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“Avant l’arrivée de notre fils, nous avions une vie de couple épanouie. Mais l’accouchement m’a chamboulée physiquement et émotionnellement. Je n’arrive plus à me regarder dans le miroir. Je n’aime pas mon corps. Mon mari me trouve toujours aussi belle et désirable qu’avant mais moi pas”, confie Aline, 32 ans. Même son de cloche chez Christine, mère d’une petite fille de trois mois : “Après un accouchement difficile, je ne me sentais pas prête pour des relations sexuelles. Et quand on a repris, une fois ou deux, c’était douloureux. Mon époux ressentait ma peur d’avoir mal, du coup à la fin, personne n’y prenait plaisir…” Nombre de femmes pourraient partager ces témoignages. Avec la naissance, l’intimité du couple est bien souvent sens dessus dessous, et il faut un certain temps pour se retrouver.
La reprise de la sexualité après l’accouchement dépend de chaque femme, de chaque homme, de chaque couple. Pour certains, le retour à une intimité sexuelle va se faire rapidement. C’est le cas de Marianne. “Même si entre les soins du bébé et le travail de mon mari, nous manquions d’opportunités de nous retrouver, notre couple n’a pas souffert de ce côté-là”, confie cette jeune maman parisienne. Pour d’autres, en revanche, la reprise sera plus longue, voire douloureuse : baisse de libido, appréhension de renouer avec les rapports sexuels (s’il y déchirures, épisiotomie ou éraillures), rejet de son corps marqué par la grossesse, fatigue, attention focalisée sur le bébé…
Quand la libido en prend un coup
“Je suis un peu une mère-hélicoptère, une mère poule. Après l’accouchement, je n’avais d’yeux que pour Inès. Inconsciemment, j’avais mis de côté Alexandre”, se souvient Marie. Comme elle, des milliers de femmes ont du mal à retrouver un élan érotique après l’accouchement car toute leur attention est retenue par la maternité. L’enfant les préoccupe tellement qu’elles ont du mal à refaire de la place à l’homme qui les a rendues mère, à le (re)connaître comme amant. Seule la tendresse maternelle rayonne, elle envahit tout.
“Le chamboulement hormonal qui accompagne cette période n’est pas non plus anodin dans cette histoire de libido. Si la femme allaite, la prolactine sécrétée au moment de l’allaitement endort le désir sexuel”, explique Hélène Dumont, conseillère conjugale et familiale et sexothérapeute. L’allaitement, c’est aussi un sujet pour de nombreuses femmes. “Je ne fais l’amour qu’en tee-shirt, glisse Aline. Et à cause de l’allaitement, je ne me vois plus comme une femme sensuelle mais plutôt comme une “mère nourricière”. Alors je préfère que Paul ne me touche pas trop pendant nos câlins”.
Du côté de l’homme aussi, la libido peut en prendre un coup. “Il y a ceux qui n’arrivent pas redevenir amant de leur épouse car ils la voient désormais comme celle qui est devenue mère de leur enfant. D’autres ont vu l’accouchement de leur femme en détails et depuis ne peuvent plus faire partir ces images de leur esprit, comme si le sexe de la femme donnant la vie devenait terrifiant. Et puis, certains ne veulent plus réinvestir le corps de leur femme qui garde encore des traces de la grossesse (vergetures, petit ventre, kilos en trop…). Cette attitude est extrêmement blessante pour la femme qui a l’impression d’être considérée comme un objet”, explique Hélène Dumont, qui reçoit quelques couples avec cette problématique dans son cabinet.
Un peu de patience et de délicatesse
S’il n’y a pas de contre-indications médicales, une femme peut reprendre les rapports sexuels au bout de quelques semaines (entre trois et six) après l’accouchement. Mais le plus important est de se fier à son ressenti, ne pas se presser (même si l’autre insiste). Cependant comment faire, quand l’un souhaite retrouver une vie sexuelle rapidement et que l’autre ne parvient pas à s’y replonger ? “Il veut refaire l’amour, tandis que je ne me sens pas capable pour le moment. C’est frustrant ! Je dis constamment non. Pourtant, je veux avoir cette connexion d’esprit et de corps que nous avions avant avec Bertrand”, souffle Victoire.
Devenir parents implique donc un temps de familiarisation avec cet élargissement de l’identité de chacun, où s’entremêlent différentes perceptions de soi-même et de l’autre.
“Rien ne sert de courir ; il faut partir à point”, dit La Fontaine. Le mot d’ordre est donc : le temps et la patience. Il faut commencer par se donner du temps et surtout en prendre pour son couple. “Ne pas négliger les petits temps ordinaires. Ces moments de qualité en couple, comme un café pris ensemble, une balade dans un parc, un déjeuner en amoureux (s’il y a la possibilité de confier le bébé) aident au retour de l’érotisme dans le couple”, note Hélène Dumont.
Il faut également faire preuve d’une certaine souplesse psychique et émotionnelle, de maturité. “Impossible pour nous de nous unir comme avant, surtout le soir car le bébé peut se réveiller à tout moment et mettre rapidement fin à nos retrouvailles. Nous nous adaptons à notre nouvelle réalité, à notre nouveau rôle de parents. Nous essayons de trouver des moments dans la journée pour nous retrouver”, confie Christine.
Dire l’amour avant de vouloir le faire
Ces petits moments passés ensemble permettent de mettre la femme en confiance. Surtout si elle est complexée par son corps. Par son attention et ses compliments, l’homme peut l’aider à prendre conscience qu’elle est désirable et combien la maternité la rend belle. Il s’agit de dire l’amour avant de vouloir le faire. C’est aussi à l’homme de respecter le temps dont la femme a besoin pour investir à nouveau la sexualité.
“Et puis, il n’est pas obligatoire de renouer avec la vie sexuelle telle qu’elle l’était avant la naissance du bébé. La reprise peut se faire de manière progressive, par le biais des caresses et des baisers, par exemple”, prévient Hélène Dumont. Devenir parents implique donc un temps de familiarisation avec cet élargissement de l’identité de chacun, où s’entremêlent différentes perceptions de soi-même et de l’autre. “Deux rives, certes, qu’il s’agira de réunir dans un même courant, un même corps, pour un nouvel équilibre, épanouissant pour chacun. Un équilibre précieux permettant à la sexualité de s’exprimer, de se vivre, de se dire”, conclut la spécialiste.