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Tourner le dos à Dieu et troquer le Sacré-Cœur contre le marteau et la faucille a été la pire erreur de l’histoire cubaine, a assuré le père Alberto Reyes, lui-même cubain, dans un texte poignant devenu viral partagé fin août sur les réseaux sociaux. Un texte qui trouve une résonnance toute particulière aujourd’hui, un an après les manifestations historiques de juillet 2021 et alors que ces dernières reprennent. Depuis le 19 août, les protestations régionales se sont en effet à nouveau intensifiées face au manque de nourriture et de médicaments, en réaction aux coupures d’électricité qui atteignent 18 heures par jour et, surtout, contre la répression de la liberté d’expression.
Dieu veut-il que nous comprenions que lui tourner le dos et échanger l’image du Sacré-Cœur contre celle du communisme avec le marteau et la faucille a été la pire erreur de notre histoire ?
Qui dit participation à des manifestations dit, à Cuba, répression. Près de 500 personnes -sur 700 poursuivies – ont déjà été condamnées pour leur participation aux manifestations, parfois jusqu’à 25 ans de prison, selon l’ONG Cubalex basée à Miami. “Pourquoi Dieu a-t-il permis non seulement que nous perdions notre liberté, mais que cette dictature dure plus de 63 ans, détruisant les rêves de plusieurs générations ? Pourquoi a-t-il permis à tant de personnes de valeur de fuir et d’abandonner leurs terres, voire de mourir dans cette tentative ? Pourquoi Dieu a-t-il permis que notre quotidien devienne une épreuve de précarité, d’angoisse existentielle, de besoin accablant ? Pourquoi Dieu permet-il qu’à chaque fois que le peuple élève la voix en disant “ça suffit !”, la réponse soit une répression si brutale, sadique et systématique qu’elle nous submerge dans le (faux) sentiment que cette oppression est insurmontable ?”, s’interroge ainsi le père Alberto Reyes.
Et de reprendre : “Dieu veut-il que nous comprenions que lui tourner le dos et échanger l’image du Sacré-Cœur contre celle du communisme avec le marteau et la faucille a été la pire erreur de notre histoire ? […] Que nous passons des années à blâmer un ennemi extérieur alors qu’en réalité, l’ennemi est à l’intérieur ?”. Avec justesse et force, le prêtre appelle enfin à un réveil des consciences du peuple cubain. “Ne comprenons-nous pas que garder le silence pour éviter les problèmes ne sert qu’à normaliser et perpétuer notre misère ? Que ne pas s’exprimer publiquement, c’est continuer à espérer qu’un jour “il se passera quelque chose” ou que quelqu’un “fera quelque chose”, alors que la solution est entre nos mains ?”