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L’Assemblée nationale du Pakistan a adopté, mardi 17 janvier, un amendement à la législation sur le blasphème. Cette dernière prévoyait déjà la peine de mort pour toute personne rendue coupable d’avoir insulté le prophète Mahomet. Avec l’amendement, elle prévoit désormais un minimum de dix ans d’emprisonnement au lieu de sept, pour insulte aux compagnons, épouses et membres de la famille du prophète. À cet allongement de la peine de prison s’ajoute une amende d’un million de roupies, soit un peu plus de 4.000 euros.
Les défenseurs des droits humains ont exprimé leurs vives inquiétudes face à cet amendement du code pénal. Il conduira selon eux à aggraver le risque de fausses accusations de blasphème. Au Pakistan, l’utilisation abusive — pour ne pas dire mensongère — de la législation contre le blasphème conduit régulièrement à la condamnation d’innocents. Elle encourage les persécutions et les discriminations contre les minorités religieuses, selon Joseph Jansen, président de l’organisation britannique Voice for Justice.
Une source de persécutions permanentes
République islamique, le Pakistan compte 230 millions d’habitants, dont 97% de musulmans, majoritairement sunnites. Les 3% restants comportent des hindous, des sikhs et des chrétiens, dont la majorité sont catholiques. Malgré une Constitution autorisant a priori toutes les confessions, les discriminations sont le lot quotidien de ces minorités. Les lois draconiennes de lutte contre le blasphème en sont la preuve. La sentence de peine de mort est régulièrement prononcée sur de fausses accusations. Les chrétiens sont parmi les premiers à en faire les frais.
Asia Bibi, mère de famille et chrétienne, avait ainsi passé huit ans en prison, accusée d’avoir blasphémé contre Mahomet. Elle n’avait été acquittée qu’en 2018. Shagufta et Shafqat Emmanuel, un couple catholique pakistanais, avaient eux aussi été arrêtés à la suite de fausses accusations de blasphème, en juillet 2013. Ils n’ont été relâchés qu’en 2021. Ishtiaq Saleem, lui aussi chrétien, est accusé de blasphème pour avoir prétendument partagé des images sacrilèges de Mahomet sur WhatsApp en novembre dernier. Plus récemment encore, c’est une jeune femme musulmane qui a été condamnée à la peine de mort, le 19 janvier, pour avoir partagé sur WhatsApp du “contenu blasphématoire”.