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Comment mettre son imagination au service de sa prière

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Pascal Deloche / Godong

Fr. Baptiste de l’Assomption o.c.d. - publié le 15/05/22 - mis à jour le 06/07/23

L’imagination n’est pas un obstacle pour prier, au contraire ! Le frère Baptiste de l’Assomption, rédacteur en chef de la revue “Carmel”, nous donne trois conseils pour faire de son imagination un canal de la grâce de Dieu.

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L’imagination des saints, loin de les éloigner de la réalité, les y ancre d’une manière plus radicale pour y répandre la charité. Il fallait à Jean Paul II une imagination particulièrement docile à l’Esprit pour “imaginer” avec Lui les JMJ et les faire devenir réalité. Il fallait à Mère Teresa une imagination toute purifiée par la grâce pour entendre le cri de soif de Jésus retentir dans le cœur des pauvres de Calcutta.

L’imagination, que l’on méprise parfois, est une zone de notre humanité qui, travaillée et purifiée par la prière, devient le canal par lequel la grâce de Dieu se déverse sur le monde. Elle est la première faculté que la lumière et les ténèbres se disputent dans notre âme. C’est par elle que Jésus nous attire à Lui — par le moyen de rencontres marquantes, de films chrétiens, de paroles qui nous touchent, d’une liturgie priante, etc. C’est par elle que le démon cherche à nous faire tomber — par des fantasmes délirants, des images qui nous souillent, etc.

L’imagination est aussi le dernier bastion qui résiste à l’œuvre de la grâce dans notre chemin de sanctification. Thérèse d’Avila, alors qu’elle est avancée sur le chemin de la sainteté continue à souffrir des “distractions” de son imagination durant les temps d’oraison. Mais vient un temps, au moins transitoire, où l’imagination s’apaise. Elle s’adapte à Dieu progressivement. Des rayons de sa gloire commencent à transparaître en elle. Comment s’y disposer ? En l’amadouant, en la mortifiant et en l’utilisant dans la foi. 

1Amadouer l’imagination par une bonne détente

La première tâche du chrétien, à l’égard de son imagination, consiste à en prendre soin. Elle est un jardin dans lequel diverses graines peuvent être plantées. Ou bien des plantes de mort, qui la feront périr. Ou bien des plantes de vie qui la conduiront jusqu’à Dieu. C’est par l’entremise d’une détente illusoire — vidéos stériles, publicité, animosité, etc. — que, bien souvent, des graines mortifères sont plantées dans notre imagination. Le premier combat spirituel, pour le soin de notre imagination, consiste donc à bien la nourrir, à bien se détendre. La merveilleuse image de la Création divine, par une balade en forêt par exemple, la lecture d’un excellent livre ou le visionnage d’un beau film, comme le Seigneur des anneaux, sont autant de victoires remportées sur les ténèbres pour le service de notre imagination et de notre sanctification. 

2Mortifier l’imagination par les Écritures

Mais l’imagination ne peut devenir sainte sans passer, elle aussi, par le goulot d’étranglement de la Croix. Il est pénible, pour notre imagination, d’être travaillée, modelée, malaxée par la puissance divine. Elle doit pourtant y consentir. Pour cela, le meilleur exercice consiste à lire avec persévérance les Saintes Écritures. L’imagination y trouve moins de nourritures facilement comestibles. Un travail obscur de digestion ne lui est pas épargné. On ne dit peut-être pas assez que la méditation quotidienne de la Parole de Dieu est un exercice difficile et parfois douloureux. Mais sans elle, Mère Teresa n’aurait jamais pu reconnaître la présence de Jésus dans les pauvres, la petite Thérèse n’aurait jamais pu comprendre sa vocation qui est d’être l’amour au cœur de l’Église. Les Écritures sont inspirées de telle sorte que celui qui les lit devra laisser son imagination être façonnée par l’Esprit pour lui donner d’imaginer le monde à la manière de Dieu. Aucun commentaire, aucun écrit spirituel ne peut remplacer ce travail. 

3Utiliser l’imagination comme icône de la vérité

Enfin, l’imagination nous fait parfois souffrir, durant les temps de prière, parce que nous ne la mobilisons pas assez. Il s’agit de l’utiliser, dans la foi, pour l’empêcher de divaguer. Cet exercice est d’autant plus important que l’imagination nous permet de nous représenter les réalités célestes afin de nous les rendre plus accessibles. Lorsque, pendant mon temps d’oraison, j’imagine que la Vierge Marie pose sur moi le même regard d’amour qu’elle posait sur sainte Bernadette, mon imagination me représente — bien qu’imparfaitement — la stricte réalité de la foi. Cette foi devient alors plus palpable, plus concrète. Elle m’aide à grandir dans la charité. Lorsque, par l’imagination, j’imagine la présence d’un ange gardien aux côtés de celui que je ne peux plus supporter, elle me présente une icône de la vérité, et m’incite à grandir dans la charité. 

Prenons donc soin de notre imagination par de saines détentes, mortifions-la par l’exercice de la lectio divina et servons-en nous durant les temps d’oraison. Elle s’adaptera alors progressivement au monde de Dieu. Elle bénéficiera, à sa manière, de ses lumières. Elle nous incitera alors à le louer, l’aimer et à aimer avec Lui nos frères. 

Pratique :

Le numéro 179 de la revue Carmel : “Imagination et vie intérieure”.
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Tags:
Charles de FoucauldPrière
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