En 1929, son père Mario Bergoglio, encore jeune homme, avait quitté ces contrées agricoles, suivant ses deux parents qui avaient décidé de se rendre à l’autre bout du monde, en Argentine. Devant la communauté d’Asti, François a tenu à rendre hommage à “ces terres rendues précieuses par les bons produits du sol et surtout par l’authentique travail acharné des gens”.
Le pape argentin, dont c’était le premier voyage à caractère personnel en près de 10 ans de pontificat, a expliqué être revenu pour “retrouver le goût des racines”. Celles-ci, à Asti, s’enracinent dans son excellente gastronomie, celle des vignobles des Langhe et du célèbre Barbera, ou encore de la truffe blanche d’Alba.
Mais plus qu’un terroir – qu’il apprécierait grandement -, le pape était venu retrouver ses racines familiales, soit une poignée de cousins et cousines avec lesquels les Bergoglio d’Argentine n’ont jamais coupé les ponts. Après avoir sillonné le monde de long en large ces dernières années, François s’est enfin accordé une journée de visite à caractère strictement privé.
Certes, il ne s’agit pas encore de sa patrie de naissance, l’Argentine, où il n’a pas pour l’instant souhaité – ou osé – revenir. Mais ce petit pays italien semblait pour lui être comme une nation de substitution.
Une fois arrivé de Rome en hélicoptère samedi, il est d’abord allé déjeuner chez sa chère cousine Carla à Portacomaro, à l’occasion du 90e anniversaire de sa parente. Il a été reçu dans ce tout petit village situé sur la crête d’une colline à une dizaine de kilomètres d’Asti comme un héros local. Le maire, Alessandro Bagliano, était encore ému alors que le pontife venait de lui faire ses adieux : “Quel honneur pour nous, quelle joie de le savoir parmi nous !”.
Le curé de la petite paroisse, Don Andrea Ferrero, partageait cet enthousiasme, soulignant le choix du pape de rendre visite à des pensionnaires d’une maison de repos du village. L’humble bourg dont il a la charge et ses 2.000 habitants, reconnaît-il, a connu de meilleurs jours, que ce soit d’un point de vue du dynamisme économique ou de la vigueur de la foi. Les vins ne poussent plus beaucoup sur ses coteaux sans valeur, et la paroisse est moins remplie qu’il y a 100 ans. “Le pape nous donne de l’espérance”, assure-t-il cependant, se félicitant de l’effort commun déployé par toute la petite communauté pour l’accueillir.
Le lendemain, c’est par une foule nombreuse que François a été accueilli alors qu’il sillonnait les rues d’Asti pour se rendre à la magnifique cathédrale Notre-Dame de l’Assomption d’Asti pour célébrer la messe, en ce jour du Christ Roi. Dans son homélie, il a invité ses hôtes à puiser dans leur passé pour retrouver leurs valeurs et relancer les vocations qui tendent à diminuer drastiquement ces dernières années.
À la fin de la messe, l’évêque des lieux, Mgr Marco Prastaro, a réussi à faire rire le pape François, pourtant coutumier des mines graves lors des célébrations, en lui déclarant qu’Asti était “vraiment le centre du monde”. Une façon pour le prélat de rappeler la centralité de l’eucharistie qui venait d’être célébrée, mais aussi d’exprimer sa joie de voir l’évêque de Rome, primes inter pares, se retrouver comme chez lui dans ces terres piémontaises.