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La scène se situe aux alentours de Courrières, dans le village natal du peintre Jules Breton. Dans la procession solennelle, quelques jeunes filles en communiantes précèdent les notables locaux et les paysans, arpentant la campagne pour implorer la bénédiction du Ciel sur les moissons à venir. L’élément central de la composition de La Bénédiction des blés en Artois (1857) n’est pourtant ni la campagne, ni les fidèles, ni même le clergé dans ses illustres chasubles, mais bien le Saint-Sacrement, exposé sous un ciel d’étoffe tendue.
Du temple de Salomon aux églises romanes
Le dais tient son nom du latin discus qui signifie “disque” ou “plateau”. Il désigne à l’origine une pierre saillante couvrant les statues de saints ou d’illustres personnages à l’extérieur ou à l’intérieur des édifices religieux ou civils au Moyen Âge. Comme un petit auvent, il permet de les protéger des intempéries et de la poussière. Sa forme, variable, est souvent inspirée des pavillons de tissus médiévaux, ou plus tard, de la conque, tandis que dans les tympans des portails, le dais est souvent représenté sous la forme d’un ciborium ou d’une niche. Le dais de procession est quant à lui un baldaquin mobile, en soie ou en velours, le plus souvent rouge ou blanc, que l’on utilise pour abriter non seulement le Saint-Sacrement, mais aussi les reliques d’un saint, l’huile consacrée, une statue ou, bien que l’usage se soit perdu depuis, un haut dignitaire.
Son utilisation remonte à l’Antiquité : le trône de Salomon est lui-même décrit comme “un grand trône d’ivoire, qu’il plaqua d’or affiné. Ce trône avait six degrés, un dossier à sommet arrondi, et des bras de chaque côté du siège” (1 Rois 10, 18-19). La vélation nuptiale, lorsque les jeunes mariés reçoivent la bénédiction sous le voile tendu, est quant à elle inspirée de la tradition juive. Enseignée par les Pères de l’Église aux premiers siècles du christianisme, elle symbolise l’union que Dieu scelle avec les époux au moment de la noce. Ici, le dais rappelle également la voûte étoilée qui sépare symboliquement la terre et le ciel, c’est-à-dire l’espace du divin, ainsi que le Temple où le Saint des saints était caché par un voile.
D’un usage pratique à une fonction symbolique
Ce n’est qu’au XIIIe siècle que l’Église fait du dais un élément central des processions religieuses, lors de l’institution de la Fête-Dieu par le pape Urbain IV en 1264. À l’origine purement pratique, puisqu’il servait à protéger des éventuelles intempéries le corps du Christ présent dans le Saint-Sacrement, il revêt très vite une fonction symbolique. Manifestant la présence de Dieu parmi les hommes, il s’étend progressivement au pouvoir terrestre pour devenir un élément constitutif des portraits royaux, au même titre que le sceptre et la couronne.