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Le pèlerinage gitan aux Saintes-Maries-de-la-Mer, une tradition qui rassemble

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Jacques Sierpinski / Aurimages via AFP

Pèlerinage des gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer.

Domitille Farret d'Astiès - publié le 25/05/23

Le pèlerinage annuel des gens du voyage a rassemblé ce mercredi 24 et ce jeudi 25 mai des milliers de fidèles aux Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches-du-Rhône) autour de leur patronne sainte Sara. Une tradition particulièrement ancrée.

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Au milieu du brouhaha ambiant, des femmes en tenues andalouses, quelques chapeaux de gardians camarguais, des anneaux dorés brillant aux oreilles et quelques croix en or qui étincellent sous le soleil de mai. Ici, on esquisse une génuflexion, là, on gratouille une guitare, plus loin, on récite un “Je vous salue Marie” les paupières closes. Nous sommes au pèlerinage des Gitans qui se tient chaque année fin mai aux Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches-du-Rhône), lieu emblématique pour les gens du voyage. Ils sont des milliers et des milliers, venus des quatre coins de la France et d’autres régions d’Europe, à se retrouver autour des figures des saintes locales.

En effet, dans ce sanctuaire, l’un des premiers lieux de pèlerinage de la Provence, ce ne sont pas moins de trois saintes qui sont honorées : sainte Marie-Jacobé, sainte Marie-Salomé et sainte Sara. Selon la tradition, les deux premières, qui avaient accompagné Jésus au cours de sa vie apostolique, auraient accosté depuis la Palestine sur le rivage de l’actuel village dans une barque sans voiles ni rames. Quant à Sara, la patronne des gens du voyage, elle est la servante des deux premières et les hagiographes la présente comme un personnage d’une grande humilité. Si sa présence n’est pas du tout attestée par l’Évangile, son culte “est immémorial”, selon Mgr de Provenchères, ancien archevêque d’Aix et Arles, qui a donc choisi de le maintenir “sous sa forme traditionnelle”. L’un des moments forts du pèlerinage reste la procession à la mer de la statue de Sara, portée par les Gitans jusqu’à la mer, puis immergée, avant de gagner à nouveau l’église du village. 

Ici, donc, on vient prier, chanter, veiller, se rassembler, être ensemble, toucher la statue de Sara dans la chaleur étouffante de la crypte où se consument mille et un cierges, se faire prendre en photo à côté d’elle, lui confier ses intentions… Sara, la servante des servantes, c’est celle qui rassemble. Point de crédulité chez ceux qui la prient mais un authentique acte de foi autour de son visage, comme en témoignent Amandine, Rosalie ou Toni.

Sandrine et Joseph

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Sandrine et Joseph.

Cueillis à la fraîche devant leur café du matin, Joseph et Sandrine arrivent d’Orange dans leur camping-car loué pour l’occasion. Ils ne sont pas des habitués réguliers mais viennent en souvenir de Manoel, son père à lui, gitan espagnol et chanteur, mort accidentellement pendant un pèlerinage aux Saintes-Maries. Pour eux, le lieu est extrêmement symbolique. “La première fois, cela a été dur de venir ici”, confie Sandrine, “mais Manoel, cela lui aurait fait plaisir qu’on perpétue la tradition”.

Toni

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Toni.

Toni, 32 ans, tzigane d’origine hongroise, vient d’Arles. Les Saintes-Maries, il est tombé dedans quand il était petit puisqu’il s’y rend chaque année depuis qu’il est tout bébé. Cette fois, il a fait la route avec une caravane dernier cri achetée le mois dernier. “On vient pour la Sara, on la met dans l’eau”, explique le trentenaire. “Le soir, on se retrouve pour faire de la guitare. C’est mon tonton qui chante”, précise-t-il en riant. Pour lui, ce qui compte ? La tradition et le plaisir des retrouvailles. “J’ai plein d’amis et de famille ici”.

Rosalie et Édouard

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Rosalie et Édouard.

Rosalie et Édouard, 64 et 65 ans, ont fait la route depuis l’Isère avec leur chien Rouqui. Gitans yéniches, ils sont d’origine alsacienne et se rendent en pèlerinage ici plusieurs fois par an. “Nous sommes catholiques et pour nous, c’est important”, lance Rosalie tandis qu’Édouard exhibe non sans fierté le niglo en or qu’il porte autour du cou (le hérisson, symbole des gens du voyage). “Ici, on prie pour les anciens qui ne sont plus là, pour les pays en guerre, pour ceux qui  n’ont pas pu venir”, renchérit-il. “C’est aussi l’occasion de retrouver la famille et les amis”. Et avec leurs dix-sept petits-enfants, ils ont de quoi faire !

Nathalie et Jean

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Nathalie et Jean.

Fraîchement arrivés de Grenoble avec leur fille Loana, Nathalie et Jean sont manouche quant à elle, yéniche quant à lui. Ils connaissent bien le lieu qu’ils fréquentent régulièrement. “Quand ça va bien, on vient !”, lance Jean tandis que sa femme explique qu’elle est très attachée à Sara. “On vient ici pour elle, elle fait des miracles !”, s’exclame-t-elle avec enthousiasme. Pour eux, ce pèlerinage rime avec protection et bénédiction. Et ils sont sûrs d’y retrouver des amis. 

Amandine et Sébastien

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Amandine et Sébastien.

Âgés de 25 et 35 ans, Amandine et Sébastien viennent de Lyon et participent au pèlerinage pour la toute première fois. Elle est gitane d’origine sicilienne, lui d’origine andalouse. “C’est la première année qu’on a réussi à se rendre disponible. Nous avions besoin de voir cela de nos propres yeux”, se réjouit Amandine qui par ailleurs connaît bien les Saintes-Maries. “On adore : c’est un lieu d’apaisement où l’on se sent bien. On vient toujours brûler notre cierge. On se ressource”. “Ici, on part se balader à cheval”, ajoute Sébastien. “On oublie tout et on se recueille dans le silence et la nature”.

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Pèlerinage
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