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Il y a deux grandes techniques pour bâtir : soit on rase tout, parce que c’est pourri et que nos prédécesseurs n’y connaissaient rien et on recommence en se disant que nous, nous savons faire et savons comment nous y prendre. Soit on fait du réemploi, on apprend de ceux qui nous ont précédés, on se sert des matériaux anciens, on garde dans le bâtiment tout ce qui est bon, ce qui est sain, ce qui est beau et le reste, ce qui est pourri, moisi et qui risque de mettre en péril tout l’édifice, on le jette. De la même façon, il y a deux grandes techniques pour évangéliser : soit on considère que chez les païens, il n’y a rien à sauver, il faut repartir de zéro ; soit on regarde ce qu’il y a de bon chez eux et ce qui est bon, on le garde.
Respecter la nature
L’Église a toujours privilégié la seconde technique. La preuve ? La fête de la nativité de saint Jean-Baptiste, célébrée un 24 juin à proximité du solstice d’été, ce moment où les jours commencent à diminuer. Depuis toujours, les hommes sont fascinés par ce cycle solaire, les jours qui croissent et qui ensuite diminuent : pour fêter ce phénomène merveilleux, ils ont toujours fait la fête, des fêtes païennes peut-être mais des fêtes. Ainsi à Noël, on fêtait le sol invictus, le soleil de victoire, parce qu’après le long hiver, à nouveau les jours commencent à croître et cela réjouit les cœurs. Et au solstice d’été, les hommes fêtent le jour le plus long de l’année : on allume des feux comme pour le prolonger encore un peu, sachant qu’après lui les jours vont raccourcir. Dans les premiers siècles, l’Église a vu ces fêtes rattachées à des divinités solaires ou naturelles, des fêtes polythéistes sans doute, mais des fêtes qui n’avaient rien de mauvais. Plutôt que de condamner — ce que l’Église fait assez peu en somme — l’Église a christianisé, elle a pris l’existant et lui a donné un sens chrétien : en fêtant la naissance de Jésus, le vrai soleil, lumière qui éclaire les nations le 25 décembre au solstice d’hiver, et saint Jean-Baptiste, celui qui doit diminuer pour que le Christ croisse, le 24 juin au solstice d’été.
Oui, parce que quitte à faire tomber un mythe… Jésus n’est pas né le 25 décembre pas plus que Jean-Baptiste ne serait né le 24 juin. On ne pourra jamais lutter contre ceci : aux alentours du 24 juin, nous ne sommes pas loin du jour le plus long. Vous pouvez affirmer que ce n’est pas vrai, que c’est juste une donnée culturelle qui peut être changée, qu’il faut vivre avec son temps, que cela nous a été imposé par les catholiques et leur morale judéo-chrétienne… en fait non ! il ne suffit pas de dire que le solstice d’été c’est à la mi-août pour que la réalité change : c’est un invariant naturel, c’est anthropologique, profondément enraciné dans la nature. Alors bien sûr, on peut vouloir changer la nature, on peut se révolter contre elle, mais à vos risques et périls ! Le professeur Lejeune disait : “Dieu pardonne toujours, les hommes parfois, mais la nature jamais.” Il ne faut pas lutter contre la nature, elle gagne toujours, il faut la respecter.
Regarder ce qui est bon
De la même manière qu’en matière de construction ou d’évangélisation, il y a deux techniques, deux grandes attitudes face au monde. Face à vos amis qui ne sont à la messe, soit on se dit qu’il faut tout raser, tout jeter, tout condamner et recommencer sur des bases saines — mais, vous avez bien compris que ce n’était pas catholique : c’est la grande leçon de la saint Jean-Baptiste et du solstice d’été. Soit on apprend à regarder ce qui est bon dans le monde, ce qui est beau, ce qui est vrai, ce qui est authentiquement humain : tout cela, c’est nôtre. Tout cela, on le garde, tout cela, c’est nécessairement conforme à l’Évangile. Si c’est authentiquement humain, c’est évidemment catholique ou en tout cas, nous reconnaissons dans tout ce qui est conforme à l’humanité l’œuvre créatrice de Dieu.
Dieu est déjà à l’œuvre dans mon frère. Lui ne le sait pas, mais nous, nous le savons grâce à ce regard profondément bienveillant, exercé à voir l’œuvre de Dieu !
Nous y reconnaissons la bonté de Dieu ; c’est sa marque. Tout cela, on le garde et on le regarde avec émerveillement : Dieu est déjà à l’œuvre dans mon frère. Lui ne le sait pas, mais nous, nous le savons grâce à ce regard profondément bienveillant, exercé à voir l’œuvre de Dieu ! Mais plus encore, tout cela va nous permettre de bâtir la nouvelle civilisation, celle qui va nous permettre de faire advenir le royaume de Dieu, en partant de l’existant, en partant de ce qui est déjà bon. Cela permet de respecter nos frères, de respecter leur travail, d’avoir une base commune pour discuter, de ne pas s’avancer comme celui qui critique, qui voit le mal partout, mais comme celui qui voit ce qu’il y a de bon, de beau, de vrai, tout ce qui vient déjà de Dieu.
Regarder le monde comme le lieu où Dieu est déjà à l’œuvre, cela va nous détendre ; cela va nous permettre d’être plus attentif à ce qui grandit doucement plutôt qu’à ce qui tombe et s’écroule bruyamment. Vous allez voir, cela change la vie et cela évangélise de la manière la plus profonde qui soit.