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Solange, l’étoile du Berry

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Catherine Leblanc I Godong

Sainte Solange.

Anne Bernet - publié le 23/08/22

Après Lubin, Martial et Léonard, Aleteia poursuit son tour de France estival des saints patrons de nos régions. Elle était d’une prodigieuse beauté, lumineuse comme une étoile, et dévouée corps et âme à Jésus-Christ. Martyre de la pureté, Solange est la sainte patronne du Berry.

À tout prendre, c’est une histoire tragiquement banale : celle de l’agression, qui se termine très mal, d’une adolescente, mais Solange, la victime, n’est pas n’importe quelle jeune fille. Sur sa tombe, le Christ, auquel elle s’était donnée corps et âme, va multiplier les grâces et les miracles, jusqu’à faire de cette humble paysanne la patronne de toute une région. Dans les années 860, vit au bourg de Villemont en Berry, à une douzaine de kilomètres de Bourges, un couple de modestes vignerons. Ces gens, qui travaillent dur et sans cesse, sont pauvres mais ils sont heureux car le Ciel leur a octroyé deux grandes bénédictions : une foi vive, inentamable, qui les pousse à se consoler des difficultés du présent en songeant aux joies de l’éternité, et la naissance d’une fille définitivement hors du commun.

Elle fait vœu de virginité

Baptisée Solange, cette enfant ne se contente pas, en grandissant, de devenir d’une rare beauté, elle se révèle plus sage et plus pieuse encore qu’elle n’est belle, et ce n’est pas peu dire. Lorsqu’elle prend conscience de ses charmes et de l’attrait qu’elle exerce malgré elle sur les hommes, Solange, à peine au sortir de l’enfance, effrayée des concupiscences qu’elle pourrait susciter, voue sa virginité à Dieu ; à l’exemple de sainte Agnès, la petite martyre romaine qu’elle vénère, elle décide de n’avoir jamais d’autre Époux que le Christ. Elle demande à Notre-Dame, la Vierge des vierges, de la garder, à son exemple, immaculée du péché et des tentations de la chair.

Ce vœu vient couronner une vie intérieure, spirituelle, déjà intense, faite de prières et de renoncements. Âme contemplative, Solange vit dans la familiarité des mystères divins. Rapidement, la rumeur publique lui attribue des miracles de guérison, on dit qu’il suffit à un malade ou à un infirme de croiser sa route pour être aussitôt guéri de tous ses maux ; on assure qu’elle éloigne des champs et des vergers, d’un simple signe de croix, les insectes ravageurs menaçant les récoltes, que les loups et les serpents s’écartent des endroits où elle se trouve, que ses brebis et ses agneaux ne s’égarent jamais ni n’abîment les plantations des voisins quand il leur arrive de divaguer tandis que leur bergère s’absorbe dans ses longues oraisons. L’on affirme aussi avoir vu sur son front une étoile brillante qui l’irradie de sa lumière et la guide à travers les ténèbres de ce monde…

Mais le mal guette…

La réputation de sainteté de cette toute jeune fille grandit de jour en jour et dépasse bientôt les limites de sa paroisse et même de son diocèse. De toutes les régions du centre de la France, souffrants et malheureux se pressent vers la vierge thaumaturge de Villemont, en quête de soulagement. Solange reste simple et sans orgueil des dons qu’elle a reçus et, si aucun de ceux qui la voient n’est insensible à sa rayonnante beauté, nul ne se permet un geste ou un mot déplacé devant cette consacrée qui irradie de pureté. Mais le mal guette.

