Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
C’était le rêve du père Joseph Wresinski, l’histoire de sa vie : que le peuple du quart-monde parle ! qu’il prenne la parole dans tous les lieux où se décide l’avenir du monde, dans tous les moments où des choix politiques importants s’envisagent. À quelques semaines des élections présidentielles, des personnes qui ont l’expérience de la précarité et de l’exclusion, s’expriment et interpellent les candidats. C’est un grand pas en avant et c’est nouveau ! Il y a quelques années, des personnes, très qualifiées, parlaient en leur nom. Aujourd’hui ils ou elles s’expriment directement.
“Retrouver un rôle dans la société”
Trois exemples récents. Un partenariat entre le journal La Croix et le Secours catholique dans l’édition du 2 mars donne la parole à Claire, Gisèle et Fulbert qui craignent que pour les dirigeants, “les pauvres ne soient que des statistiques (9 millions de personnes sous le seuil de pauvreté, 4 millions de mal-logés…) et non des humains”. “Pour moi, dit Claire, c’est une souffrance ; on fait partie des invisibles.” Tous trois insistent donc sur leur désir “de retrouver un rôle dans la société”, de se sentir utiles et reconnus, notamment par un travail.
Et “pour trouver un travail, dit Fulbert, il faut miser sur la formation”. La lecture de ce reportage est vivifiante car ces personnes parlent avec pudeur et dignité de leurs difficultés : “Souvent, le 15 du mois, on n’a plus rien”, dit Gisèle, et on devine derrière cela un courage qui force l’admiration. Fortes de leurs expériences de vie, elles font des propositions raisonnables et entendables par tous les candidats.
Que la lutte contre la pauvreté soit, enfin, une priorité nationale pour mettre fin aux insécurités sociales, économiques et écologiques.
De la même manière, des militants d’ATD-Quart Monde demandent à tous les candidats que la lutte contre la pauvreté soit, enfin, une priorité nationale pour mettre fin aux insécurités sociales, économiques et écologiques. Cela passe par “l’accès aux droits de tous : un logement digne, un emploi décent, une école de la réussite pour tous les enfants, une alimentation saine et durable, une démocratie où chacun est reconnu, etc.”. Des militants ont aussi contribué à un rapport sur le RSA pour la Cour des comptes.
Nous entendons souvent, en effet, que le RSA coûte cher, mais on oublie de dire que pour ceux qui le touchent — presque 2 millions de ménages — c’est une aide nécessaire, mais insuffisante pour vivre dignement, insuffisante pour avoir l’énergie de chercher un emploi. “On est fliqués, catalogués, on se sent persécutés.” Avec force, ils expriment leur “ras-le-bol de dépendre des aides de l’État pour vivre et exister” et leur désir d’une société où la dignité de chacun est reconnue, où l’entraide et l’intelligence collective sont les moteurs du changement.
Paroles de chômeurs
Enfin, un collectif de vingt associations a publié un livre blanc Paroles de chômeurs, qui part d’une enquête faite en juin 2021 auprès de 270 personnes privées d’emploi. Au moment où l’activité économique et l’emploi reprennent, il est intéressant de ne pas oublier les 2,8 millions de chômeurs de longue durée. Des centaines de milliers d’emplois ne sont pas pourvus et certains employeurs s’arrachent les cheveux, mais il serait très réducteur de dire que certains chômeurs ne font pas d’effort ! Les réponses à l’enquête montrent que la réalité est plus complexe : faible niveau de qualification, problèmes de santé ou de mobilité, perte de confiance en soi… Les obstacles sont nombreux et le retour à l’emploi est long : il nécessite un accompagnement renforcé et personnalisé. Moins de contrôles et plus de confiance et de soutien, la reconnaissance des talents et compétences, voilà ce que propose le livre blanc. C’est ce qui se vit déjà dans de nombreuses entreprises de l’Économie sociale et solidaire ou dans les Territoires Zéro chômeurs de longue durée. Alors allons-y !
Pour l’emploi, comme pour tous les autres droits, les solutions sont souvent assez simples et réalistes, mais en même temps révolutionnaires, car il s’agit d’écouter et d’entendre ceux qui étaient “sans voix”, mais qui pourtant, savent de quoi ils parlent !