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Distante de quelques kilomètres de l’actuelle Jérusalem, la petite bourgade d’Aïn Karem se blottit entre deux collines recouvertes de cyprès et de vergers. La tradition l’identifie à cette “région montagneuse de Judée”, où Marie “se rendit avec empressement” pour visiter sa cousine Elisabeth qui y résidait avec son mari, Zacharie (Lc 1, 39). Il est en effet possible qu’à cette époque, ce village ait été réservé aux familles de la classe sacerdotale et aux lévites officiant dans le Temple voisin.
Un témoignage du XIVe siècle affirme que le couple aurait disposé de deux maisons. L’habitation principale, située dans la vallée, serait celle où Jean aurait vu le jour et où son père, retrouvant la parole après en avoir été privé, aurait entonné le “Benedictus”. La seconde, plus en hauteur et permettant d’échapper aux fortes chaleurs estivales, aurait été le refuge d’Elisabeth alors qu’elle tenait secrète sa grossesse (Lc 1, 24). C’est sans doute là que Marie vint la trouver et chanta son “Magnificat“. Ces deux événements narrés par l’évangéliste Luc et les cantiques d’action de grâce qui les accompagnent sont célébrés par deux églises, confiées à la Custodie de Terre sainte.
Deux églises pour deux traditions
Le premier sanctuaire fait mémoire de la Visitation ; une mosaïque représentant l’arrivée de Marie à Aïn Karem en orne d’ailleurs la façade. L’édifice présent, achevé en 1955, s’élève sur les restes de l’église qui fut bâtie par les Croisés, puis abandonnée après la prise de Jérusalem par Saladin en 1187. Pendant une brève période, le Lieu saint échut aux Arméniens avant d’être récupéré par les Ottomans. En 1679, les franciscains parvinrent enfin à le leur racheter. Les plus anciens vestiges sont visibles dans la crypte de l’église et témoignent d’antiques traditions attachées à ce lieu – remontant sans doute au IVe siècle. L’on y voit d’abord un puits, alimenté par une source qui aurait jailli de la roche au moment de la salutation de Marie ; plus loin, placé dans une niche, se trouve le rocher vénéré comme étant celui derrière lequel le petit Jean aurait été caché par ses parents, lors du massacre des Innocents – l’histoire est rapportée par un écrit apocryphe, le Proto-Évangile de Jacques (IIe siècle).
Le second sanctuaire rappelle quant à lui la naissance du Précurseur. L’église originelle d’époque croisée fut transformée en étable par les musulmans jusqu’au XVIIe siècle, date à laquelle les franciscains en reprirent possession avant de la restaurer, puis d’en construire une nouvelle au XXe siècle, avec le soutien de la monarchie espagnole. À l’intérieur de l’édifice actuel, un escalier permet d’accéder à une grotte naturelle qui, toujours selon la tradition, faisait partie de la maison des parents de Jean et dans laquelle il aurait été mis au monde.
Des fouilles archéologiques menées au début des années 1940 ont montré que cette zone, habitée par des Juifs au Ier siècle, a été fréquentée ensuite par des païens – la découverte d’une statue de Vénus l’atteste – avant de devenir, à partir du IVe-Ve siècle, un cimetière chrétien centré autour de deux tombes de “martyrs de Dieu”, dont l’identité demeure inconnue.
Nombreux sont les pèlerins qui font halte en ce lieu rempli de douceur, désireux de gouter à l’exultation de Marie, Elisabeth, Zacharie et Jean-Baptiste devant l’accomplissement des promesses de Dieu.