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Il y a près d’un an, le 12 décembre 2021, la Nouvelle-Calédonie votait pour la troisième fois sur son avenir, rejetant toujours les projets d’indépendance. Les indépendantistes ayant refusé de prendre part au vote, la victoire du “oui” à la France fut massive (96,50% des voix). Un référendum essentiel pour la puissance française, qui n’a pourtant guère suscité de passion et d’intérêt en métropole. Comme à chaque fois du reste qu’il s’agit des outre-mer. La vision ultramarine de la France se limite bien souvent à ses problèmes sociaux. La Martinique et la Guadeloupe ne font la une de l’actualité que lors des grèves et des conflits durs, tout comme la Guyane n’est évoquée que sous l’angle des trafiquants d’or et des entrées clandestines.
Présences stratégiques
C’est pourtant par la Guyane que la France dispose de sa plus longue frontière terrestre avec un pays, à savoir le Brésil. À ce titre, et via les outre-mer, ce pays est autant le voisin de la France que le sont l’Italie ou l’Allemagne. Voisin aussi le Chili, via les possessions dans le Pacifique. Les Antilles françaises, insérées dans l’important espace caraïbe, à proximité du Mexique et des États-Unis, ont un rôle stratégique à jouer, qui ne se limite pas au tourisme et à la redistribution d’aides sociales pour éteindre les émotions populaires. Il en va de même pour les îles de l’océan Indien, regroupées sous l’acronyme de TAAF (Terres australes et antarctiques françaises) dont l’intérêt stratégique ne se limite pas à la Zone économique exclusive (ZEE) et à ses potentialités.
L’île de la Réunion d’une part, les kyrielles d’îles du détroit du Mozambique d’autre part, sont autant de points d’appuis essentiels, non seulement pour accéder aux ressources halieutiques, mais aussi pour les futures exploitations gazières. L’espace est évidemment immense : il faut 32 jours de navigation pour rallier la Nouvelle-Calédonie depuis la métropole, 24 jours pour se rendre aux îles Kerguelen, 14 jours en Guyane et huit jours à Saint-Pierre-et-Miquelon. Avec une force navale réduite, la France n’a pas l’envergure maritime militaire lui permettant de couvrir et de défendre ces espaces. Un manque de moyens qui est la conséquence d’un manque de vision stratégique.
Définir l’essentiel
Ce que le référendum d’indépendance en Nouvelle-Calédonie a manifesté, c’est que beaucoup ne savent pas quoi faire avec ces territoires. Développé à partir des années 1970, le tourisme fut une première tentative non seulement de mise en valeur et de développement économique, mais aussi d’intégration dans l’espace métropolitain. Plus les touristes se rendent dans les Antilles ou à la Réunion, mieux ils connaissent ces territoires et les font leurs. Ce ne sont donc plus uniquement des points sur des cartes ou des noms dans des cours, mais des réalités tangibles et charnelles. En mettant des paysages et des lieux sur des réalités administratives, le tourisme permet une appropriation politique des espaces impliqués. À cet égard, il ne se limite pas à des fonctions de loisirs et de détentes, mais il revêt une importance politique majeure et essentielle. D’où la nécessité des vols réguliers entre la métropole et ses outre-mer.
Reste (…) pour la France à définir l’essentiel : que faire de ces territoires et comment les transformer en levier de puissance ?
Des outre-mer qui sont souvent pauvres comparés à la métropole, mais riches comparés à leurs voisins immédiats. Par rapport à Cuba et à Haïti, les Antilles françaises sont des îlots de prospérité et de stabilité. Le changement d’échelle permet ainsi le changement de problématiques et de perspectives. Reste néanmoins pour la France à définir l’essentiel : que faire de ces territoires et comment les transformer en levier de puissance ? En dépit du “oui” massif pour rester français, l’absence de perspectives reste criante, sur la Nouvelle-Calédonie comme sur les autres outre-mer.
Pratique :