“Je voulais sauver mon église de la fermeture !” Raymond Landy, 89 ans, est un homme modeste et discret. Son beau geste envers sa commune de La Chapelle-sur-Aveyron (Loiret), une donation de un million d’euros pour la restauration de l’église Saint-Loup et Saint-Roch, il voulait le garder secret et surtout ne pas faire de promotion autour de son nom. Mais la nouvelle s’étant vite répandue, cet ancien agriculteur de 89 ans, s’est vite retrouvé au centre de l’attention des médias. Très humble, il a laissé les autres raconter son histoire. Mais pour Aleteia, il a ouvert la porte de sa chambre de maison de retraite, où il réside depuis un an, pour confier le lien indéfectible qui le lie à “son” église qu’il désirait plus que tout voir réparée.
Dix ans de recherche de financement
À ses côtés, Christian Chevallier, le maire de la commune, n’a pas assez de mots pour remercier son généreux donateur. “Depuis plusieurs année, la charpente est en train de flancher au milieu de la nef. Une voûte craque également. Pour éviter que des morceaux de plâtre ne tombent sur les fidèles, un filet de protection a été installé. L’église Saint-Loup et Saint-Roch est le seul bien de notre commune. Il n’était pas question de la fermer”, explique-t-il à Aleteia. Mais enlever toute la toiture, reprendre la charpente, refaire la voute… cela a un prix ! Un architecte a chiffré les travaux à 1,2 million d’euros. Une somme astronomique pour la petite commune de 642 âmes.
“Cela fait bientôt dix ans qu’on essaie de trouver des sous, reconnait l’édile. L’église n’est pas classée, nous n’aurons donc pas plus de 20% de subventions de la part de la région et du département, calcule l’élu. Et notre budget de 140.000 euros ne nous permet pas d’envisager de tels travaux. Jamais, je n’aurais pensé pouvoir lancer des travaux”. A2lors quelle ne fut sa (divine) surprise lorsque Raymond Landy lui a confié qu’il souhaitait donner la somme nécessaire à la commune.
Le père Jean Sigot, curé des onze clochers de l’ensemble paroissial de Chatillon-Coligny – Nogent sur Vernisson, se dit également particulièrement touché par “le geste humble” de Raymond Landy. Comme Christian Chevalier, il rend souvent visite à cet ancien agriculteur dans sa maison de retraite. “C’est un don inespéré pour la commune qui s’inquiète depuis plusieurs années de l’état de son église où il y a deux à trois messes dans l’année”, précise-t-il à Aleteia, heureux de voir le sanctuaire bientôt restauré grâce à Raymond Landy. “Elle est ouverte lors d’obsèques, de mariages ou de baptêmes, durant le temps des fêtes de Noël et des Journées du patrimoine grâce aux paroissiens.”
J’ai été baptisé dans cette église, j’y ai fait ma première communion, ma profession de foi et ma confirmation.
Il y a deux ans, cet agriculteur au sourire radieux a perdu son frère, Roger. Tous deux célibataires, ils ont toujours vécu ensemble dans leur maison natale. “J’ai hérité de mon frère. N’ayant moi-même pas d’héritiers, je ne voulais pas qu’à mon décès tout l’argent aille à l’État”, confie malicieusement Raymond à Aleteia. Il a donc décidé de le donner à sa commune… pour la réparation de l’église : “J’y ai été baptisé, j’y ai fait ma première communion, ma profession de foi et ma confirmation, justifie-t-il. Avant il y avait des messes tout le temps…”, explique-t-il d’une voix tremblante. Et de poursuivre : “Aujourd’hui, l’église est en très mauvais état, sans travaux, elle devrait fermer. Alors j’ai décidé de donner l’argent à la mairie pour sa réparation.” Cette somme considérable sera dédié uniquement à cette tâche, promet le maire qui indique que “Monsieur Landy pourra surveiller l’avancée des travaux”.
“Hâte que l’église soit réparée”
Pour remercier l’octogénaire de sa générosité, la commune a même décidé de renommer la place de l’Église à son nom et celui de son frère Roger. Une idée que Raymond Landy a rejeté catégoriquement. La place de l’Église restera la place de l’Église. Le maire songe tout de même installer une plaque à l’extérieur ou à l’intérieur du bâtiment pour rappeler l’histoire du bienfaiteur. En attendant, Raymond Landy se prépare à fêter la Nativité de Jésus. S’il aurait aimé assister à la messe de Noël dans sa paroisse chérie, il avoue qu’il n’est pas en mesure de le faire. “Je ne peux plus trop marcher, j’ai la maladie de Parkinson. Mais j’irai à la messe ici, à la maison de retraite”, glisse celui qui ne loupe aucune messe dominicale.
En attendant, il a “hâte que (son) église soit réparée”. Les travaux de celle-ci devraient débuter au printemps 2024. “En 2023, nous allons constituer le dossier pour demander les subventions. Elles financeront la restauration d’une partie du chœur et du clocher de l’église. Ainsi, on retapera l’église et ça va repartir pour un siècle !” se réjouit le maire.