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La position des protestants sur les images évoluera avec le temps allant de la position assez modérée de Luther à leur égard jusqu’à celle radicale de Calvin les bannissant sans nuances sur le fondement de l’interdiction posée par l’Ancien Testament. Face aux nombreuses églises transformées en temples où le culte réformé avait la plupart du temps détruit ou jeté hors des murs les œuvres d’art sacré, un concile dit de Trente proposera sur une longue durée allant de 1545 à 1563 toute une série de mesures à apporter afin de lutter contre cette Réforme qui avait envahi l’Europe. Parmi ses décisions, le Décret sur les saintes images allait apporter de nombreuses prescriptions, tenant à la fois compte des abus commis au sein du christianisme à l’égard des images sacrées, tout en réaffirmant l’importance de l’œuvre d’art pour la glorification de Dieu. Ces règles tridentines (du nom de la ville de Trente en Italie) allaient dès lors apporter un changement important dans la manière de représenter la Bible dans l’art…
La sainteté de la maison de Dieu
Afin d’écarter les critiques – souvent justifiées – des excès commis par l’Église avec les superstitions et gains frauduleux réalisés à partir d’images sacrées, une nouvelle ère s’annonce sous le signe de la rigueur et de l’austérité sans pour autant avaliser, bien sûr, la Réforme. Ainsi, le concile de Trente posa notamment comme principe absolu : “On supprimera donc toute superstition dans l’invocation des saints, dans la vénération des reliques ou dans un usage sacré des images ; toute recherche de gains honteux sera éliminée ; enfin toute indécence sera évitée, en sorte que les images ne soient ni peintes ni ornées d’une beauté provocante…” (Décret sur les saintes images paragraphe 1825)
La pénitence, le martyre, les multiples évocations de la Vierge Marie seront autant de réponses à la position iconoclaste (…) des protestants.
Un style épuré et austère va dès lors s’imposer dans la manière pour les artistes de mettre la Bible en images. Les nus et autres représentations charnelles disparaissent des toiles pour privilégier une lecture plus fidèle et littérale des Écritures.
Le culte des saints et de leurs images
Le culte des saints se trouve réaffirmé malgré la critique posée par la Réforme ; le même concile de Trente enjoindra “à tous les évêques et à tous les autres ayant la charge et le devoir d’enseigner que, conformément à l’usage de l’Église catholique et apostolique, reçu dès les premiers temps de la religion chrétienne, et conformément au sentiment unanime des saints Pères et aux décrets des saints conciles, ils instruisent diligemment les fidèles, particulièrement sur l’intercession des saints et leur invocation, les honneurs dus aux reliques et le légitime usage des images”. La pénitence, le martyre, les multiples évocations de la Vierge Marie seront autant de réponses à la position iconoclaste (contre les images) des protestants.
La notion même de purgatoire où les âmes patientaient avant d’entrer au paradis avait fait l’objet de critiques tout aussi radicales de la part du mouvement réformateur. Le concile de Trente réaffirme pourtant cette notion avec nombre d’œuvres d’art signées par les plus grands artistes tels Le Guerchin, Guido Reni, Puget, Le Greco, etc.
Le sacrement de l’eucharistie tient enfin une place primordiale dans les images sacrées proposées par la Contre-Réforme avec des évocations inoubliables de la Cène proposées par les grands maîtres telle celle de Rubens accrochée à la Pinacoteca de Brera à Milan où le Christ – pain vivant – irradie de lumière l’ensemble de ses disciples regroupés autour de lui…