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“Il est temps de retourner en Afghanistan”, estime le père Scalese

AFGANISTAN

AP/Associated Press/East News

Agnès Pinard Legry - publié le 30/05/22

Dix mois après la prise de pouvoir par les talibans, l’Afghanistan est exsangue. Pour autant, il est essentiel d’y retourner, assure le père Giovanni Scalese dernier prêtre catholique à avoir quitté le pays lors de l’arrivée des talibans.

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Dix mois après la prise de Kaboul par les talibans, “le monde oublie l’Afghanistan”, lance sans détour le père Giovanni Scalese, missionnaire barnabite et dernier prêtre catholique du pays (il a été contraint de quitter le pays en août 2021 avec l’arrivée au pouvoir des talibans, ndlr), dans un entretien accordé à AsiaNews. Le missionnaire de 66 ans, référent de la minuscule Église afghane depuis 2014, appartient à la congrégation barnabite, qui s’est vu confier en 1933 la garde du seul lieu de culte catholique, situé à l’intérieur de l’ambassade d’Italie, à Kaboul. Miraculeusement épargnée, l’église est vide “puisque pratiquement tous les fidèles qui s’y rendaient, des étrangers qui étaient à Kaboul pour des raisons de travail ou de service, sont partis”, explique-t-il. Mais elle est prête à reprendre du service.

“Les jésuites, qui dirigent le service jésuite des réfugiés à Kaboul, envisagent de rouvrir leurs activités, naturellement de manière progressive et en respectant les mesures de sécurité nécessaires”, raconte-t-il. “Le seul moyen est de demander des visas en tant que travailleurs sociaux : le gouvernement taliban semble favorable à un retour de ceux et celles qui étaient engagées au service de la population, étant donné qu’aujourd’hui le peuple est dans une situation désespérée.” Mais la situation concernant les religieuses est plus compliquée. “Pour le régime actuel, la présence de femmes célibataires n’est pas tolérable. Je sais que l’un deux a répondu à une sœur : ‘Bien sûr que vous pouvez revenir, à condition de vous marier”, détaille le missionnaire.

Les gens luttent pour survivre et cherchent toutes les issues possibles.

Concrètement, alors que certains bureaux des Nations unies ont rouvert, le père Scalese est convaincu qu’une présence catholique sur le terrain “serait très importante pour influer sur une situation humanitaire tragique, aggravée par le gel des dépôts d’argent afghans dans des banques étrangères”. “Les gens luttent pour survivre et cherchent toutes les issues possibles”, rappelle-t-il.

Son visa étant diplomatique “il ne servirait à rien de me l’accorder tant que l’ambassade d’Italie restera fermée”, résume le père Scalese. “Mais la question doit être abordée, et j’en ai parlé ouvertement avec les représentants du Vatican“, assure-t-il. “Lors de la première réunion de la Conférence épiscopale des évêques d’Asie centrale, qui s’est tenue le mois dernier au Kazakhstan, le cardinal Tagle, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, nous a contactés, et j’en ai profité pour l’exhorter : ‘Votre Eminence, ne devrions-nous pas recommencer à parler de l’Afghanistan ?'”.

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