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Objet d’une dispute sans fin entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, le territoire du Karabagh est une nouvelle fois pris en tenaille, enfonçant la population dans un drame humanitaire grave alors que le froid est de plus en plus prégnant. Le corridor de Latchin, qui relie le Karabagh à l’Arménie, a été coupé à la circulation, engendrant un blocus de fait de la région. L’eau et le gaz ont également été coupés plusieurs jours, l’Arménie accusant l’Azerbaïdjan de provoquer une tension humanitaire, l’opérateur gazier azéri invoquant un problème technique dû au froid.
Si l’approvisionnement en gaz a été rétabli le 16 décembre, la situation humanitaire demeure toujours fragile. Le gaz du territoire est certes fourni par l’Arménie, mais via un gazoduc qui traverse un territoire désormais passé sous le contrôle de l’Azerbaïdjan. Plus que jamais, le Karabagh est dépendant de son voisin arménien. Le sort du territoire est lié aux pourparlers de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et au pouvoir de la Russie qui assure encore une présence avec ses Casques bleus. L’avenir du Karabagh n’est pas entre les mains de Stepanakert, sa capitale, mais dans les rapports de force de ses voisins.
Prolonger ou finir la guerre ?
L’Azerbaïdjan pensait aboutir à un traité de paix avec l’Arménie à la fin de l’année 2022, mettant à profit l’enlisement de la Russie en Ukraine pour négocier seul avec Erevan sans que Moscou n’intervienne ou n’impose son plan. Ces négociations n’ont pas abouti et aucune paix ne se profile à l’horizon. Bakou a donc décidé de passer à la vitesse supérieure en accentuant la pression sur le Karabagh et sur l’Arménie pour qu’un accord soit trouvé à son bénéfice. Ayant usé la voie diplomatique, l’Azerbaïdjan a opté pour l’arme du blocus. Ce sont près des trois-quarts du territoire du Karabagh qui ont été repris par l’Azerbaïdjan depuis 2020, la population arménienne étant concentrée autour de la capitale de la région, Stepanakert, et de quelques villages environnants.
Ces événements au Caucase sont les répliques diplomatiques du séisme ukrainien.
Le motif invoqué par Bakou pour justifier la fermeture du corridor de Latchin est que des armes circulent de façon illégale vers le Karabagh. L’Azerbaïdjan souhaite pouvoir surveiller et contrôler ces flux, alors que les pourparlers de paix avec les forces russes ont échoué. Le cessez-le-feu de 2020 avait prévu que les forces russes devaient assurer la sécurité du corridor. Celles-ci ne le faisant pas du fait de la guerre en Ukraine, Bakou supplée au vide laissé par la Russie en installant ses propres postes de douane et en contrôlant les frontières de Latchin. Ces événements au Caucase sont les répliques diplomatiques du séisme ukrainien. D’où le blocus opéré à l’encontre du Karabagh qui a plongé la population dans une nouvelle détresse humanitaire.
Drame humanitaire
Aux coupures de gaz et d’eau s’ajoute le manque de nourriture. Le Karabagh est dépendant de l’Arménie pour ses approvisionnements en carburants et en produits frais ; la route coupée, ce sont les marchés qui ne sont plus approvisionnés. Ni légume, ni viande, ni farine, ce qui fait peser une grave tension sur l’accès à l’alimentation. Le gouvernement arménien du Karabagh a décidé un blocage des prix et un rationnement des denrées alimentaires pour limiter la consommation et éviter des pénuries. Si la population est habituée à la guerre et aux manques, il n’empêche que ce nouveau coup dur affaiblit les 120 000 habitants qui restent dans la région. L’approvisionnement par voie aérienne n’est pas possible non plus, le Karabagh ne disposant pas d’hélicoptère. Le drame humanitaire s’ajoute donc à tout le reste pour un conflit dont nul ne voit d’issue possible. L’Arménie n’a plus vraiment les moyens de négocier et l’Azerbaïdjan est en position de force. Une position que Bakou compte bien exploiter pour achever sa reconquête de la région.