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Depuis l’année 1880, la France célèbre sa fête nationale le 14 juillet. Une date qui rappelle à chacun le souci d’émancipation – parfois sanglant – de 1789, et la recherche d’unité de 1790 lors de la fameuse fête de la Fédération. Durant laquelle Talleyrand célébra une messe – il en avait perdu l’habitude – après être monté à l’autel en disant à La Fayette : “Ne me faîtes pas rire !”.
Avant cela, la notion de fête nationale n’existait pas en tant que tel. Ce que le pays entier célébrait, c’était davantage son roi ou son empereur. Au jour de sa fête liturgique, le souverain était ainsi honoré à travers son saint patron, par l’intercession duquel on demandait à Dieu de protéger les sujets du royaume en même temps que d’assurer la prospérité à tous, et en particulier au roi. On fête donc la Saint-Charles le 24 mai, la Saint-Philippe le 1er mai ou la Saint-Louis le 25 août.
La Saint-Napoléon instituée le 15 août
Bien que l’Empire qu’il fonde ne soit pas à proprement parler dans la continuité de la monarchie chrétienne qui l’a précédé, Napoléon Ier garde la même tradition. Mais l’empereur a une fâcheuse tendance à utiliser la “religion de la majorité des Français” pour asseoir son pouvoir. À défaut de saint patron reconnu par l’Église, avec laquelle il entretient des relations tendues, Bonaparte crée donc la Saint-Napoléon le 15 août, jour de son anniversaire et de la signature du Concordat de 1801 ! En 1852, son neveu Napoléon III en fera la fête nationale de la France, célébrée solennellement chaque année jusqu’en 1869.
Liée par le concordat, l’Église de France ne manque pas à la fête. Pour ne pas créer de toute pièce un saint, elle décide d’honorer le 15 août saint Néapolis, martyr du IVe siècle, transformé pour l’occasion en “Napoléon”. Mais le 15 août est avant tout, dans l’Église, sûrement depuis le Ve siècle, l’Assomption de la Vierge Marie. De conception immaculée, la mère de Dieu est, après sa mort, qui est en fait la Dormition fêtée par les Orientaux, montée avec son corps au ciel rejoindre son Fils. Un signe évoqué dans l’Apocalypse de saint Jean : “une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles” (Ap 11, 20).
La France consacrée à Notre-Dame en 1638
En France, cette solennité de l’Assomption a pourtant une résonnance particulière. C’est sous ce vocable que le roi Louis XIII consacre, en 1638, notre pays à Notre-Dame, “en laquelle nous mettons particulièrement notre Personne, notre État, notre Couronne, et tous nos Sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte-Trinité, par son intercession, et de toute la Cours céleste, par son autorité et exemple”. Après vingt-trois ans de mariage, le souverain veut en effet remercier Dieu de lui avoir donné un fils.
Avant cela, Anne d’Autriche et son mari avait sollicité à de nombreuses reprises l’aide du ciel pour donner à la France un Dauphin. À la suite d’une vision d’un moine, Fiacre, à Notre-Dame des Grâces de Cotignac, la reine accepte que soit priées trois neuvaines pour la naissance d’un fils. Une à Cotignac, une seconde à Notre-Dame des Victoires à Paris et une troisième à la cathédrale Notre-Dame. Ces invocations terminent le 5 décembre 1637 : neuf mois plus tard naît Louis, surnommé “Dieudonné”, le 5 septembre 1638.
Dès lors, et jusqu’à aujourd’hui, Notre-Dame de l’Assomption veille sur la France. Son statut de patronne principale a été confirmé par le pape Pie IX en 1922, en même temps qu’il donnait sainte Jeanne d’Arc en patronne secondaire. Les processions et prières pour notre pays demandées par Louis XIII n’ont d’ailleurs pas perdu de leur utilité. Alors, que Dieu veille sur la France en cette fête nationale (plus verticale que la première) !