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Frères et sœurs, quelle joie de célébrer les ordinations de cette année sous le signe de saint Charles de Foucauld, canonisé il y a un mois, “notre” saint Charles de Foucauld, puisque nous gardons précieusement la mémoire de la retraite décisive qu’il fit à Clamart en 1889, y recevant dans la paix l’appel à consacrer toute sa vie au service du Royaume qui vient ! Si Charles de Foucauld a pu être “saisi par l’amour du Christ”, comme le dit saint Paul aux Corinthiens, c’est en particulier grâce à un prêtre, l’abbé Henri Huvelin, homme de grande culture et de grande humilité.
La dernière place
Auprès de Charles de Foucauld, à l’enfance blessée, à la recherche de Dieu sinueuse, aussi sinueuse que celle de beaucoup de nos contemporains, l’abbé Huvelin a exercé “le ministère de la réconciliation”. En lui proposant à brûle-pourpoint, avec douceur et autorité, de se confesser, “il a déposé en [lui] la parole de réconciliation”. L’abbé Huvelin a été non seulement le confesseur de Saint-Augustin mais aussi le prédicateur dont la parole a permis que Charles de Foucauld soit “sanctifié dans la vérité”. “Jésus a tellement pris la dernière place que jamais personne n’a pu la lui ravir” : cette formule d’une homélie de l’abbé Huvelin, cette parole de rupture salutaire avec la mondanité — “ils n’appartiennent pas au monde” — a orienté toute la vie de Charles de Foucauld, devenant une “créature nouvelle” dans le Christ. Béni soit Dieu pour ce ministère évangélisateur, libérateur, de l’abbé Huvelin, de tous les prêtres, par le service de la Parole et des sacrements !
Frère universel
Saisi par le Christ, réconcilié avec Dieu, le saint prêtre Charles de Foucauld, est devenu par excellence l’homme de la fraternité universelle. Configuré au Christ prêtre, il est entré intensément dans l’adoration filiale du Père. C’est en méditant la prière sacerdotale de Jésus : “Père, j’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner”, que le père de Foucauld a reçu et rédigé sa propre prière d’abandon, qui nous est si chère et si précieuse : “Mon Père, mon Père, je m’abandonne à toi.” C’est cet élan vers le Père, par le Christ, avec lui et en lui, qui s’incarne dans la prière eucharistique, qui sera désormais le cœur de votre vie : “Toi, Père très aimant, nous te prions et nous te supplions.”
Il n’y a pas de véritable fraternité sans relation filiale au Père.
Il n’y a pas de véritable fraternité sans relation filiale au Père. Il n’y a pas de grâce sacerdotale en dehors de la fraternité baptismale, mais la fraternité baptismale n’existerait pas sans le ministère sacerdotal qui y introduit sacramentellement. La fraternité selon Charles de Foucauld n’est pas un horizontalisme aussi démagogique qu’illusoire : elle est le fruit de l’enracinement et de l’abandon à la manière du Christ.
Homme de l’eucharistie
Voilà pourquoi, saint Charles de Foucauld, homme de la fraternité, a été l’homme de l’eucharistie, où se construit le corps du Christ qu’est l’Église. Peu de personnes ont aussi longuement commenté les Écritures, dans le secret de son ermitage, que le père de Foucauld, mais peu également ont aimé autant que lui célébrer et adorer l’eucharistie. Au-delà des oppositions factices, la vie sacerdotale, comme la vie chrétienne en général, prend sa source dans deux amours qui n’en font qu’un : la Parole et les sacrements, la vérité méditée et accueillie comme une grâce de transformation, d’entrée dans le “monde nouveau”. C’est le Mauvais, dont il faut nous garder, qui oppose ce qui ne peut pas être séparé. Dans l’eucharistie, le père de Foucauld a vécu comme une expérience la promesse faite à Jérémie : “Je suis avec toi pour te délivrer”, anticipatrice de l’ultime parole de Jésus : “Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps.” Grâce à l’eucharistie, pour peu que nous en vivions vraiment et profondément, rien ne pourra jamais nous enfermer dans la peur, le découragement ou la tristesse. Saint Charles de Foucauld, grâce au ministère de l’abbé Huvelin, homme de la fraternité par l’eucharistie.
La flamme de notre foi, de notre espérance, et de notre charité ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.
Frères et sœurs, nous célébrons cette ordination, sur les flancs du Mont-Valérien, un 18 juin, anniversaire de cet appel qui il y a 82 ans arracha notre pays à la fatalité et à la servitude. Le général de Gaulle invitait ses compatriotes à s’unir “dans l’action, dans le sacrifice et dans l’espérance”. Il ne s’agit pas ici de canoniser le général de Gaulle ! Mais la concomitance des lieux et de dates, nous encourage, en des temps difficiles, à proclamer que la flamme de notre foi, de notre espérance, et de notre charité ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas, que la flamme de notre sacerdoce, de votre sacerdoce, ne doit jamais s’éteindre et ne s’éteindra pas.