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Dieu sait combien les procédures sont lourdes, longues et complexes lorsqu’il s’agit de réaliser une opération d’aménagement. Construire un aéroport, une ligne TGV, une bretelle de route, ou même tout simplement un bâtiment d’élevage ou une retenue collinaire est un parcours du combattant. L’État ne cesse, par ses lois et ses règlements, de donner de nouveaux gages au parti si puissant qui est le parti des “que rien ne bouge !”. Le juge aussi rôde autour du dossier, cherchant qui dévorer comme le lion du Psaume, prêt à mettre par terre la procédure patiemment édifiée. Toutes ces précautions sont justifiées : nous nous devons de respecter la Terre que nous empruntons à nos enfants. Mais les dossiers deviennent tellement aléatoires que les décideurs en viennent à rechercher la manière de minimiser le risque contentieux plutôt qu’à satisfaire les besoins de l’intérêt général. Et les projets s’éteignent un à un : il est tellement moins risqué de ne rien faire. C’est à se demander comment il se trouve encore des entrepreneurs pour se lancer dans des programmes d’aménagement. “Soumettez la terre !”, nous disait Dieu au moment de la création. (Gn 1, 28). “Ne touchez à rien !”, nous disent les écologistes au moment de la mort de l’homme.
L’intérêt général humilié
Fait nouveau, l’État, garant de l’intérêt général, n’a plus le dernier mot. On l’a vu avec l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes : la procédure contradictoire avait été menée à son terme, les études d’environnement achevées, le bilan des coûts environnementaux parfaitement documentés et débattus, les arbitrages pris dans les formes, les recours contentieux purgés, et même, cerise sur cet indigeste gâteau, un référendum local organisé, dont le résultat fut sans équivoque, et cependant les zadistes ne voulurent pas signer la paix. Ils ont gagné la guerre. Ils ont eu raison contre l’administration, contre les élus, contre le juge lui-même.
L’intérêt général a été conduit à s’humilier en public. Le contre-pouvoir était devenu un pouvoir.
L’État a reculé face à cette violence, comme il avait reculé dans une affaire comparable : le barrage de Sivens dans le Tarn. Et le vainqueur a imposé la même rançon : l’intérêt général a été conduit à s’humilier en public. Le contre-pouvoir était devenu un pouvoir. Heureusement que la France possède déjà un patrimoine d’équipements publics parmi les plus remarquables du monde : elle ne serait plus capable de le bâtir aujourd’hui. Et elle aura du mal à le maintenir.
Le climat ou le système ?
Le scénario vient de recommencer dans les Deux-Sèvres à propos d’une retenue d’eau destinée à aider les agriculteurs à faire face au dérèglement climatique. Les écolo-terroristes, ici encore, se moquent bien des agriculteurs, comme ils se moquent du climat, de la biodiversité et de la faune sauvage. Ils en veulent au système, et plus généralement ils détestent les hommes, au point d’agresser tout ce qui, de près ou de loin, ressemble à l’ordre public. La semaine dernière, les manifestants écologistes ont blessé 61 gendarmes, dont 22 sérieusement, dans la paisible commune de Sainte-Soline. Non seulement, l’État n’est plus obéi, il n’est plus respecté.
Plus que jamais les Français réclament de l’ordre public. Chacun s’alarme de la criminalité dont on ne cesse de se demander ce qu’elle doit à la politique migratoire. Mais pendant que l’on débat sur l’immigration, on ne regarde pas un danger qui s’enracine tous les jours, le danger de l’écologisme radical. Un jour, il se trouvera des voix pour exiger le rétablissement de la peine de mort, mais ce ne sera pas pour punir les infanticides : ce sera pour punir les crimes contre la planète. Si l’État ne reprend pas fermement la main contre les écolo-terroristes, tout finira par lui échapper.