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“Je souhaite adresser mes salutations aux joueurs, aux supporteurs et aux spectateurs qui suivent depuis les différents continents la Coupe du monde de foot qui se joue au Qatar”, a déclaré le pontife devant la foule réunie place Saint-Pierre pour écouter sa catéchèse du mercredi. “Puisse cet événement important être une occasion de rencontre et d’harmonie entre les nations, favorisant la fraternité et la paix entre les peuples”, a-t-il ajouté, demandant ensuite de prier pour la paix dans le monde. Il a alors eu une pensée particulière “pour les terribles souffrances du cher et martyrisé peuple ukrainien”.
Un enfant de Buenos Aires
Enfant de Buenos Aires, capitale argentine aux cinq clubs légendaires, dont San Lorenzo, son équipe de cœur, le pape François devrait tout naturellement supporter l’Albiceleste durant ce mondial. Cependant, on sait déjà qu’il ne regardera aucun match, que ce soit ceux joués par l’équipe de Lionel Messi comme ceux des autres équipes. Et pour cause : le pontife ne regarde plus la télévision depuis… plus de 30 ans. En effet, il a confié au journal argentin La Voz del Pueblo ne plus regarder le petit écran depuis une promesse faite à la Vierge du Carmen le 15 juillet 1990. Il a cependant expliqué s’informer différemment : “Il y a un garde suisse qui me dit chaque semaine les résultats et comment nous nous en sortons en championnat.”
Si le Pape se fait raconter les résultats et peut tomber sur des comptes rendus dans la presse, il ne semble pas vraiment tenir aux résultats ni même au spectacle. Lors d’une rencontre en septembre dernier, il avait mis en garde contre le “sport business” en s’adressant à des athlètes et au président du comité olympique Thomas Bach. Grand défenseur de l’amateurisme, le pontife ne devrait aussi pas trouver son compte lors de cette Coupe du monde, tous les joueurs des 32 équipes étant professionnels.
L’avantage de ce Mondial qatari pour le pontife est qu’il ne risque pas de créer des tensions entre lui et sa Curie, majoritairement italienne.
Dans son discours en septembre, il rappelait que le sport devait toujours se situer dans une perspective sociale et éducative, car “en dehors de cette logique, il court le risque de tomber dans la machine du business, du profit, d’une culture du spectacle consumériste, qui produit des “personnages” dont l’image peut être exploitée. Mais ceci n’est plus du sport”.
Le pontife connaît aussi l’utilisation du sport que peuvent faire les pouvoirs politiques. Bien avant les controverses sur l’attribution du Mondial au Qatar, le pape François a vécu celui de 1978, remporté à la maison par l’Argentine. À une époque à laquelle le pontife regardait encore les matchs, la dictature militaire du Général Videla, arrivée au pouvoir par un coup d’État deux ans plus tôt, avait largement récupéré l’événement pour asseoir son pouvoir, et n’avait pas hésité à favoriser nettement son équipe.
L’avantage de ce Mondial qatari pour le pontife est qu’il ne risque pas de créer des tensions entre lui et sa Curie, majoritairement italienne. La Squadra Azzurra ayant échoué à se qualifier en perdant sur le fil un match contre la Macédoine du Nord, le mondial suscite beaucoup moins d’intérêt qu’à l’accoutumée entre les murs du Vatican.
Le petit État dispose d’une équipe de football au sein de l’organisation Athletica Vaticana mais n’est pour l’heure pas membre de la FIFA. Cela pourrait toutefois arriver un jour, le Saint-Siège ayant récemment adhéré à l’Union cycliste internationale.