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“À moins de raison grave, le curé peut chaque année s’absenter pour des vacances durant au maximum un mois, continu ou non, les jours d’absence pour la retraite spirituelle n’étant pas comptés dans le temps des vacances ; cependant, pour une absence de plus d’une semaine, le curé est tenu d’en avertir l’Ordinaire [l’évêque ou le vicaire général, ndlr] du lieu”, (art. 533). À la lecture de cet article du Code de droit canonique, on prend peur : les vacances des prêtres sont-elles si réglementées ?
Certes, les choses sont clairement spécifiées dans le droit. Elles s’étendent d’ailleurs, à peu de choses près, aux évêques et aux vicaires paroissiaux. Dans la vie concrète, le repos des prêtres n’est pas si protocolaire, un curé admet prendre quarante-cinq jours par an : on ne lui en voudra pas ! Souvent bien occupés par leur ministère, ils prennent rarement plus de vacances que de raison, et davantage par petits morceaux que d’un coup. Sans compter que l’été, de nombreuses paroisses sont fatalement moins actives, faute de fidèles. Même s’il est présent dans son presbytère, le curé a plus de temps pour lire, se reposer et… préparer l’année à venir. Entre la messe du dimanche, les offices quotidiens et les enterrements, le rythme est plus lent.
Mais qui remplace le prêtre en son absence ?
Une question se pose tout de même, surtout dans les nombreuses paroisses de France où le prêtre est seul : comment ne pas abandonner les fidèles et garantir un accès aux sacrements, à commencer par la messe dominicale. Quand le curé n’a pas de solution, il est parfois obligé de ne partir qu’entre deux dimanches, en sauts de puce. Sinon, toutes les options existent. A plusieurs confrères, ne pas partir au même moment pour assurer un tuilage. Échanger son presbytère avec un autre est une autre solution, qui permet d’aller se reposer dans un lieu plus propice.
Certaines paroisses font aussi appel à des prêtres étrangers, venus souvent d’Afrique, pour assurer une présence. Ils peuvent même revenir d’une année sur l’autre et créer ainsi de belles relations. Cette solution est prisée à Saint-Denys du Saint-Sacrement (Paris IIIe), où le père Alfred, togolais, est maintenant un habitué de la maison, qu’il retrouve avec joie, tout comme les fidèles. Ce lien est d’ailleurs entretenu dans l’année par des projets pastoraux au Togo, soutenus financièrement par les paroissiens parisiens. Le curé peut ainsi partir prêcher des retraites et le vicaire visiter les camps scouts.
Une autre aide peut venir des prêtres en vacances, qui continuent bien évidemment de dire la messe. Visitant ses parents dans l’Allier régulièrement, le père Stéphane Duteurtre, curé à Paris, n’hésite pas à dire la messe dans l’église du village pour soulager le prêtre bourbonnais. À défaut de le remplacer, un autre s’invite le dimanche dans sa paroisse de villégiature pour concélébrer : pas question de la dire seul ! En semaine, en revanche, il est courant que les prêtres célèbrent seuls ou avec ceux qui les entourent. Une occasion de vivre des “moments en famille très forts autour de l’autel” selon Mgr Christory, évêque de Chartres.
À quoi ressemblent les vacances d’un prêtre ?
Plus largement, les vacances sont pour lui un moyen de “retrouver des personnes qui sont profondes et spirituelles”, et, à l’écart du rythme effréné du quotidien, d’échanges “pour comprendre les questions du monde, notamment comment les laïcs les vivent ou les subissent, et enrichir les prises de parole de faits concrets”. Une ouverture qui passe aussi par la lecture, les visites, la marche, des activités souvent citées dans les occupations privilégiées pour l’été. Où l’on voit que le prêtre reste un homme assez ordinaire.
Amis, famille, confrères, chacun a sa méthode pour se vider la tête. Si les premiers peuvent être une bonne aide au ressourcement, la famille permet davantage d’autonomie et un certain confort. Quant aux confrères, ils peuvent être d’un grand service, partageant les mêmes questions et le même rythme de vie. Pour ces raisons, partir en vacances avec d’autres prêtres peut aussi ne pas être très divertissant, au bon sens du terme.
Pour être seul et se ressourcer vraiment, pas d’autre méthode que la retraite annuelle. Le droit canonique le dit, et les prêtres aussi, unanimement : ce ne sont pas des vacances ! Plutôt un “exercice spirituel”, un temps pour “se recentrer sur le Christ quand parfois on s’éparpille un peu dans la mission sans s’en apercevoir”. Abbaye, maison jésuite, marché itinérante, il y en a pour tous les goûts. Les offices et la vie monastique sont plébiscités pour la simplicité et la beauté. “Des repas simples et bons, dans le silence du réfectoire des moines sont un vrai bienfait”, explique Mgr Christory. Sans oublier un bon livre de spiritualité. Cela dit, toutes les vacances sont à prendre “en présence de Dieu” rappelle l’évêque de Chartres. Et pas seulement pour les prêtres…