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À deux pas de la station de métro Alésia, il est à peine dix heures mais à trente minute de la célébration, l’église est déjà pleine. Les derniers arrivants peinent à trouver une place. Aux portes de l’édifice, la foule se presse après avoir laissé un mot ou une prière en mémoire de l’abbé Cyril Gordien, qu’il fût un pasteur, un conseiller, un frère ou un ami. Ils sont plusieurs centaines, plus d’un millier, à être venus entourer le curé de la paroisse Saint-Dominique, trop petite pour accueillir cette foule immense.
Dans les transepts, les prêtres, presque deux cent, portent leur étole ou leur chasuble violette, la couleur du Carême et du confesseur, celle qu’a choisie le père Gordien pour “paraître au ciel”, explique le père Guillaume de Menthière, curé de Notre-Dame de l’Assomption de Passy (XIVearrondissement), dans son homélie.
Au son du grand orgue, la longue procession précède les six évêques et le cercueil de leur confrère, qui vient ensuite reposer au milieu des gerbes de fleurs colorées. Toutes ont été offertes par les paroissiens, les groupes scouts et les aumôneries, celles des lycées Notre-Dame de France et Gerson, dont le père Gordien a été le guide, assumant un rôle d’éducateur pour faire grandir les âmes de ceux qui lui étaient confiés.
Alors que l’émotion est palpable, Mgr Laurent Ulrich, qui préside la célébration, accueille les fidèles, la famille et la mère du défunt prêtre en évoquant ses divers engagements au service de l’Église et des jeunes, qu’il a servis tout au long de ses dix-huit années de sacerdoce. En cette fête de la Saint-Joseph, l’évangile du recouvrement de Jésus au temple résonne particulièrement, comme le souligne le père de Menthière dans son homélie, en faisait siens les mots “que l’Immaculée adressa à son divin fils : ‘‘Pourquoi nous as-tu fait cela ?’’”
Bénie soit la sainte Vierge qui canonise pour nous les mots de l’incompréhension.
“Comme elle nous est proche notre bonne mère du ciel, comme elle comprend notre sidération, nos déceptions, nos révoltes. Bénie soit la sainte Vierge qui canonise pour nous les mots de l’incompréhension” face à la maladie foudroyante qui a emporté un jeune curé alors que l’Église a tant besoin de prêtres. “Il y a là certainement la réponse la plus biblique à tous nos ‘‘pourquoi ?’’. Le Seigneur ne nous donne pas de tout comprendre, mais Il nous donne cette assurance : le juste vit par la foi, c’est-à-dire dans la confiance inébranlable à Dieu.”
C’est la joie qui triomphe au cœur de cette célébration
“Il se trouve que les Écritures connaissent trois Joseph, poursuit le P. de Menthière, Joseph le patriarche, fils de Jacob, Joseph l’époux de la Vierge Marie et enfin Joseph d’Arimathie, le notable d’Israël. Joseph le patriarche, au moment où il est reconnu en Égypte par ses frères, qui l’ont vendu, prononce cette parole mémorable : ‘‘Le mal que vous aviez dessein de me faire, Dieu l’a changé en bien’’. Voilà une certitude qui doit nous habiter. Oui, assurément, de tout mal Dieu peut faire un bien. Les prêtres sont bien placés pour le savoir : au confessionnal, ils sont témoins d’une alchimie prodigieuse. Par la puissance de la miséricorde de Dieu, toute la fange du péché devient source limpide de grâce. Lorsque le pécheur confesse avec humilité sa faute, alors même le mal le plus grand devient bénédiction. Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, etiam peccata : même les péchés. Ce n’est d’ailleurs pas par les habits seulement que Cyril ressemblait au saint curé d’Ars, ni même par une certaine assimilation physique, chevelure en moins, mais d’abord par cette volonté d’être prêtre intégralement, c’est-à-dire avide de Dieu et des âmes. Je ne vois donc qu’une seule façon de lui rendre témoignage : allez vous agenouiller au confessionnal pour renouer avec cette miséricorde divine dont l’abbé Gordien a voulu être le ministre auprès de vous.”
Après la bénédiction finale, le cercueil de l’abbé rejoint le parvis que le soleil de ce premier jour du printemps illumine tandis que résonne le chant de la promesse scoute. Un écho à la prière “Notre-Dame des éclaireurs” récitée plus tôt : “Comme les tentes légères que l’on roule pour partir, garde-nous, âmes passagères, toujours prêtes à mourir. Fais-nous quitter l’existence joyeux et pleins d’abandon, comme un scout, après les vacances, s’en retourne à la maison.”