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Le cardinal et ancien archevêque de Hong Kong, Joseph Zen, 90 ans, a été brièvement arrêté avec trois autres personnes puis relâché sous caution. Opposant de toujours au régime communiste, très dubitatif à l’égard de l’accord conclu entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine, le cardinal Zen est à la fois une figure de l’opposition au communisme et un adversaire déclaré du régime. Depuis que Pékin a fait main basse sur la ville, en janvier 2021, supprimant de facto l’exception hongkongaise en matière de liberté politique et intellectuelle, l’étau s’est resserré sur les chrétiens, protestants et catholiques, dont beaucoup ont été les grandes figures des mouvements de contestation des années passées.
S’en prendre au cardinal Zen est donc un message clair de Pékin à ses opposants : le régime n’hésitera pas à s’en prendre aux figures les plus médiatiques, quand bien même elle disposerait de soutiens internationaux, et même si elles sont âgées. La Chine est maître dans l’art de la guerre d’intoxication et sait gagner sans combattre. La mainmise sur Hong Kong avait été effectuée durant les événements du Capitole à Washington : le monde occidental regardait ailleurs et a laissé faire la Chine. En ce moment, c’est vers l’Ukraine que tout le monde regarde, Xi Jinping se croit donc à l’abri de sanctions et de réprobations. Qui oserait du reste établir des sanctions économiques contre la Chine comme cela se fait contre la Russie ? Cette situation d’impunité renforce la prévalence de Pékin et inquiète d’autant plus les opposants.
Une loi anti opposition
Le cardinal Zen est accusé de collusion avec des forces étrangères. L’accusation se fonde sur sa responsabilité dans la création du “Fonds du 12-juin”, créé pour aider les personnes blessées et arrêtées lors des manifestations pour la démocratie qui se sont déroulées entre le 12 juin 2019 et le 1er juillet 2020, jour où la Chine a adopté la loi de sécurité nationale. Si le fonds recueillait des dons, notamment de l’étranger, il a arrêté ses activités 1er juillet 2020 quand la loi sur la sécurité nationale est entrée en application. Il s’agit donc d’une application rétroactive d’une loi qui est de toute façon liberticide.
L’arrestation du cardinal Zen est vue comme un message de la nouvelle administration pour bien signifier que la tolérance de l’ancienne appartient bien au passé.
Cette arrestation s’inscrit dans le cadre du changement de gouvernement à Hong Kong. L’ancien gouverneur, Carrie Lam, catholique, bien que nommée par Pékin, avait appliqué avec une certaine désapprobation les lois de rétorsions. Elle avait eu à affronter les violentes manifestations de 2019 et 2020 qui avait sapé son autorité. Le collège électoral qui élit le gouverneur, et qui est composé de personnes acquises à Pékin, a donc choisi John Lee le 8 mai dernier pour lui succéder. Bien que celui-ci n’entrera en fonction que le 1er juillet, l’arrestation du cardinal Zen est vue comme un message de la nouvelle administration pour bien signifier que la tolérance de l’ancienne appartient bien au passé. Les catholiques de Hong Kong peuvent donc s’attendre à des jours difficiles, compte tenu aussi de ce que subissent déjà les chrétiens de la Chine de l’intérieur. Vexations, interdiction des cours de catéchisme et de l’accès aux églises pour les enfants, attaques contre les prêtres qui ne sont pas membres de l’Église officielle, la position des chrétiens de Chine est particulièrement délicate. Les accords avec le Saint-Siège n’ont rien donné et n’ont nullement permis de desserrer l’étau. Pour la diplomatie pontificale, tout reste encore à faire et pour les chrétiens de Hong Kong l’avenir n’est pas des plus radieux.