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La route des Rois, dont une partie importante traverse les terres de l’actuelle Jordanie, est devenue très tôt l’une des routes principales commerciales reliant le nord du Moyen-Orient au sud, vers l’Égypte en passant par la Syrie. Cette route du désert commençait en effet au nord à Resafa en Syrie (actuellement au sud-ouest de la ville de Raqqa) et suivait parallèlement la route côtière pour se terminer à Héliopolis en Égypte (banlieue du Caire). Traversant de part et d’autre une multitude de sites antiques et de hauts lieux cités par l’Ancien Testament tels Ammon, Moab, Edom, etc., la route des Rois représente à elle seule un véritable répertoire biblique. Et fut, à ce titre, l’objet de nombreuses convoitises…
Une évocation très ancienne
Il est, en effet, fait mention dans l’Ancien Testament, au Livre des Nombres, d’une route suffisamment ancienne et importante pour être l’objet d’incessantes convoitises et batailles dont celles – nous le verrons – victorieuses d’Israël. Rappelons que le peuple d’Israël, alors en Exode sous la direction de Moïse, après la pénible traversée du Sinaï, était parti de Kadesh et avait envoyé des émissaires au roi des Amorites nommé Séhone (dont le royaume correspond aujourd’hui au sud de la Jordanie) afin d’emprunter cette voie de communication pour rejoindre la Terre promise (Nb 21, 21-22) :
Laisse-moi traverser ton pays ! Nous ne ferons pas de détour par les champs ni par les vignes, nous ne boirons pas l’eau des puits, nous irons par la voie Royale jusqu’à ce que nous ayons traversé ton territoire.
Cette mention de la voie Royale (Derech HaMelech) ou route des Rois dans le récit biblique témoigne de l’importance que pouvait revêtir à cette époque cette route majeure, indispensable au transport des hommes et des bêtes dans des régions souvent désertiques et impraticables autrement.
De bataille en bataille…
Malgré les précautions prises et les promesses de ne rien prendre des terres traversées, Séhone refusa de laisser le peuple d’Israël poursuivre son Exode et une bataille allait les opposer à Yahaç près du désert. Mais Dieu était avec son peuple et Israël passa toute l’armée ennemie au fil de l’épée, prenant ainsi possession des villes des Amorites.
Un même conflit devait opposer de nouveau Israël au roi Sihon, toujours sur la route des Rois. Lui adressant la même demande, le refus de Sihon de laisser le peuple d’Israël traverser ses terres conduisit également à une bataille rangée. Mais, signe éclatant de l’Alliance divine, cette bataille se solda par la nouvelle victoire d’Israël, lui offrant par là même la possession des hautes terres de la Transjordanie et lui permettant ainsi de contrôler cette route des Rois cruciale stratégiquement.
Une route de la foi
Cette riche histoire de la route des Rois témoigne du caractère sacré de l’Alliance de Dieu avec son peuple qui vient à bout de tous les obstacles pour l’avènement de la promesse. La route des Rois, dont le parcours est repris en partie aujourd’hui par le tracé de l’autoroute n°35, peut symboliser la force de la foi qui animait le peuple d’Israël en chemin vers la Terre promise, foi qui rayonne encore pour tous les chrétiens.