“Chaque fois que j’allume des chaînes pour enfants, je suis outrée par la mauvaise qualité des dessins, sans parler des belles histoires qui ont laissé place aux dessins animés qui ne comportent souvent que des bagarres entre les méchants et les super-héros”, soupire Alice, mère de deux garçons âgés de 8 et 1 an. Un constat que font de nombreux parents, nostalgiques des anciens Disney. Les dessins animés ne sont plus un divertissement anodin et le choix des grands distributeurs de plus en plus souvent discutable, voire polémique, comme ce fut le cas avec le dernier Pixar Buzz l’Éclair. La vigilance est donc particulièrement de mise, d’autant plus que les dessins animés ont un impact sur la socialisation et le développement de l’enfant.
“Les dessins animés ont un double effet sur l’enfant : un effet lié au contenant lui-même et un effet lié au contenu. Le contenant, c’est-à-dire l’écran en tant qu’ensemble de stimuli sonores, visuels et kinesthésiques (mouvements), capte les enfants et leur font oublier le temps qui passe”, explique à Aleteia la psychologue Sabine Duflo, auteur de plusieurs ouvrages sur les enfants et les écrans. En effet, selon les derniers chiffres de l’Union nationale des associations familiales, le temps que les enfants passent devant les écrans ne cesse d’augmenter. Les 3-6 ans consomment en moyenne 3h40 d’écran chaque jour, les 7-10 ans 4h42 et les 11-14 ans, 8h23. “Un temps dont ils auraient besoin pour développer d’autres compétences : motricité, interactions sociales, langage, capacité à penser”, déplore la spécialiste.
Quant à l’effet lié au contenu, il a son importance car les jeunes enfants apprennent par imitation. “Plus ils sont soumis à un modèle, plus ils ont tendance à le reproduire”, prévient Sabine Duflo. Sans parler des questions qui peuvent surgir après le visionnage d’un dessin animé comportant des scènes de violence ou bien celles qui servent à revendiquer des droits LGBT. Il existe aussi de nombreux placements de produits ou bien de séquences faisant la promotion d’habitudes qui ne correspondent pas toujours au mode de vie que les parents souhaitent transmettre à leurs enfants.
Des répercussions sur les enfants
“Ce qui me fatigue, ce sont des dessins animés qui prônent la malbouffe, s’agace Arthur , père de quatre enfants de moins de 7 ans. Ils ont envie de manger la même chose après”. Quant à Alice, elle est plutôt gênée par le manque de sens des productions actuelles : “Selon moi, les dessins animés doivent préparer l’enfant à la vie, lui apprendre quelque chose : différencier le bien du mal, inculquer l’importance de la famille, de l’amitié, sans oublier la foi”, explique-t-elle. Et de poursuivre : “Aujourd’hui beaucoup de dessins animés font croire que tout est facile dans la vie. Le personnage claque des doigts et voilà qu’il retrouve son épée. J’ai parfois le sentiment que mon fils de 8 ans pense que dans la vie réelle tout sera aussi simple”.
Jeanne, elle, déplore des dessins animés composés d’une succession d’images qui s’enchainent de façon ultra-rapide avec des coups, des bagarres, des agressions “pour rire” qui se succèdent à un rythme effréné et où les personnages ne parlent pas ou peu, comme dans Grizzy et les Lemmings ou encore dans le célèbre Tom et Jerry. “Non seulement ça n’aide pas mon fils de 5 ans à apprendre quelque chose de nouveau, comme enrichir son vocabulaire, mais en plus il a tendance à reproduire les bêtises des personnages… À part l’exciter, ils ne lui apportent rien de plus”, soupire la jeune maman de 30 ans.
Comment faire un bon choix ?
Mais alors comment choisir un dessin animé pour ses enfants ? “Tout d’abord veiller à ce que le contenu qui y est véhiculé corresponde à vos propres valeurs, à ce que vous voulez transmettre à vos enfants”, conseille Sabine Duflo aux parents. Si comme pour les livres, il est idéalement recommandé de se renseigner sur son contenu et ses illustrations avant de le donner à son enfant, il en est de même pour les dessins animés. Il faut les visionner en amont avant de les montrer. Seul hic, aujourd’hui, tous les parents n’ont pas le temps de le faire. Heureusement, ils peuvent se faire une opinion en consultant des sites dédiés comme Common Sense Media ou filmspourenfants.net pour opérer leurs choix sans forcément se limiter aux excellents films chrétiens distribués par Saje, Mame ou Théobule.
Veiller à ce que le contenu qui est véhiculé dans les dessins animés corresponde à vos propres valeurs, à ce que vous voulez transmettre à vos enfants.
“Ces sites référencent des dessins animés, des films et des jeux vidéo avec la description des scènes qui pourraient ne pas convenir aux enfants (violence, sexualité, etc.) mais aussi contiennent des avis des professionnels, des parents et des enfants”, explique Sabine Duflo. Une fois un bon réalisateur repéré, on peut proposer à son enfant ses dessins animés. Mais la vigilance doit tout de même toujours être de mise car même des dessins animés les plus anodins peuvent se faire les instruments de parti pris sujets à controverse. Très récemment, la série pour enfants Peppa Pig, a ainsi ajouté une famille homoparentale dans un épisode.
Les critères d’un bon dessin animé
“En choisissant un dessin animé pour leur enfant, les parents doivent aussi penser à ce qu’il contienne de belles images, qu’il raconte une belle histoire, avec des héros auxquels l’enfant pourra s’identifier. Une histoire dans laquelle il trouvera parfois une solution à ses problèmes (à son échelle bien sûr) et surtout une histoire qui va le faire rêver”, préconise Sabine Duflo. C’est justement sur ces principaux critères que s’appuie Alice lorsqu’elle choisit un dessin animé pour son fils, Ambroise. “Je veux qu’il soit sensible à l’art, surtout au bel art, alors ce qui compte pour moi c’est la qualité de l’image et de la musique”, explique-t-elle, en précisant qu’elle exclut donc d’emblée de sa liste des dessins animés en 3D.
La langue employée dans le film d’animation a également son importance pour la jeune mère de 34 ans. “Je ne veux pas qu’il y ait des gros mots ou du vocabulaire qui ne soient pas de son âge”. Arthur, lui, préfère montrer à ses aînées des dessins animés courts qui ne dépassent pas plus de 15 minutes. “Sinon, mes filles ressemblent à des zombies”, rigole-t-il. Un choix approuvé par Sabine Duflo qui estime que “la qualité doit primer sur la quantité”. “Il faut éviter de mettre l’enfant devant des chaînes ou des plateformes qui proposent du contenu en continu comme les chaînes télévisées pour enfants ou encore YouTube Kids”, glisse-t-elle. Jeanne de son côté, a pour habitude de monter à son fils des films et des dessins animés qu’elles regardaient enfants. “C’est toujours émouvant de le voir imiter les personnages que j’imitais moi-même enfant”, sourit-elle.