Le premier jour de la Rencontre mondiale des familles, qui se déroule à Rome du 22 au 26 juin, a été marqué par les témoignages de cinq couples, qui ont révélé cinq occasions de grandir dans la foi. Cette deuxième journée, le 23 juin 2022, a été consacrée aux témoignages d’hommes et de femmes blessés par une séparation ou un divorce. “Les difficultés sont nombreuses dans les couples” mais “le Christ ne brise jamais son alliance”, a souligné le père Erick Kagy, prêtre ayant lui-même vécu l’expérience du mariage, de la séparation et du veuvage avant de s’engager dans le sacerdoce.
1Danielle, le choix de la fidélité au sacrement de mariage
Danielle Bourgeois, venue de Montréal, au Québec, a été marquée par l’humiliation d’un divorce subi quand elle n’avait que 30 ans. Elle a fondé une famille spirituelle, “Solitude Myriam”, proposant une vie communautaire à des personnes séparées ou divorcées ayant choisi de demeurer dans la fidélité à leur premier engagement en devenant des célibataires consacrés.
La Canadienne a évoqué la détresse de nombreuses jeunes femmes abandonnées par leurs maris, et qui l’ont contactée après qu’elle soit intervenue dans des paroisses pour témoigner de son parcours spirituel après son divorce. Elle a alors pris un soir l’initiative de réunir chez elle douze de ces femmes “qui pleuraient au téléphone, brisées par le rejet de leur époux” et culpabilisées par la détresse de leurs enfants “qui mendiaient le retour de leur papa”.
Au fil des années, les temps de prière et l’écoute de la Parole de Dieu ont permis à certaines femmes de cheminer vers le sacrement du pardon. “Jésus guérit les cœurs blessés”, a souligné Danielle Bourgeois, en remarquant que ces femmes ont pu passer “de la tristesse à la joie”, en pardonnant même, dans certains cas, à la nouvelle compagne de l’époux.
Grâce au soutien de cette communauté, certains couples en difficulté peuvent aussi “échapper au divorce” et “revenir à leur premier amour”, s’est-elle émue, en expliquant que ces réconciliations sont une grande joie pour les personnes divorcées qui ne veulent pas que d’autres couples vivent les mêmes traumatismes.
2Erick, marié, séparé, veuf puis prêtre
Le père Erick Kagy, prêtre accompagnateur de la Famille “Solitude Myriam”, a un profil pour le moins atypique. Marié puis séparé, son épouse est ensuite décédée. Devenu veuf et donc célibataire selon le droit de l’Église, il a voulu “donner sa vie plus radicalement”. Après un temps de discernement et de formation, il est devenu prêtre diocésain.
Le Père Kagy, qui est aussi père et grand-père, a souligné que “ce sont les enfants qui sont les plus malheureux, les plus blessés” dans les situations de divorce. Il a mis en avant “l’insécurité” que provoque “un monde enténébré”, en relevant le manque de compréhension du sens du sacrement et de l’indissolubilité du mariage parmi les jeunes qui veulent se marier.
3Stephen et Sandra, de l’infidélité au pardon
Stephen et Sandra Conway, venus d’Afrique du Sud, ont présenté le mouvement “Retrouvaille”, qui organise des sessions pour des couples en difficulté. Eux-mêmes ont traversé une période de crise, lorsque Stephen s’est progressivement investi dans son club sportif plus que dans son foyer, dans lequel il souffrait du manque d’intimité lié à la présence de ses beaux-parents. Il a fini par avoir une liaison avec une femme avec qui il faisait de la course à pied.
Son épouse s’est sentie profondément humiliée et en colère lorsqu’elle a découvert cette relation, mais un parcours de lecture de la Parole de Dieu leur a permis de trouver le chemin de la reconstruction et du pardon, à l’image de Jésus qui a “sauvé la femme adultère de la lapidation”.
Le processus de guérison ne se fait pas du jour au lendemain, mais l’honnêteté et le dialogue entre époux permettent d’avancer.
“Le pardon ne change pas le passé mais change l’avenir”, a précisé Stephen, qui a reconnu que “le processus de guérison ne se fait pas du jour au lendemain”, mais que l’honnêteté et le dialogue entre époux permettent d’avancer. Il ne s’agit pas de revenir dans la phase romantique et naïve des débuts d’une relation, mais dans “la phase de la joie”, en s’identifiant comme couple et non plus comme deux individus aux intérêts divergents.
Cette série de témoignages sur les blessures familiales était animée par un couple de Milanais, Cristina Riccardi et Paolo Pellini, mariés depuis 1992 et parents de trois enfants. Ils ont insisté sur l’importance d’un accompagnement régulier et patient des couples, avant et après le mariage, pour “éviter les déchirures, voire les ruptures définitives”.