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Plus de trois ans, c’est le temps qu’il a fallu à la commission d’experts mandatée par la communauté Saint-Jean pour réaliser un rapport historique, doctrinal, théologique et psychologique sur les abus spirituels et sexuels commis par le fondateur de la communauté, Marie-Dominique Philippe, et de nombreux religieux. Intitulé Comprendre et guérir – Origines et analyses des abus dans la famille Saint-Jean et rendu public ce lundi 26 juin dans la soirée, il fait toute la lumière sur le système d’emprise généralisé mis en place par le fondateur Marie-Dominique Philippe, des abus sexuels et spirituels perpétrés par ce dernier et reproduit par d’autres frères de la communauté depuis 1975.
Que révèle ce rapport ? Entre 1975, année de fondation de la communauté Saint-Jean, et 2022, 72 frères des 871 frères que comptaient les frères de Saint-Jean ont commis des abus sexuels, ce qui représente un peu plus de 8% de la communauté. 52 étaient prêtres et 8 étaient formateurs. 167 victimes de frères ont été recensées dont 30 religieuses, 69 femmes laïques, 29 mineures, 17 frères et dix garçons de moins de 15 ans.
Un système d’emprise généralisé
Après le rapport de L’Arche et celui des dominicains en janvier 2023, ce troisième rapport vient documenter le système d’emprise généralisé des frères Philippe, ici tout particulièrement du fondateur de Saint-Jean, Marie-Dominique Philippe (1912-2006). Le rapport fait ainsi état d’une “contagion” parmi les religieux d’un système d’emprise né au sein de la famille de Marie-Dominique Philippe. Parmi les causes, le rapport met en avant « une déviance ancienne chez quelques membres de la famille Dehau-Philippe », « un auto-référencement du père Marie-Dominique Philippe qui s’est répercuté dans la famille Saint-Jean dans le rapport des frères à sa personnes et à son enseignement » et « une formation intellectuelle et spirituelle donnée par le fondateur contenant des déficiences et des erreurs rendant flous certains repères moraux fondamentaux ».
“Des croyances erronées, notamment sur la paternité spirituelle qui, dans certains cas, a été plus un lieu d’emprise qu’un lieu d’apprentissage de la liberté spirituelle” et “une utilisation en privée de notions comme l’amitié, la miséricorde, l’union à Dieu… pour justifier des comportements abusifs” ont également servi à justifier les abus perpétrés. “L’emprise est la condition de l’abus, et elle a revêtu dans la famille Saint-Jean un caractère systémique, avec des emprises qui se sont soutenues les unes les autres”, résume l’analyse psychologique du rapport.