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Prêtre depuis plus d’une trentaine d’années, j’ai vécu une conversion quinze ans “après” avoir été ordonné, expérience que j’ai racontée dans Renaître d’en haut (Éd. de l’Emmanuel). Plus récemment, s’est ajoutée une découverte plus approfondie de la Providence, pas seulement au niveau intellectuel par un travail théologique, mais surtout par l’expérience. Cette vie d’abandon à la Providence est devenue pour moi un véritable secret de vie, source de paix et de joie profonde, et même d’une plus grande fécondité apostolique. Rien d’étonnant à cela : quand on laisse Dieu être Dieu en nous, il agit, il donne et il se donne !
Un trésor de vie
Reconnaissons-le, on n’ose plus guère parler de la Providence à l’intérieur de l’Église : on a tellement peur de paraître “décalé” par rapport à l’esprit du monde, on se laisse beaucoup trop impressionner par l’incroyance actuelle qui somme Dieu de rester dans ses nuages et surtout de ne pas intervenir dans notre monde… ce serait, dit-on de l’ingérence, une atteinte à notre sacro-sainte liberté ! Celui, celle qui fait le choix de vivre à l’ombre de la Providence expérimente tout le contraire, il devient de plus en plus désencombré de lui-même et libre de la liberté même de l’Esprit : “Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté”, dit saint Paul. J’ai écrit ce livre La Providence, un Dieu si proche, car la découverte et surtout l’expérience de la Providence à travers les riens du quotidien a vraiment changé ma vie d’homme et de prêtre. Je ne pouvais pas garder pour moi un tel trésor de vie, cela aurait été de l’égoïsme. Mon désir le plus cher est que le lecteur fasse à son tour l’expérience de la Providence et en goûte les fruits délicieux.
Deux difficultés : la liberté et le mal
À propos de la Providence, le Catéchisme enseigne : “Ce sont les dispositions par lesquelles Dieu conduit sa création vers cette perfection” (CEC, n. 302). La définition est condensée, essayons d’en dire davantage. Commençons par déblayer le terrain. Le dogme de la Providence se heurte à deux grandes difficultés. La liberté tout d’abord : si Dieu a un plan d’amour sur ma vie suis-je vraiment libre, tout n’est-il pas prédéterminé d’avance, Dieu n’est-il pas un manipulateur ? La seconde grande difficulté est le mystère du mal : comment Dieu peut-il permettre le mal, mérite-t-il d’être appelé le “Bon Dieu” ? Le Catéchisme répond à ces deux objections : “Dieu n’est en aucune façon, ni directement ni indirectement, la cause du mal moral. Il le permet cependant, respectant la liberté de sa créature, et, mystérieusement, il sait en tirer le bien.”
Dans les grands événements et les petits détails
L’horizon dégagé, nous sommes davantage disposés à accueillir positivement le mystère de la Providence. Parler de la Providence c’est tout d’abord affirmer que Dieu Créateur porte chaque être, lui donne d’exister instant après instant. Il y a plus que cela, le Dieu Providence, si nous acceptons de collaborer librement avec lui, nous emporte dans un plan d’amour et de bonheur. Qu’il est bouleversant par ailleurs de savoir que la divine Providence s’intéresse à chacun comme s’il était unique au monde ! Frossard aimait dire que “Dieu ne sait compter que jusqu’à un” ! Quelle merveille enfin, lorsqu’on découvre que la Providence est impliquée dans les plus grands événements de l’histoire comme dans les plus petits détails qui tissent notre quotidien : “Plus que jamais, écrit la petite Thérèse, je comprends que les plus petits événements de notre vie sont conduits par Dieu. Il ne faut voir que Lui en tout.”
Vivre de foi, suppose qu’on travaille à ne plus être esclave du ressenti mais qu’on apprenne à faire confiance à un Autre.
Un mystère de foi
Ces fondements étant posés, il importe de préciser que la Providence sera toujours un mystère de foi. Pour voir la Providence agir dans nos vies, il faut d’abord y croire : “Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu”, dit Jésus à Marthe en vue de la résurrection de Lazare. Jamais Dieu ne s’impose, jamais son action en nous et dans le monde est d’une telle évidence qu’elle nous obligerait à croire : “Vraiment tu es un Dieu qui se cache”, dit le prophète Isaïe. Vivre de foi, suppose qu’on travaille à ne plus être esclave du ressenti mais qu’on apprenne à faire confiance à un Autre. J’ajouterai aussi qu’on ne goûte la Providence qu’à la condition de s’abandonner à elle. Tant de catholiques sont généreux pour Dieu mais très peu finalement permettent à Dieu d’être généreux pour eux ! Il faut pour cela consentir à “lâcher prise” dans notre manière de conduire notre vie : trop de personnes veulent tout gérer, tout maîtriser par elles-mêmes, il leur faudra apprendre à se laisser “maîtriser” par Dieu, ou si l’on préfère, à se laisser inspirer et guider par son Esprit.
Voici quelques éléments indispensables pour tenter l’expérience de la Providence. C’est une belle aventure, l’aventure sans doute la plus importante de la vie puisqu’elle a le pouvoir de changer la vie… la sérénité et la fécondité à la clé, je vous le promets !
Pratique :