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Italie, 510. Voilà plusieurs heures que Benoît marche, le regard vide et la pensée amère. Quelques mètres plus loin, entre quelques pentes rocheuses et périlleuses, le moine retrouve la grotte dans laquelle il a vécu en ermite durant trois ans. S’il est soulagé de retrouver sa cellule improvisée, là où il se sent le plus proche de Dieu, son cœur est encore lourd de tristesse.
Après avoir maintes fois refusé de prendre la place d’un Père défunt de la communauté de Vicovaro, Benoît avait cédé. Mais à peine arrivé, il s’était bien vite rendu compte qu’on l’avait choisi pour sa réputation de saint homme et que les moines menaient une vie trop confortable, jouissant des aumônes et oubliant l’ascèse. Et en essayant de redresser les mœurs corrompues, ses frères avaient tenté de l’empoisonner. Blessé, Benoît avait quitté Vicovaro.
– Seigneur, comment se fait-il que tes serviteurs se laissent aller ainsi ? se lamente-t-il, seul dans sa grotte.
En choisissant Dieu, les moines ne doivent-ils pas observer la pauvreté, l’obéissance et l’humilité ? Comment ses frères en sont-ils arrivés à empoisonner leur prochain pour préserver un confort matériel qui n’a aucune valeur pour la vie de l’âme ? Comment peut-on si vite oublier le sacrifice de Dieu pour les hommes ? Benoît pleure à chaudes larmes et offre une prière pour les moines débauchés.
Le travail manuel, chemin vers l’humilité
Quelque temps plus tard, alors que Benoît a repris sa vie d’ermite, il trouve devant sa grotte un jeune moine essoufflé. Benoît lui demande ce qu’il fait ici.
– Maître, fais de moi ton disciple et apprends-moi la vie de prière ! supplie-t-il.
Benoît le bénit mais le renvoie. Le jour suivant, trois autres moines viennent le trouver. Celui d’après, ils sont vingt. La semaine suivante, c’est un groupe de cent qui se trouve à la grotte. Le nombre de demandes ne cesse d’augmenter. Benoît accepte finalement, voyant dans leur supplication la volonté de Dieu. Il s’installe près du lac de Subiaco avec ses disciples.
Les moines sont divisés en douze groupes de treize. Pour Benoît, le mot d’ordre est “l’équilibre”. Si l’ascèse est une partie importante de la vie monastique, il ne faut pas oublier le travail manuel. Il n’y a pas de meilleur moyen pour retrouver l’humilité. Surtout à cette époque où le travail manuel est souvent laissé aux esclaves. Si il y a une chose que Benoît réprouve à tout prix, ce sont les excès de pénitences et les mortifications excessives.
– Ce n’est pas de mon rang ! proteste l’un des moines venant de l’aristocratie. Je ne puis m’abaisser à cela.
– Ton orgueil a-t-il donc plus d’importance que Dieu ? réprimande Benoît. Dans ce cas, vas t’en !
Les autres moines suivent Benoît avec entrain. La petite communauté rayonne et enchante les habitants des alentours, qui délaissent les églises locales pour assister aux messes des moines. La jalousie fait que les prêtres de la région tentent de calomnier les moines. Benoît échappe même une seconde fois à un empoisonnement. Au bout d’une vingtaine d’années, les attaques malveillantes sont telles que les moines décident de quitter Subiaco vers 529.
Le chef d’œuvre de la Règle bénédictine
Benoît mène ses disciples vers le mont Cassin, où se trouve les restes d’un temple païen dédié à Apollon. Le moines s’empresse de briser les idoles et d’entamer les travaux du nouveau monastère. Vers 534, Benoît commence à rédiger la Règle.
Une simple phrase guide cette dernière : “Ora et labora”. L’équilibre que recherche Benoît est une harmonie parfaite entre la prière et le labeur. La Règle permet aussi au monastère d’être autosuffisant, puisque les moines travaillent la terre. Benoît met en garde les moines contre les mortifications excessives.
– Les serviteurs de Dieu se doivent de jeûner souvent et ne jamais abuser des bonnes choses, mais pas de négliger le nécessaire.
Les moines doivent renoncer à la vie mondaine et observer l’obéissance, l’humilité, la piété, le silence et la pauvreté. Les temps de prière sont raccourcis car, selon Benoît, longueur n’est pas synonyme de qualité. Une pensée révolutionnaire pour l’époque ! Il insiste que la ferveur et la bonté l’intention ont bien plus d’importance. Grâce à cette nouvelle pensée, il règne une infinie douceur dans le monastère du mont Cassin.
Benoît s’éteint en 547 au mont Cassin. En voulant trouver un modèle de vie à la fois humble, rigoureuse et simple, saint Benoît en est venu à écrire la Règle qui encore aujourd’hui sert de modèle à de nombreux consacrés.