Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
L’effrayant récit du massacre des Innocents débute pourtant par une scène inoubliable et méditée par tous les chrétiens, celle de la Nativité de l’Enfant Jésus. Alors que Marie, accompagnée de son époux Joseph, accueille la naissance divine de Jésus dans une grotte de Bethléem, ce fait ordinaire pour un roi comme Hérode lui est, cependant, rapporté par les mages venus de loin lui rendre hommage. Mais, au lieu de s’en réjouir, Hérode s’en inquiète, car il sait qu’une prophétie annonce la venue d’un roi qui pourrait menacer son propre royaume (Mt 2, 6) :
“Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël”.
Un enfant esseulé sans protection avec ses parents dans une grotte de Bethléem fait ainsi trembler le puissant Hérode. Aussi, ce dernier ourdit-il un plan terrible, et pour cela demande aux mages de lui faire connaître à leur retour le lieu où l’enfant vient de naître (Mt 2, 8) :
“Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui.”
Comment le croire ?…
Un massacre décrété
Heureusement, lorsque la naissance de Jésus survient quelque temps plus tard, les mages après avoir rendu hommage à la sainte Famille sont avertis par un songe de ne pas retourner chez Hérode et de prendre un autre chemin pour regagner leur pays. Hérode est furieux de ce subterfuge, il estime avoir été berné par des étrangers et, qui plus est, par un enfant inconnu de tous… Sa réponse n’en sera que plus terrible (Mt 2, 16) :
“Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages”.
La violence était quotidienne en ces temps reculés, mais il demeure difficile d’imaginer la rare barbarie qui s’ensuivit, tous les enfants de moins de deux ans nés à Bethléem et dans toute la région furent implacablement passés au fil de l’épée des soldats d’Hérode… La scène est tristement célèbre et a inspiré les plus grands peintres tels Giotto, Rubens, Nicolas Poussin, sans oublier le grand écran avec Pasolini et “L’Évangile selon saint Matthieu”.
Une réalité historique toujours interrogée
Comme à l’accoutumée, la réalité historique de ce massacre a été interrogée et même remise en cause par certains historiens. Cependant, des sources historiques autres que l’évangile de Mathieu viennent corroborer ces tristes faits. L’historien Paul Veyne évoque également le témoignage de Macrobe, auteur romain du Ve siècle, pour confirmer le caractère plausible de ce terrible massacre qui n’aurait rien d’étonnant au regard de la personnalité d’Hérode.
Enfin, soulignons que cette tragique scène n’est pas sans évoquer la prophétie de Jérémie dans l’Ancien Testament qui déjà relatait le cruel sort réservé à des enfants en des temps reculés (Jr 31, 15) :
“Ainsi parle le Seigneur : Un cri s’élève dans Rama, une plainte et des pleurs d’amertume. C’est Rachel qui pleure ses fils ; elle refuse d’être consolée, car ses fils ne sont plus”.
Le massacre des Innocents a rapidement pris dans l’histoire de l’Église une dimension sacrificielle de plus en plus importante au point de commémorer leur mémoire dans le calendrier liturgique chaque 28 décembre, une mémoire pour ces enfants de Bethléem – et celle de tous les enfants – sacrifiés et innocents.