Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
400 ans après sa mort, le pape François a publié le 28 décembre dernier une lettre apostolique, Totum amoris est (“Tout est à l’amour”), consacrée à saint François de Sales, grande figure de la Contre-Réforme catholique, évêque de Genève en exil et fondateur de l’Ordre des Visitandines. En dépit des guerres et des violences qui ont assombri son époque, saint François de Sales est connu pour son optimisme, sa douceur et son humilité. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce saint savoyard possédait un sacré sens de la répartie, auréolé d’un humour d’une grande finesse. De nombreux témoignages ainsi que ses lettres et ses écrits témoignent en effet de ses paroles joyeuses, chaleureuses, parfois taquines. Voici quelques anecdotes amusantes rapportées par Gilles Jeanguenin dans son dernier ouvrage paru récemment aux éditions Salvator.
1Sa plus grande peur
Un jour, la mère de François de Sales lui demande s’il n’a jamais peur.
“J’ai toujours peur, répondit-il, mais de déplaire à Dieu.” (Année sainte des religieuses de la Visitation Sainte-Marie, C. Burdet)
2Sommeil et prière
François de Sales se montre assez compréhensif envers les âmes portées à l’assoupissement durant la prière. Voici ce qu’il disait, avec sa bonhomie coutumière :
“Il ne me fâche pas que l’on dorme à l’oraison, pourvu que l’on fasse ce que l’on peut pour se réveiller.” (Œuvres complètes de saint François de Sales)
3lenteurs de l’administration
Le 14 mars 1599, François de Sales se rend à Rome pour consigner au pape Clément VIII des documents concernant le retour de la foi catholique dans le Chablais. Il attend patiemment, jour après jour, une réponse qui ne vient pas. Au lieu de s’énerver, il assure, avec un brin de moquerie :
“Je trouve que la lenteur des négociations n’est point due au calme et à la prudence de la Cour de Rome, mais plutôt à la bonté de la divine Providence, qui veut ainsi nous offrir beaucoup de temps libre, pour que nous puissions visiter les lieux saints à notre guise et faire de nombreuses prières à Dieu et à ses saints martyrs.” (Année sainte des religieuses de la Visitation Sainte-Marie, C. Burdet)
4Tendre l’autre joue : essaie pour voir !
Le 6 juillet 1608, François de Sales prêche dans le Chablais sur le pardon de ses ennemis. Après le sermon, un protestant, voulant le mettre à l’épreuve, l’interpelle :
“— Vous venez de dire, répliqua l’homme, qu’il faut, après avoir reçu un soufflet sur une joue, tendre l’autre pour en recevoir autant.
— Oui, dit François, j’ai dit cela, parce que c’est un enseignement évangélique.
— Eh bien ! dit le protestant, je voudrais bien savoir : si je vous donnais un bon soufflet maintenant, me tendriez-vous l’autre joue pour en recevoir un second ?
— Vraiment, dit l’humble et modeste François, je ne sais pas ce que je ferais ; mais je sais bien ce que je devrais faire, et il ne tiendrait qu’à vous de le vérifier.” (Année sainte des religieuses de la Visitation Sainte-Marie, C. Burdet)
5Comme Jésus avec les femmes
Tandis que certains moralisateurs lui faisaient de vifs reproches, se plaignant de le voir trop souvent en compagnie de dames, il répond de manière à mettre fin à toutes critiques :
“Sans comparaison, répondit le saint évêque, il en était de même pour notre Seigneur.” (L’esprit de saint François de Sales, JP Camus)
6Affaire de couture
Un jour, un gentilhomme surprit François de Sales en train de raccommoder ses propres
vêtements. Voyant le grand étonnement de celui-ci, le saint évêque dit en souriant :
“Monsieur, je ne vois point d’inconvénient à raccommoder moi-même ce que j’ai abîmé moi-même.” (Vie de saint François de Sales, évêque et prince de Genève, Charles-Auguste de Sales)
7Besoin de silence
En 1610, saint François de Sales fonde à Annecy l’Ordre des Visitandines, sous la direction de Jeanne de Chantal. Il recommandait régulièrement aux religieuses de marcher doucement afin de ne pas troubler la tranquillité d’une sœur qui ferait oraison. Un jour, sœur Simplicienne manque visiblement de douceur en entrant dans son bureau. François de Sales lui en fait la remarque avec humour :
“Un jour, toute préoccupée par sa vie spirituelle, sœur Simplicienne entra précipitamment dans le bureau de l’évêque et lui demanda :
— Monseigneur, que dois-je faire pour devenir sainte ?
