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Le mouvement des “sans enfants” (“CF” pour Child Free) est apparu dans les années soixante-dix, avec un mobile essentiellement libéral, consumériste et individualiste — voire égoïste assumé — même si émergeait déjà l’argument écologique, partiellement altruiste, lié à la peur de la surpopulation (cf. Anne Gotman, Pas d’enfant. La volonté de ne pas engendrer, Éd. Fondation Maison des sciences de l’homme, 2017). Depuis, le courant “woke” a contribué à légitimer cette “philosophie”, en s’acharnant à “déconstruire” toute idée d’instinct et d’amour maternel ou paternel, et de désir naturel d’engendrer…
Même s’il est difficile de sonder la réalité des motivations d’un choix aussi personnel, intime et impliquant, que de renoncer délibérément à donner la vie, son mobile écologique s’insinue dans la jeunesse occidentale, frappée d’éco-anxiété. L’argument de l’égoïsme se retourne contre ceux qui, en engendrant, aggravent la pollution aux dépens des… générations futures ! Le serpent malthusien se mord ici la queue, à moins de considérer que la planète a des droits. Certains vont jusque-là : c’est la posture à la fois suicidaire, provocatrice, et culpabilisatrice de l’effrayant “Mouvement pour l’extinction volontaire de l’humanité”.
Des politiques d’incitation à la dénatalité
En France, selon une étude de l’INED de 2016, 1 million de femmes de 18 à 79 ans “ne souhaitent pas ou n’ont jamais souhaité être mères” (soit 4,5% du total). Ce pourcentage doit avoir augmenté avec la prise de conscience écologique. Même si la “dénatalité” n’est pas un cheval de bataille des experts du GIEC, sa promotion est répandue, et sous-jacente dans les propos de nombre de leaders politiques. À l’image d’Yves Cochet : l’ancien ministre de l’Écologie, revendiquait, en 2019, un “néomalthusianisme modéré”. Depuis plus d’un siècle, dans l’élan des théories du britannique Thomas Malthus, la peur de la surpopulation tétanise une partie de l’intelligentsia du monde. Croyant avoir constaté que la population augmentait plus vite que ses moyens de subsistance, Malthus pensait avoir trouvé la solution : réduire le nombre des naissances chez les pauvres. Et c’est ainsi que des politiques d’incitation à la dénatalité, parfois contraignantes, se sont diffusées jusqu’à aujourd’hui.
Le courant écologique des Ginks (pour l’intraduisible Green inclinations, no kids) s’est ainsi développé. En octobre 2018, l’Agence France Presse a dû s’expliquer après la publication sans commentaire d’une infographie, issue d’une étude, elle-même controversée. Le schéma proposait onze façons de “réduire son empreinte carbone”, classées dans l’ordre croissant de bénéfice pour la planète, depuis “changer ses ampoules” (faible impact) jusqu’à “abandonner la voiture à essence” (impact élevé), en passant par “laver son linge à l’eau froide” (impact modéré). Classé en tout dernier, et quasiment hors catégorie, car la réduction de l’empreinte carbone induite est supposée telle que l’infographie ne peut la faire figurer à l’échelle : “Faire un enfant de moins” ! L’AFP, qui avait présenté le tableau par le simple commentaire “Quelques moyens pour réduire son empreinte carbone”, s’est défendue en affirmant que ce message ne valait pas approbation des propositions…