La conversion du cœur passe aussi par la conversion de ses émotions. Durant le Carême, le père Michel Martin-Prével invite à "évangéliser" ses émotions, en les identifiant, puis en les transformant en vertu. Aujourd’hui, Aleteia donne des pistes pour passer de la distraction à l'abstinence.
Être distrait nous arrive souvent et subrepticement. La distraction sépare de notre devoir d’état, elle nous tire ailleurs que là où l’on doit être. Elle est une diversion, un simple manque d’attention. Souvent nécessaire et légitime en tant que divertissement, amusement, loisir, à condition qu’il soit sain et participe à notre bien comme détente, renouvellement, ou enrichissement, la distraction peut défaire la personne, voire « l’éclater » comme les jeunes disent « s’éclater » dans leurs distractions. Celles-ci défont l’unité de la personne. Un peu de divertissement la repose, beaucoup la disperse.
C’est là que l’abstinence bien comprise trouve toute sa place. Au sens premier, elle est une soustraction d’aliments, parfois simple discipline pour se libérer de toute forme de dépendance, tabagisme ou alcool, ou régime amaigrissant.
On peut surtout entendre l’abstinence en tant que réglée par la raison. Elle signifie alors un habitus et un acte de vertu. Lorsqu’il fait abstinence, l’homme devient plus fort contre les attaques de distractions devenues folles, car celles-ci seront d’autant plus puissantes qu’il leur cède davantage. Pensons aux smartphones et à leur pouvoir addictif si fort. On sait combien ils nous font passer du statut de leurs maîtres à leurs esclaves, combien les écrans nous coupent des autres, et combien ils nous déséquilibrent en diminuant le temps consacré au sport, à la culture par les livres, aux rapports sociaux, et prenant sur le temps dédié à son conjoint, à ses enfants ou à la prière ! Tous les divertissements sur internet sont-ils vraiment destinés à notre bien ?
L’abstinence est une partie de la tempérance, vertu cardinale, qui modère les appétits excessifs pour nous rendre plus forts et plus libres, et donc plus heureux. Ce qui paraît créer un manque, en réalité nous ramène à l’essentiel. Ce qui nous distrayait, s’évanouit dans la bonne mesure choisie comme chemin de sainteté et donc de bonheur.

