Secouez, choquez, semez le trouble, sans rien craindre de votre outrance, il en restera toujours assez pour qu’avancent vos idées chez ceux qui leur résistent. Tel est le principe de base de l’agit-prop dont nous venons d’assister à une démonstration magistrale cet été, avec l’affiche polémique du Planning familial dite “de l’homme enceint”. Paradoxalement, pour entamer le processus qui conduira à habituer les esprits à l’impensable, il est essentiel de provoquer le plus de stupeur possible. Plus l’onde de choc initiale sera grande, plus ce qui est asséné nous paraîtra absurde, plus nous serons déstabilisés, plus l’évidence vacillera.
À ce titre, le mal est fait. Il suffit de voir énoncé et illustré ce prétendu “homme enceint” — aussi ridicule soit-il — pour qu’immédiatement le grand ahurissement fasse place à l’accoutumance partielle. L’expérience le montre : devant les pires dérives, la surprise est par essence éphémère, tandis que l’habitude est notre pente naturelle. La formule “l’homme enceint” assortie d’une image impose l’idée, et même si la réalité — qui lui est supérieure — la contredit, l’idée s’impose. Il fallait que cela fasse du bruit. Bref, cette idée folle d’un “homme enceint” ne vous choquera jamais autant qu’elle ne vient de vous choquer. Bravo le Planning !
Après avoir rendu hommage au vice, il faut réfléchir. Chacun devrait admettre que la réalité dissimulée par le dessin controversé est celle d’une femme qui est resté à mi-chemin de sa transition, afin de présenter l’apparence — plus ou moins crédible, mais toujours trompeuse — d’un homme, tout en préservant l’attribut — aussi intègre que possible, mais caché — d’une femme. Indice, soit-dit en passant, que cette personne n’a pas voulu s’affranchir du privilège féminin de l’enfantement. Il faut donc rappeler l’évidence, non pas biblique, mais biologique : il faut toujours un utérus pour offrir à l’être humain son enceinte maternelle ; jamais aucun nouveau-né n’est sorti d’un homme ; et jamais aucun homme n’a été enceint. Et s’il advenait un jour, qu’un homme accouche, il aura fallu lui faire subir, ainsi qu’aux cobayes qui l’auront précédé sur cette voie expérimentale, de multiples et pénibles interventions chirurgicales et biochimiques qui sont aux antipodes de l’éthique de la médecine. Bon courage !