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Spiritualité
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Le sacrement qui nous rend semblable au Christ

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Domaine public

"La Cène" de Philippe de Champaigne.

Jean-François Thomas, sj - publié le 18/06/22

La Fête Dieu est l’occasion offerte par l’Église pour redonner vie à notre foi dans le sacrement de la communion eucharistique. Un sacrement qui guérit et qui protège, explique le père Jean-François Thomas, en nous incorporant au Christ. En avons-nous conscience ?

Aucune réalité dogmatique n’a été plus malmenée que celle de la Présence réelle. Bien des hérésies s’y sont attaquées au cours des siècles, et les moindres ne furent pas le manichéisme, le protestantisme et le jansénisme. Erreurs toujours au moins flottantes y compris dans l’esprit de certains catholiques, peut-être par manque de formation, par négligence, par un usage inapproprié de la raison. Aliment surnaturel qui permet aux premières générations chrétiennes de traverser les persécutions, le Corps du Christ demeure et demeurera le remède pour notre salut.

Chaque époque chrétienne possède ses faiblesses et ses travers et cela se répercute nécessairement sur la foi en ce sacrement et sur sa pratique. En un siècle tiraillé par le jansénisme et le gallicanisme, Fénelon, s’adressant à tout fidèle dans son manuel de piété, s’interroge sur le fait que peu de personnes, tout en communiant, retirent les avantages insignes liés à cette réception. Une seule communion bien préparée et bien reçue pourrait pourtant bouleverser notre vie. Les Messieurs de Port-Royal, soucieux de perfection plus que de sainteté véritable, avaient attaqué l’état de grâce suffisant pour recevoir le Corps de Notre Seigneur, et, tournant le dos au concile de Trente, regardaient ce sacrement comme une récompense pour un état plus parfait, plutôt que comme le moyen efficace de la guérison de l’âme.

Se nourrir pour se guérir

Lorsque le pape saint Pie X autorisa les enfants en âge de raison de faire leur première communion, il voulut rétablir une juste situation mise en péril par ces conceptions erronées. Le décret Quam singulari du 8 août 1910 va remettre à l’endroit ce que l’Église latine avait laissé s’étioler peu à peu par excès de prudence et aussi par oubli des mots pourtant clairs de Notre Seigneur à ses Apôtres : « Laissez venir à moi les petits enfants et ne les empêchez pas : c’est à leurs pareils qu’appartient le royaume de Dieu » (Mt 10, 13). La communion n’est pas seulement un remède mais également une préservation contre le péché. L’âme pénitente et pardonnée reçoit son Dieu, sachant qu’ainsi elle s’arme contre les attaques futures. Il est donc logique que tout être en état de faire la distinction entre le bien et le mal puisse bénéficier d’une telle protection.

L’Église a toujours cru que les effets de la communion sur l’âme étaient semblables à ceux des aliments pour la conservation du corps.

L’Église a toujours cru que les effets de la communion sur l’âme étaient semblables à ceux des aliments pour la conservation du corps. La différence est que la nourriture matérielle, assimilée et transformée, se perd en nous, alors que le Pain sacré nous incorpore à Notre Seigneur : ce n’est plus l’aliment qui disparaît, mais nous qui nous perdons dans le Christ qui se substitue peu à peu à ce que nous sommes. Les paroles de l’Apôtre à ce sujet sont claires : « Si je vis, ce n’est plus moi, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Par la sainte communion, nous sommes greffés au cep, nous qui ne sommes que de fragiles sarments : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jn 6, 56). 

Être semblable au Christ

Si les jansénistes avaient développé une conception de la perfection les empêchant de se nourrir pour être guéris, il est probable que notre époque tombe dans un excès inverse : celui de recevoir la sainte communion sans préparation de l’âme, sans confession, sans purification, par habitude, sans se remettre à chaque fois devant la grandeur de ce mystère qui nous intègre au sacrifice de la Croix renouvelé, de façon non sanglante, par le sacrifice de la messe. Notre désinvolture à cet égard frise parfois le sacrilège. Pourtant, sacrifice et communion nous rendent semblables au Christ, si nous sommes dans les dispositions nécessaires et non point indifférents, rongés par le doute ou par le péché entretenu. Pie XII, dans Mystici Corporis Christi en 1943, écrit : « Dans le Sacrifice eucharistique, les ministres sacrés ne tiennent pas seulement la place de notre Sauveur, mais de tout le Corps mystique et de chacun des fidèles ; là encore, les fidèles eux-mêmes, unis au prêtre par des vœux et des prières unanimes, offrent au Père éternel l’Agneau immaculé rendu présent sur l’autel uniquement par la voix du prêtre, comme une victime très agréable de louange et de propitiation, pour les nécessités de toute l’Église. » 

Une nourriture surnaturelle efficace  

Dans Mediator Dei, quelques années plus tard en 1947, le même pape insistera sur le fait que les fidèles ne sont pas « des spectateurs muets et étrangers », mais cette participation n’est pas pesable à la quantité des gestes, des paroles et des chants. Elle doit être offrande : « Les chrétiens doivent s’immoler eux-mêmes en victimes. » Chaque âme doit devenir « une hostie spirituelle avec l’Hostie immaculée ». Il n’est pas certain que nous nous associions ainsi, de façon aussi intime, au Sacrifice eucharistique. Cependant, les multiples grains broyés du pain et les nombreux grains de raisin pressés signifient bien cette communion avec le sacrifice du Christ, tout comme la goutte d’eau mélangée au vin du calice. Notre esprit est à la fois sacrifié et sacrificateur dans ce sacrement qui dépasse toute raison humaine. Pie XII, en des temps où les hommes pansaient difficilement leurs plaies, souligna l’efficacité de cette nourriture surnaturelle : « Appelez enfin et forcez à entrer tous les hommes de toutes les classes, car c’est le pain de vie dont tous ont besoin. L’Église de Jésus-Christ n’a que ce seul pain pour satisfaire les aspirations et les désirs de nos âmes, pour les unir très étroitement au Christ Jésus, pour en faire finalement “un seul corps” et les unir entre eux, comme des frères qui s’assoient à la même table pour prendre le remède de l’immortalité en partageant un même pain » (Mediator Dei). 

Briser le piège de l’habitude

La Fête Dieu est l’occasion offerte par l’Église pour redonner vie à notre foi en ce sacrement. Saint Augustin l’exprimait déjà ainsi : « Ô sacrement d’amour, ô symbole d’unité, ô lien de charité ! Celui qui veut vivre a donc de quoi vivre et possède la méthode pour en vivre. Qu’il s’approche, qu’il croie, qu’il soit incorporé pour être vivifié » (Commentaire de l’Évangile selon saint Jean, 26, 13). Il faut briser le piège de l’habitude, de l’horizontalité et de la désacralisation lorsque nous nous trouvons en présence de ce mystère. À chacun d’examiner sa conscience, sa pratique, sa manière de faire, pour savoir ce qui doit être corrigé ou amélioré, à la lumière de toute la Tradition de l’Église. Notre relation avec Notre Seigneur trouve son point culminant dans la sainte communion à son Corps et à son Sang. Ne pas lui accorder toute notre attention, tous nos efforts spirituels, tout notre respect reviendrait à trahir à notre tour le Sauveur qui se sacrifie ainsi pour notre salut. Nous ne parlons pas ici d’un repas sympathique entre amis mais de la pierre qui scelle notre entrée dans la vie éternelle. Adorons.

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eucharistieJésussacrements
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