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“Cet état constant de mise en alerte nous empêche de vivre la prière telle qu’elle se vit dans notre vocation bénédictine.” Les mots employés par sœur Marie-Anne et sœur Agathe, religieuses de la Fraternité apostolique bénédictine, ne laissent pas place au doute. Accueillies depuis maintenant un peu plus de huit ans au sein de la paroisse Notre-Dame de Nantes, plus précisément dans l’église Sainte-Croix du quartier Bouffay, les religieuses sont à bout. Au point d’annoncer, dimanche 26 février, leur prochain départ. Face à la violence et l’insécurité grandissantes du quartier, elles ont indiqué que leur mission à Nantes touchait à sa fin.
“Toujours sur le qui-vive”
“Il est fort probable que vous en deviniez en partie la raison car vous connaissez ce quartier Bouffay, si charmant mais, aussi, si navrant”, expliquent-telle dans un édito publié dimanche 26 février par la paroisse. “Il est bien trop souvent le théâtre des déboires de notre société – de jour comme de nuit – et la vie quotidienne y est, à la longue, éprouvante.” “Pour nous, au fil du temps, c’est devenu trop usant”, résument sœur Marie-Anne et sœur Agathe simplement et tristement. “Quand nous sommes dans l’église Sainte-Croix, nous sommes toujours sur le qui-vive, toujours prêtes à réagir aux manques de respect du lieu, des personnes ou de la célébration qui s’y déroule.”
C’est parce que nous avons “tout essayé” que nous pouvons dire que nous ne pouvons pas faire “plus”.
Dans la journée, elles racontent comment elles se retrouvent contraintes d’intervenir dans l’église “pour des situations de débordement ou de violence”. Si elles sont le plus souvent le fait “de personnes en détresse psychique ou sous l’emprise de stupéfiants ou d’alcool, ou tout cela à la fois”, cet état “constant de mise en alerte” les empêche de vivre pleinement leur vocation. Et de reprendre : “Nous ne sommes pas des “franciscains du Bronx” et nous n’avons pas vocation à être agents de sécurité, même si nous avons pris quelques leçons de “self défense”.”
Les deux bénédictines ont bien évidemment cherché des solutions afin de temporiser et réguler ces problèmes quotidiens et ont ainsi collaboré avec la municipalité via des médiateurs de rue, la police, le Samu social… Mais “c’est parce que nous avons “tout essayé” que nous pouvons dire que nous ne pouvons pas faire “plus””, résument-elles. Les religieuses, qui partiront donc en juillet 2023, affirment être “en paix avec cette décision”. “Mais nous allons partir le cœur lourd”, regrettent-elles. “Ce qui pèse “lourd”, ce sont tous ces liens de fraternité tissés au fil du temps.”