Le 10 mai 880, un visiteur d’un genre inhabituel se présente à la porte des parents de Solange. Il s’agit d’un très grand seigneur, Bernard, comte de Bourges, selon les uns, d’Auvergne ou de Poitou, selon les autres, voire de toutes ces terres à la fois. Ce jeune homme riche et puissant, qui n’a pas l’habitude de voir résister à ses caprices d’enfant gâté, a entendu parler de Solange, ce ne sont pas tant ses miracles qui l’attirent que sa réputation de prodigieuse beauté. Preuve que, d’emblée, il nourrit de noirs desseins, il a, en quittant ses proches, menti sur le but de sa sortie en prétendant se rendre à la chasse. C’est bien, hélas, en prédateur que le garçon s’est mis en route mais la proie qu’il convoite ce matin de printemps, c’est Solange… Comme à son habitude, la jeune fille paît ses brebis sur la pâture communale, que l’on appellera bientôt le champ de sainte Solange, ou le champ du martyre. L’arrivée de Bernard ne l’inquiète pas : innocente, confiante dans la protection du Ciel, elle ne voit pas le danger.

Elle n’a que faire de ses promesses

D’ailleurs, en face de la jeune fille, subjugué par sa splendeur qui dépasse ce qu’il en a entendu dire, Bernard, d’abord, n’est pas menaçant. Il lui déclare qu’il n’a jamais vu femme plus belle, qu’en l’apercevant, il a senti un amour fou s’allumer dans son cœur, qu’il ne veut plus d’autre épouse et il jette à ses pieds ses titres, sa fortune, ses terres et sa puissance. Si Solange agrée sa demande en mariage, il la fera riche et heureuse, comblée au-delà des rêves les plus insensés d’une pauvre bergère ; il assurera à ses parents la vie facile et insouciante qu’ils méritent pour l’avoir élevée. Ce discours exalté laisse Solange de marbre ; elle rétorque doucement au jeune homme qu’elle ne l’épousera pas, car Jésus est à jamais son seul époux bien-aimé. Elle n’a que faire de tous les biens périssables qu’il lui promet car un trésor inestimable l’attend au Ciel.

Il lui crie qu’il la tuera si elle lui résiste, mais le choix de Solange est déjà fait : elle préfère la mort à la perte de sa virginité.

Bernard ne s’attendait pas à ce refus. Au vrai, a-t-il jamais songé sérieusement, lui, un grand et puissant seigneur, à épouser cette bergère ? Ce qu’il veut, c’est la prendre, par la force puisqu’elle ne se laisse pas séduire par ses discours. Sans aucune considération pour le vœu de virginité de Solange, ce garçon qui, possédé par sa passion coupable, ne craint ni Dieu ni diable, se jette sur elle et la hisse sur son cheval qu’il éperonne. Il lui crie qu’il la tuera si elle lui résiste, mais le choix de Solange est déjà fait : elle préfère la mort à la perte de sa virginité.

Martyre de la pureté

La jeune fille se débat, tente d’échapper à l’étreinte de son ravisseur, y réussit et, au risque de se briser le cou, se laisse tomber à terre. Elle ne s’est pas blessée, elle se relève, elle s’enfuit ! Bernard éperonne sa monture, rattrape la fuyarde, se jette sur elle qui continue de défendre désespérément sa vertu. Il a tiré son couteau de chasse. A-t-il vraiment l’intention de s’en servir ? Veut-il simplement l’effrayer assez pour la contraindre à lui céder ? Accident ou fureur meurtrière, il plante sa lame dans la poitrine de Solange. Un instant, sa victime reste debout, il l’entend murmurer par trois fois : « Jésus, Jésus, Jésus … » puis elle s’écroule. Elle est morte.

À en croire une tradition que certains érudits locaux remettent en cause, Bernard, toujours ivre de rage, s’acharne sur elle et lui tranche la tête ; alors, Solange, décapitée, se relève, ramasse son chef coupé, et marche, un sourire ineffable sur ses lèvres livides, vers l’église Saint-Martin de Cros où, enfin, elle s’effondre pour ne plus se relever. Nul ne dit ce qu’il est advenu de l’assassin mais, sur la tombe de la jeune martyre de la pureté, canonisée aussitôt par la voix populaire, les miracles ne cesseront plus.

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