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Assurément, le ministère de l’Intérieur, qui est aussi celui des Cultes, en choisissant les dates de l’élection présidentielle, n’a pas remarqué la concomitance du premier tour avec le dimanche des Rameaux. On pourrait croire que c’est un hasard. Comme chrétien, décidons plutôt d’y voir un signe du Seigneur provident.
En effet, que célébrons-nous le jour des Rameaux ? En commençant la Semaine sainte, les croyants commémorent un événement passé : Jésus lui-même est entré à Jérusalem acclamé comme un roi, comme le Messie tant attendu de ses coreligionnaires. Mais cet événement lointain est révélateur d’une attitude toujours contemporaine : les hommes cherchent à être sauvés. Ce désir prend diverses formes, mais il est inscrit dans le cœur de l’homme qui ne se satisfait pas, ultimement, de devoir mourir.
Jésus, vrai libérateur
Au temps du Christ, ceux qui l’acclament à son entrée dans la ville sainte cherchent en fait un libérateur. Sous le joug des Romains depuis plusieurs décennies, ils espèrent que le Messie promis par les prophètes les délivrera de la soumission. Pourtant, le Fils de Dieu vient les délivrer d’une sujétion bien plus profonde, celle du péché et de la mort. C’est tout le sens de la Passion vécue tout au long de la Semaine sainte et achevée par la Résurrection à Pâques.
Pourtant, la liturgie fait preuve de pédagogie : en nous faisant revivre d’abord les acclamations puis, dans un deuxième temps, par la lecture de la Passion, en nous rappelant le sens des souffrances du Christ. Le dimanche des Rameaux est ainsi un jour de purification. Arrivés à l’église avec un vrai désir d’être sauvés mais d’une mauvaise manière ou au mauvais endroit, nous en ressortons avec la ferme conviction que la Passion qui arrive est la porte de la joie éternelle.
Les maux intérieurs
Tout cela pourrait sembler éloigné des élections, mais, en fait, le chrétien doit avoir face au vote un double sentiment. D’une part la conscience qu’il est bon d’exprimer un avis et de participer à la vie sociale en vue de défendre le bien commun. D’autre part la certitude que le candidat qui sera élu n’est pas celui qui nous délivrera de nos maux les plus intérieurs. Une tension résumée par Jésus lui-même quand il dit à ses apôtres qu’ils sont dans le monde sans être du monde.