Vendredi 24 juin
2. Une lecture alternative de la polarité entre François et Benoît XVI
3. La chasteté avant le mariage, objet de l’opprobre médiatique en Italie
4. La théologie morale est en crise, selon un théologien américain
5. Les chrétiens afghans cherchent un nouvel espoir au Pakistan
1Chemin synodal allemand : la mise en garde du cardinal Schönborn
Interrogé dans les colonnes de la prestigieuse revue Communio – dans son édition germanophone – le cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, définit la synodalité comme “un chemin spirituel et orienté vers l’action en même temps” qui consiste à chercher les “voies” du Seigneur. Abordant la question du synode allemand, qui base son action sur une réponse à la crise des abus, le cardinal Schönborn voit un risque d’”instrumentalisation de l’abus”. “Les comportements abusifs sont utilisés pour traiter et décider provisoirement des demandes de réforme de l’Église”, estime-t-il, considérant qu’il est “très douteux que cela rende vraiment justice aux personnes concernées par la maltraitance”.
Selon lui, plus que des solutions hiérarchiques ou ecclésiologiques, le “remède au cléricalisme” qui entraîne les abus est avant tout “la suite de Jésus”, regrettant qu’on “parle trop peu de conversion et de discipulat dans les débats sur le chemin synodal”. Et il se demande à rebours d’où les instances compétentes que certains réformistes allemands prétendent établir à la place des évêques ou des prêtres tireraient leur “légitimité”. Il rappelle enfin que la synodalité est une réalité diachronique, c’est-à-dire qu’elle s’inscrit dans l’histoire de la foi. “L’affirmation, maintes fois formulée et alimentée par les médias, que si l’Église ne se modernise pas maintenant, ne s’ouvre pas maintenant, alors elle périra, crée une atmosphère de grand malaise”, parce que, selon lui, la raison d’être de l’Église à moins à voir avec la modernité de ses structures qu’avec l’appel du Christ à marcher avec lui.
Communio, allemand.
2Une lecture alternative de la polarité entre François et Benoît XVI
Dans un article d’opinion, le journaliste de Crux John Allen souligne “l’anomalie historique de deux papes vivants, l’un au pouvoir et l’autre émérite, tous deux résidant au Vatican mais pas dans le Palais Apostolique, qui, en chair et en os, semblent incarner deux agendas alternatifs pour l’avenir catholique”. Selon lui, ces visions concurrentes se retrouvent souvent dans l’arène politique et ecclésiale, se superposant parfois aux dichotomies politiques de la gauche et de la droite. Allen cite des universitaires, des experts et des observateurs qui considèrent que la polarité de François et de Benoît XVI exacerbe ces divisions. Cependant, Allen propose une lecture alternative en disant que le catholicisme est censé être différent de la politique laïque, “qui est un jeu à somme nulle, dans lequel il y a toujours un gagnant et un perdant”. “La coexistence entre François et Benoît à quelques mètres l’un de l’autre à l’intérieur du Vatican, aussi malaisée qu’elle puisse être parfois, est peut-être la plus grande confirmation de cette différence que l’histoire ait jamais évoquée”, soutient Allen. En 2007, le pape Benoît XVI a déclaré à un prêtre qui lui demandait s’il était possible de concilier le football et les études de droit canonique qu'”une approche pastorale bonne et vraiment catholique signifie vivre dans le “à la fois/et” ; vivre sa propre humanité et l’humanisme de l’homme … et, en même temps, ne pas oublier Dieu”. “Peut-être que le même esprit “à la fois/et” pourrait fonctionner tout aussi bien sur d’autres fronts”, conclut le journaliste de Crux.
Crux, anglais
3La chasteté avant le mariage, objet de l’opprobre médiatique en Italie
Domradio, le site internet du diocèse de Cologne, s’étonne que la récente publication de directives sur l’accompagnement au mariage par le Vatican ait provoqué un véritable tollé en Italie. La raison du mécontentement de quelques influenceurs et médias italiens qui évoquent une “sexophobie inquiétante” : la promotion de la chasteté. Le document de 97 pages se retrouve réduit par ses détracteurs aux quelques passages évoquant la question de l’abstinence précédant le mariage. Cependant, après lecture, rien de nouveau n’est en fait énoncé dans le document : la chasteté est présentée comme une “précieuse vertu” dans le mariage mais aussi avant car elle prépare “au don authentique de soi vécu tout au long de la vie conjugale”. Au même moment, la Rencontre mondiale des familles bat son plein à Rome et la question de la chasteté n’apparaît pas centrale pour le pape François ou les organisateurs, mais semble éclipsée par celle de l’accompagnement par l’Église des couples qui connaissent une rupture ou divorcent et se remarient civilement. Un thème important, qui mériterait de ne pas rester “coincé” sur la seule question de la chasteté.
Domradio, allemand.
4La théologie morale est en crise selon George Weigel
Selon un article d’opinion publié par l’auteur américain George Weigel sur le site conservateur First Things, on assiste depuis Vatican II à une “déconstruction de la théologie morale catholique”. Selon lui, le Concile Vatican II a, à juste titre, “appelé à un renouvellement de la théologie morale catholique”, mais au lieu de cela, de nombreux théologiens moraux ont affirmé qu’il n’existait pas d'”acte intrinsèquement mauvais”. Il affirme que ce point de vue a été présenté comme quelque chose de frais et de nouveau, mais qu’en fait, il était “rassis, intellectuellement stérile, pastoralement stérile et socialement irresponsable”. Il applaudit les encycliques de Jean-Paul II de 1993 et 1995, Veritatis Splendor (La splendeur de la vérité) et Evangelium Vitae (L’Évangile de la vie), qui, selon lui, voulaient en fait confirmer “la conviction bien ancrée dans le catholicisme” qu’il existe des actes intrinsèquement mauvais. Selon Weigel, “aucun pape dans l’histoire moderne de l’Église n’a fait de plus grands efforts pour expliquer les vérités de la foi catholique aux modernes et post-modernes sceptiques et souvent cyniques que saint Jean-Paul II”. Il condamne ceux qui rabaissent “l’héroïsme intellectuel et moral de Jean-Paul II”.
First Things, anglais
5Les chrétiens afghans cherchent un nouvel espoir au Pakistan
“Vous avez été localisée. Nous savons que vous êtes un kafir [infidèle] chiite et un journaliste qui dénonce nos agissements”. C’est l’appel anonyme reçu par Arifa Rahimi trois jours avant que les talibans ne prennent le contrôle de Kaboul. UCA News consacre un article au sort des chrétiens afghans convertis de l’islam et qui ont fui au Pakistan en septembre 2021, aidés par des organisations humanitaires chrétiennes. Mais nombre d’entre eux se retrouvent dans des conditions misérables, sans revenus. Quelque 450 familles afghanes, qui vivent dans un parc d’Islamabad, organisent depuis des mois des manifestations pour réclamer un statut juridique, et nombre d’entre elles cherchent à passer dans les pays européens. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a estimé à 1,3 million le chiffre de réfugiés afghans enregistrés au Pakistan. En Afghanistan, les chrétiens – contraints de pratiquer leur culte en secret – sont évalués à quelque 10 000 à 12 000. Une présence niée par les talibans.
UCA News, anglais.