— Pour commencer, répondit-il, apprenez à fermer la porte avec moins de bruit : c’est tout ce que Dieu souhaite !” (La spiritualité salésienne, brochure)
8Une grande dévotion à saint Antoine
François de Sales, qui avait étudié à Padoue, avait une grande dévotion envers saint Antoine. Un jour, quelqu’un se moque de lui, le comparant aux femmes qui offrent des cierges à saint Antoine au moindre objet perdu. Saint François répond avec douceur mais non sans ironie :
“J’ai envie, je vous assure, que nous fassions ensemble un vœu à saint Antoine de Padoue pour retrouver ce que nous perdons tous les jours : vous, la simplicité chrétienne, et moi, l’humilité, dont je laisse fort négligemment égarer les pratiques, quoiqu’elles soient fréquemment entre mes mains.” (Année sainte des religieuses de la Visitation Sainte-Marie, C. Burdet)
9François de Sales et le Saint-Suaire
Le 4 mai 1614, saint François participe à l’ostension du Saint-Suaire à Turin. La chaleur est extrême et le François est trempé de sueur. En penchant la tête, quelques gouttes de sa sueur tombent de son front sur le linge sacré, suscitant les foudres du cardinal Maurice de Savoie. Un an après cet incident, il écrit à Jeanne de Chantal :
“Ma très chère mère, le prince cardinal [Maurice de Savoie] crut se fâcher pour quelques gouttes de ma sueur qui étaient tombées sur le Saint-Suaire de mon Sauveur. Il me vient au cœur de lui dire que notre Seigneur n’était pas si délicat et qu’il n’avait répandu sa sueur et son sang que pour les mêler aux nôtres, afin de leur donner le prix de la vie éternelle.” (Œuvres complètes de saint François de Sales)
10Tout honneur doit revenir à Dieu
Un jour de Carême 1615, le père de La Rivière, provincial de l’ordre des Minimes, termine son homélie en exaltant publiquement les qualités de François de Sales, le citant comme modèle, et assurant que ses vertus répandaient un très agréable parfum dans toute l’Église. Le soir-même, François de Sales a l’air grave et silencieux :
“Je suis mortifié, répondit le prélat, parce qu’après avoir prêché avec fruit le Carême, vous
avez tout gâché aujourd’hui, en me flattant et en me louant avec exagération. Oh, que l’Écriture nous donne une belle leçon, quand elle nous commande de ne louer un homme qu’après sa mort ! Attendez donc, mon cher père, attendez que je sois mort pour
faire mon éloge.” (Saint François de Sales peint par les dames de la Visitation, Pélagaud
et Lesne)
Le bon religieux obéit à cette recommandation, et fut l’un des premiers à avoir écrit la vie de François après sa mort.
11Des anges gardiens comme servants de messe
Alors que François de Sales portait la communion à Anne-Jacqueline Coste, servante dans une famille protestante de Genève qui deviendra l’une des premières visitandines, cette dernière interrompt l’évêque en s’écriant : “Monseigneur, nous n’avons pas de servants de messe, que fait-on ?” François de Sales sourit et répondit :
“Ma fille, mon ange qui est ici entre nous deux et le vôtre qui est près de vous rempliront la fonction de servants de messe.” (Come piace a Dio, san Francesco di Sales e la sua grande figlia, G. Papàsogli)
12Une humilité à toute épreuve
Le second dimanche de l’Avent 1622, une quinzaine de jours avant sa mort, saint François de Sales est à Lyon, invité par les pères jésuites à prêcher dans leur église. Malgré sa fatigue et ses douleurs, il accepte de venir prêcher sur la pauvreté évangélique. Il souffrait notamment de la jambe et se déplaçait à l’aide d’une canne. Tandis qu’on lui avait fait venir un carrosse pour faciliter son déplacement, François de Sales le renvoie en disant :
“Ce serait un comble que je vienne prêcher sur la pénitence de saint Jean-Baptiste et sur la pauvreté en carrosse !” (La Rivière, P. Pernet)
Pratique