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Seules quelques femmes — et Joseph d’Arimathie — ont contemplé le corps torturé de Jésus recouvert d’une toile de lin blanc, mort sur la Croix. Quatre ou cinq personnes ont donc pu constater les blessures que causèrent les épines et le fouet, les fractures, les plaies suintantes, les ecchymoses et les cheveux ensanglantés. Comme annoncé par Isaïe (Is, 53, 4-5), le corps du Christ a été “broyé” pour le salut des hommes :
En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris.
L’exposition baptisée The Mystery Man qui se tient depuis le 14 octobre et jusqu’en décembre prochain à la cathédrale de Salamanque, en Espagne, le révèle d’une façon très crue, sinon violente. Une telle réalisation est le résultat, selon le commissaire de l’exposition Álvaro Blanco, de quinze ans d’analyses scientifiques effectuées sur le Saint-Suaire de Turin. Cette représentation tridimensionnelle a été réalisée avec le concours de nombreux experts, en médecine légale et en effets spéciaux notamment. Réalisée en silicone et en latex, la peau de la sculpture est d’un réalisme extrême, jusqu’aux pores ; ses cheveux sont d’origine humaine et ses mensurations sont celles d’un homme moyen de 1,78 mètre pour 75 kilos. Il a fallu six années d’études préalables, suivies de quatre à cinq mois pour la création du moule.
250 blessures
Aucun des sévices qu’endura l’homme du Suaire ne manque : ainsi, le nez est fracassé, l’œil droit est enflé, les épaules lacérées par le poids de la croix, et l’arrière du crâne meurtri par la couronne d’épines ; les pieds sont fléchis et les mains portent des traces de liens.
150 coups ont, au total, formé les 250 blessures visibles sur le corps de l’homme du Suaire. Parmi ces dernières sont bien entendu représentées les Saintes Plaies – celles des deux mains et des deux pieds, ainsi que le coup de lance porté au flanc droit par le centurion Longin (Jn, 19, 33-34) :
Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau.
Le corps porte également les marques de la flagellation sur la majeure partie du corps telles que faites avec un fouet romain (flagrum) lesté de petites haltères de plomb, portées, selon Álvaro Blanco, à environ 60 centimètres de distance.
Ce qu’aucune peinture n’a jamais aussi durement reflété
Ce dernier a déclaré, après avoir observé le résultat pour la première fois, avoir eu l’impression de se trouver “devant l’image du corps de Jésus de Nazareth”, ajoutant qu’il s’agissait là d’une représentation “plus dure que ce qu’aucune peinture n’avait jamais rendu”. L’évêque de Salamanque, Mgr José Luis Retama, dit quant à lui avoir ressenti “un choc profond et un grand désir de prier devant le mystère de tant d’amour offert par notre Seigneur”. Si une telle représentation peut être selon lui dérangeante pour certains visiteurs, il y voit, pour d’autres, l’occasion de contempler “les signes physiques de la Passion du Seigneur et de l’amour de Dieu qui s’est fait chair en Jésus-Christ, mort comme un malfaiteur et comme le sacrifice de notre salut”.
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