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En ce jour si particulier où la belle dame de la grotte de Massabielle fait entendre le son de sa voix pour la première fois, Bernadette, 14 ans, n’est pas seule. Elle est accompagnée de la riche Madame Milhet, une ancienne domestique qui a épousé son maître, et de la couturière de cette dernière, Antoinette Peyret, la fille de l’huissier. Cependant, elle est la seule à voir et entendre celle qu’elle appellera “Aquero” (qui signifie, dans le patois de Lourdes, “cette chose”).
C’est sur les instances des deux femmes, qui pensent que l’apparition est celle d’Elisa Latapie, présidente de la Congrégation des Enfants de Marie décédée l’année précédente, que la mère de Bernadette autorise sa fille à se rendre à la grotte. Les deux femmes sont déterminées à demander son nom à l’apparition, et Antoinette s’est munie en ce sens de l’écritoire de son père.
Lorsqu’elles arrivent à la grotte, Bernadette prend les devants, et descend la pente avec une étonnante agilité. “Elle descendit comme un éclair, raconte Antoinette Peyret. Pour nous, il fallut quasi nous asseoir et avancer péniblement, posant un pied et puis l’autre. Quand nous fûmes en bas, nous trouvâmes Bernadette qui nous attendait. Nous tournâmes le rocher et allâmes devant la niche. Bernadette s’agenouilla sur une pierre plate. Nous la mîmes au milieu, moi à sa gauche, Madame Millet à sa droite ; j’avais allumé le cierge et j’en abritais la flamme au grand roc qui était près de moi”. Les trois visiteuses récitent le chapelet. A peine ont-elles commencé que Bernadette chuchote : “Elle y est”.
Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l’autre.
Antoinette passe alors à Bernadette l’écritoire. La jeune fille s’avance vers l’apparition, lui tend le papier et la plume, en prononçant les mots dictés par Madame Milhet : “Voulez-vous avoir la bonté de mettre votre nom par écrit ?”
La belle dame rit, et pour la première fois, fait entendre le son de sa voix. Elle répond en patois de Lourdes : “Ce n’est pas nécessaire”, et ajoute en souriant : “Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours ?” Bernadette promet, et l’apparition lui répond par une autre promesse : “Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l’autre.” Bernadette se déclarera touchée par le recours au vouvoiement et les paroles bienveillantes de la Vierge : “Elle me parle patois et me dit vous”. S’ensuivront quinze autres apparitions de la Vierge jusqu’au 16 juillet 1858.