1860, il loue puis rachète un ancien dancing, “le Prado”, qu’il aménage en chapelle pour accueillir et catéchiser les enfants et adolescents désœuvrés du quartier. C’est là qu’il fondera plus tard, avec quelques prêtres et sœurs la “Société du Prado” pour vivre pauvres parmi les pauvres, selon l’idéal évangélique. Jusqu’à la fin de sa vie, il répètera : “Si vous voulez suivre Jésus regardez la crèche, la croix et le tabernacle”.
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Le baptême de Clovis
Si l’année du baptême de Clovis, longtemps fixée à Noël 496 d’après les écrits de Grégoire de Tours, oscille, selon les experts, entre 496 et 508, le jour en revanche demeure certain. C’est bien le jour de Noël que Clovis se fait baptiser à Reims par l’évêque saint Rémi, recevant ainsi la grâce du baptême et donnant à la France le nom de “Fille aînée de l’Eglise”. Le baptême de Clovis fait suite à sa promesse formulée lors de la bataille de Tolbiac. Alors que l’armée des Francs était en mauvaise posture face aux Alamans, Clovis promet de se convertir s’il obtient la victoire. Songeant au Dieu de son épouse Clotilde, il tend les mains vers le ciel au milieu du champ de bataille et déclame : “Jésus-Christ, fils du Dieu de Clotilde, si tu me donnes de triompher de mes ennemis, je me ferai baptiser en ton nom”. Quelques instants plus tard, le roi des Alamans est tué et la victoire change de camp. Conversion sincère ? Simple promesse tenue ? Stratégie politique pour asseoir son pouvoir en obtenant le soutien des élites gallo-romaines christianisées ? Les historiens ont bien tenté de scruter le cœur et les motivations du premier roi des Francs. Quoi qu’il en soit, le baptême de Clovis marque un tournant dans la vie du monarque mais aussi dans l’Histoire de France. Et les chrétiens ne croient-ils pas en la grâce agissante de l’Esprit Saint ?
Les visions de sainte Faustine
Sœur Marie Faustine, celle que l’on appelle l’apôtre de la Miséricorde Divine et à qui Jésus parlait régulièrement, a plusieurs années de suite des visions de Jésus et de la sainte Famille lors de la messe de Noël. Visions qu’elle consigne dans son Petit Journal. Ainsi, en 1934, pendant l’offertoire, elle voit Jésus enfant sur l’autel, “d’une beauté incomparable”. En 1935, elle voit à nouveau “le Petit Enfant Jésus extrêmement beau”, tendant avec joie ses mains vers elle. C’est cette année-là, de retour de la communion, qu’elle entend cette parole qui restera gravée en elle : “Je suis toujours dans ton cœur, non seulement quand tu Me reçois dans la Sainte Communion, mais toujours.” En 1936, quelques instants avant l’élévation, elle observe “la Vierge, le Petit-Jésus et le bon Joseph”. La Vierge, lui tendant Jésus, lui dit : “Ma fille, Faustine, prends mon trésor le plus cher !” Autant de visions du Christ qui lui font éprouver une joie indicible tout au long de sa vie.