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Il était une fois… en Mésopotamie, un roi singulier, dieu au deux tiers et pour un tiers homme, nommé Gilgamesh. Régnant sur la puissante ville d’Uruk, ce monarque ne connaissait que la démesure. Fort comme un taureau, il ne cessait de mettre tout le monde au défi et de brandir ses armes. Véritable tyran et despote, aucun argument ne venait à bout des excès de Gilgamesh. Mais, un jour, les habitants de sa puissante ville décidèrent de se tourner vers les dieux pour leur demander de l’aide. Ces derniers, entendant leurs plaintes, leur envoyèrent alors un autre fabuleux personnage du nom d’Enkidu. Il était aussi fort et vaillant que le roi, un homme de la nature vivant parmi les bêtes alors que Gilgamesh résidait au cœur de la cité. Le combat entre eux deux était, on s’en doute, inévitable ; allait ainsi commencer une captivante et longue épopée passée à la postérité comme l’une des premières léguée par l’écrit sur des tablettes d’argile…
Un parcours initiatique
C’est cet incroyable mythe fondateur mésopotamien que les éditions Diane de Selliers viennent de publier dans une édition tenant à la fois du livre d’art et d’histoire, entre culture et philosophie, et dont maints passages ont été à l’origine d’importants récits bibliques. La sagesse du héros survenant après une longue errance constitue en quelque sorte l’allégorie de la vie des mortels, passant des passions de la jeunesse à la raison ou sagesse venant avec l’âge. Suivant un véritable parcours initiatique, Gilgamesh aveuglé initialement par sa force ne discerne pas le bien du mal et vit en totale démesure. Les épreuves qu’il aura à affronter le conduiront cependant progressivement à la quête de l’immortalité, pour enfin réaliser le caractère vain de sa recherche…
Le lecteur du XXIe siècle ne pourra qu’être saisi par les nombreux traits de l’épopée de Gilgamesh similaires ou proches de ceux de la Bible.
Cet ouvrage conjugue en une rare qualité le texte de l’épopée provenant de la fin du IIIe millénaire av. J.-C. traduit avec délicatesse et poésie par Abed Azrié et de splendides photographies dues au talent du photographe Jean-Christophe Ballot. Les trésors de la Mésopotamie conservés dans les plus grands musées du monde dont celui du Louvre viennent ainsi non seulement illustrer, mais dialoguer avec cet incroyable récit.
Véritable mémoire de l’humanité ayant inspiré de nombreuses civilisations ultérieures, cette exceptionnelle édition transporte le lecteur dans les mythes fondateurs à la source notamment de la Bible, tout en nous conviant à réfléchir sur notre condition de mortel – comme le fera plus tard dans la Bible le Qohélet — ainsi que le souligne Diane de Selliers à propos de ce héros : “Gilgamesh lui aussi relie le passé au présent, comme tous les héros antiques. Il connaît la gloire et l’orgueil, l’amitié et la tristesse, la connaissance et le doute. Courageux et intrépide face au danger, il est anxieux et faible confronté à l’épreuve ultime de la vie. Après la mort de son ami Enkidou, son destin bascule et ses rêves d’immortalité le ramènent à sa condition universelle d’homme mortel.”
Une épopée inspirant la Bible
Le lecteur du XXIe siècle ne pourra qu’être saisi par les nombreux traits de l’épopée de Gilgamesh similaires ou proches de ceux de la Bible. Le récit du Déluge, notamment, se trouve ainsi pour la première fois évoqué dans cette épopée, une référence troublante à celui qui sera ultérieurement repris par la Bible. C’est la redécouverte stupéfiante de ce récit que fit en 1872 l’historien anglais George Smith en traduisant ces tablettes :
“Un jour, les grands dieux ont décidé de faire le déluge entre eux ils ont tenu conseil…”, après ces quelques mots, suit une longue description que nous pouvons retrouver dans le récit du déluge biblique. Ainsi, l’édification relatée dans le détail d’un immense bateau – la future arche de Noé – est exigée des dieux pour qu’un juste échappe aux eaux qui allaient submerger toute la terre afin de punir les hommes. Cependant, à la différence du récit biblique, cette punition n’intervient pas dans le récit de Gilgamesh en raison du mal commis par les hommes, mais plus “simplement” ou prosaïquement parce que ces derniers dérangeaient les dieux en faisant trop de bruit… Au terme de cette immersion totale des terres, le lecteur de l’épopée mésopotamienne retrouvera même mention d’une colombe et d’un corbeau symbolisant la fin de cette terrible épreuve, précisions qui seront reprises dans le détail par la Genèse, premier livre de la Bible.
Ainsi que le souligne Ariane Thomas, directrice du département des Antiquités orientales du musée du Louvre : ” Transmise en Mésopotamie et dans tout le Moyen-Orient jusqu’en Égypte, L’Épopée de Gilgamesh compte parmi les plus populaires des récits de l’Antiquité orientale et il n’est pas si étonnant d’en retrouver des échos dans plusieurs récits plus tardifs de l’Asie centrale à l’Europe. D’importantes réminiscences – ou influences littéraires – dans plusieurs grands récits antiques et particulièrement dans le récit biblique sont évidentes, à commencer par le Déluge ou encore le fait qu’un serpent prive l’humanité de l’immortalité.”Nombreux sont encore, en effet, les emprunts de la Bible à ce récit fondateur que nous pouvons aujourd’hui (re)découvrir avec cette remarquable édition.
Pratique :