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Lourdes, 1858. Les habitants qui se rendent aux champs en cette fraîche matinée de printemps s’étonnent de croiser sur leur chemin une femme bien avancée dans sa grossesse. Elle tient par la main deux jeunes enfants. Le soleil est à peine levé et les petits baillent de sommeil. Que fait-elle donc ici alors qu’elle devrait être chez elle à attendre les premières contractions ? Cette femme s’appelle Catherine Latapie. Elle demande son chemin car elle n’est pas d’ici. Elle habite à quelques kilomètres de là, à Loubajac et souhaite se rendre à la grotte de Massabielle, là où la Vierge à fait apparaître il y a quelques semaines une source qui guérit dit-on. En effet, l’une de ses mains semble infirme.
L’appel de la source
Il y a un an et demi, Catherine a chuté d’un chêne alors qu’elle faisait tomber des glands pour nourrir ses animaux. Si son bras n’a plus de séquelle, deux doigts de sa main sont restés paralysés, la rendant inapte à toute tâche alors qu’elle a 38 ans. Avec bientôt cinq enfants, elle souhaite retrouver sa dextérité d’autrefois. Il y a quelques jours, elle a entendu parler de la source de Massabielle.
Et dans la nuit, un étrange sentiment l’a réveillé, la poussant à se rendre à la grotte. Elle a donc réveillé ses deux plus jeunes enfants et fait sept kilomètres à pied pour venir. Enfin, elle arrive à Massabielle où il y a déjà beaucoup de monde. Heureusement, les gens la laissent passer compte tenu de sa grossesse.
Là, une jeune paysanne est à genoux, le regard sur un point fixe de la grotte. C’est la petite Bernadette que la sainte Vierge est venue voir. Catherine, comme les autres, retient son souffle face à cette étrange atmosphère. Elle n’est pas particulièrement dévote, même s’il lui arrive d’aller à la messe. Mais à ce moment-là, elle prie et implore la Vierge de la guérir.
Elle se dirige alors vers le fond de la grotte et trempe sa main dans une bassine. L’eau et la terre se mêlent, offrant une apparence ordinaire. Soudain, Catherine sent ses doigts pliés se détendre.
Un second miracle ?
Catherine bouge les doigts, confirmant qu’elle a bien retrouvé sa mobilité d’avant. Émue aux larmes, le premier geste de Catherine est de joindre les mains pour remercier la sainte Vierge. C’est alors qu’elle ressent de forte contraction. Aussitôt, elle fait une seconde demande à la sainte mère de Dieu : de rentrer chez elle et de donner naissance à son enfant en sécurité.
Et, pour la deuxième fois, sa prière est exaucée. Les contractions cessent et Catherine prend la main de ses enfants pour reprendre le chemin de Loubajac. Elle parcourt sans encombre les sept kilomètres qui les séparent de la demeure des Latapie. De retour chez elle juste à temps, elle accouche d’un petit garçon.
Ce jour extraordinaire était le 1er mars, jour de la douzième apparition. Catherine appellera son fils Jean-Baptiste, et il deviendra prêtre. La guérison de Catherine est officiellement reconnue comme le premier miracle de Lourdes en 1862 par l’évêque de Tarbes.