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De sa peluche à ses armoiries, la passion insoupçonnée de Benoît XVI pour les ours

Teddy bear

NIKCOA / Shutterstock

Marzena Devoud - publié le 11/02/23

Si beaucoup de fidèles connaissent l'image de l'ours (et sa belle symbolique) dans le blason pontifical de Benoît XVI, peu savent que Joseph Ratzinger avait une vraie passion pour les ours, y compris les ours en peluche !

« Voulez-vous l’ours en peluche « Pape émérite Benoît XVI » ? Edition limitée, dépêchez-vous ! » Non, ce n’est pas du tout une blague. Installée à Coburg, en Allemagne, la manufacture familiale Hermann spécialisée dans la fabrication des peluches a ainsi lancé fin janvier sa nouvelle production, fabriquée en série limitée à la mémoire du pape Benoît XVI. Rembourré à la main avec de la laine de bois, vêtu d’une cape papale blanche, d’une ceinture en lurex doré et d’une calotte, le modèle ne compte que 265 pièces. Pourquoi précisément 265 ? Le fabricant l’explique sur le descriptif du produit : le pape Benoît XVI est le 265ème souverain pontife dans l’histoire de l’Église.

En mohair « haute qualité », la peluche qui mesure 38 cm, porte en effet cette inscription « In Memoriam Pope Emeritus Benedict XVI » sur la plante de sa patte gauche avec la date du décès brodée, « 31 décembre 2022 ». Sur l’autre patte, ses armoiries papales. S’il coûte 229 euros, il faut bien préciser qu’il est accompagné d’une croix pectorale dont le cordon est incrusté de cristaux Swarovski. Enfin, tradition oblige : l’ourson aux yeux bruns est doté d’une voix de grogneur (!).

Ours Benoit XVI / Hermann
La peluche « Pape émérite Benoît XVI » de la manufacture allemande Hermann.

Mais si ce dernier est en réalité plutôt une pièce de collection qu’un doudou destiné aux enfants, derrière sa création se cache une histoire émouvante liée à l’enfance du pape allemand. Elle est racontée par Georg, son frère aîné, dans son livre Mon frère le Pape (Bayard).

Teddy, le petit ours en peluche de Joseph Ratzinger

Tout commence par une passion d’enfance. Plus précisément, par un ours en peluche qu’un jour un tout jeune Joseph Ratzinger remarque dans la vitrine du Lechner emporium, le magasin situé juste en face de sa maison natale à Marktl. Georg se souvient de l’enthousiasme du futur pontife devant ses vitrines décorées à l’approche de Noël : « Pendant l’Avent, nous nous promenions toujours ensemble : ma sœur à droite, moi à gauche et Joseph, qui ne pouvait pas encore sortir seul, au milieu. »

Joseph-Ratzinger-Young.jpg
Joseph Ratzinger, enfant, avait une passion pour le petit ours en peluche Teddy.

Il est clair que l’inspection quotidienne de la petite fratrie n’est pas totalement désintéressée, car « au milieu des branches de pin, du papier doré et des fils d’argent, on voyait les jouets dont on rêvait ». « Celui que mon frère préférait était un ours en peluche, qu’il regardait avec admiration. Nous y allions tous les jours, par tous les temps, mais c’est lui qui en était le plus friand. Il aurait tellement aimé le tenir dans ses bras ! Un jour, la propriétaire du magasin, une dame très gentille, nous a invités à entrer et nous a révélé son nom : Teddy ! » Seulement, un « drame » s’est abattu sur le petit Joseph : « Juste avant Noël, nous avons découvert que la peluche avait disparu. Joseph a pleuré amèrement : “Il est parti !” Nous avons essayé de le consoler, mais il était trop triste et nous aussi. » Mais, bien sûr, l’anecdote se termine bien, comme un vrai conte de Noël : « Le 25 décembre est arrivé avec sa traditionnelle distribution des cadeaux. Lorsque mon frère est entré dans le salon avec le sapin décoré, il a éclaté de bonheur : parmi les cadeaux, il y avait l’ours en peluche tant désiré. L’enfant Jésus le lui avait apporté. C’était la plus grande joie de sa jeune vie. » Pas difficile d’imaginer le petit Joseph Ratzinger rire et jouer avec son ours tant aimé. Surtout, il est amusant de constater que cet animal a joué un rôle important dans toute sa vie.

L’ours, saint Corbinien et le blason papal

C’est précisément l’image de l’ours que Benoît XVI a voulu placer dans ses armoiries papales : sans doute une référence à la vie de saint Corbinien (patron du diocèse de Munich et Freising, dont Ratzinger était l’évêque), mais sans doute aussi un hommage à un animal que le prêtre a toujours aimé. En effet, depuis sa nomination comme évêque de Munich et Freising, il souhaitait inclure un ours dans ses armoiries. Dans son autobiographie publiée alors qu’il était encore cardinal, il a motivé ce choix ainsi : « De la légende de Corbinien, fondateur du diocèse de Freising, j’ai tiré l’image de l’ours. Un ours – selon cette histoire –  avait mutilé le cheval du saint, qui était en route pour Rome. Saint Corbinien l’a grondé durement pour ce méfait et, en guise de punition, il a chargé sur les épaules de l’animal le fardeau qui avait été jusqu’alors porté par le cheval. Ainsi, l’ours a le dû porter jusqu’à Rome… »

Blason de Benoît XVI
L’image de l’ours dans le blason pontifical du pape Benoît XVI.

Et c’est là que le cardinal Ratzinger a commenté son récit avec un certain humour : « Que pourrais-je vous dire de plus sur mes années d’évêque ? » Sans se douter du fardeau encore plus lourd qu’il aurait bientôt à supporter, le cardinal poursuit sa réflexion en ces termes prophétiques : « On dit de Corbinien qu’une fois à Rome il a rendu la liberté à l’ours. Que celui-ci soit allé dans les Abruzzes ou qu’il soit retourné dans les Alpes, la légende ne nous le dit pas. Entre-temps, j’ai apporté mes bagages à Rome et cela fait maintenant plusieurs années que je me promène avec mon chargement dans les rues de la Ville éternelle. Je ne sais pas quand je serai libéré, mais je sais que cela s’applique aussi à moi : « Je suis devenu une bête de somme, et c’est pour cela que je suis près de toi », a t-il ajouté.

Le pape théologien qui bénit un ourson en peluche

Qui sait si Benoît XVI n’a pas repensé à Teddy, son ours en peluche, quelques années plus tard ? En août 2005, à la fin d’une audience générale, il s’est produit un moment plein de tendresse relaté par Jeff Israely, correspondant du Time au Vatican : une petite fille de neuf ou dix ans, la main serrée dans celle de sa mère, faisait un câlin à un ours en peluche. Ses cheveux étaient très courts et son visage semblait bouffi par les médicaments. Le Pape a regardé la petite fille droit dans les yeux et a dessiné un signe de croix sur son front. Puis, sans la moindre hésitation, il s’est abaissé et a béni l’ours en peluche de la même manière. Il est difficile de trouver une meilleure anecdote pour décrire la douceur et la sensibilité de Benoît XVI , si palpable dès qu’on passait un instant près de lui. Teddy en fut le premier témoin.

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Pape Benoît XVI
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