Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
Clément a grandi dans une famille catholique, membre de la communauté de l’Emmanuel. Il connaissait la louange par ses séjours à Paray-le-Monial. Pour autant, dans sa paroisse rurale de Charente, il trouvait que les messes ne reflétaient que très peu la joie de Dieu. Les fidèles étaient certainement de bonne volonté, mais les habitudes semblaient avoir pris le pas sur la présence de Dieu. “Les gens étaient toujours assis à la même place, on chantait toujours les mêmes chants, j’avais du mal à voir la joie sur les visages”, confie Clément à Aleteia. “La procession de communion ne semblait pas se presser vers le repas des noces de l’Agneau.”
Le 31 octobre 2013, Clément et Timothée, accompagnés de deux amis, donnent leur premier concert devant une assemblée de mille personnes en Charente. Ils poursuivent leur musique avec quelques clips tournés au milieu des vignes avant d’être repérés par le groupe Glorious. “A l’époque, notre musique était très rock, nous voulions témoigner mais ce n’était pas de la louange d’assemblée. Alors quand les frères Pouzin nous ont proposé de venir passer un an à Lyon avec eux, nous étions très heureux ! Nous venions d’avoir notre bac, il a fallu convaincre nos parents de ne pas commencer nos études tout de suite. Nous avons rejoint la Worship Academy, version Bêta de l’École Pierre. Nous voulions faire de la musique, apprendre la technique. En fait, avant tout, nous avons vécu une expérience humaine et spirituelle, une re-découverte de notre foi et de ce qu’était la louange : chaque semaine, nous avions une heure de théologie et une heure de composition avec les frères Pouzin, et voilà. Le reste était très libre. Nous profitions de l’écosystème de l’Église Lyon Centre, et étions au service de la paroisse et de différents projets d’évangélisation.”
Pour la première fois je comprenais la messe.
C’est à Lyon, dans cet environnement, que Clément vit un grand retournement dans sa foi. “Je me souviens de ma première messe à Lyon Centre. Ça a été une claque, cela m’a retourné spirituellement. C’était la même messe, mais la musique, l’homélie, tout, tout était incarné. Je trouvais enfin l’authenticité qui m’avait manqué dans les paroisses de ma campagne. Je veux choisir Jésus : ça a été ma certitude absolue à ce moment. Pour la première fois je comprenais la messe. Avant j’y allais fidèlement mais ce jour-là j’ai découvert un trésor, et j’ai eu un immense désir de lire la Bible.”
Cette soif de la Parole, Clément n’y résiste pas et il se plonge dans les évangiles. “A la messe, on entend certains textes, et encore pas très bien parce que souvent la sono n’est souvent pas géniale. Lire les évangiles m’a permis de découvrir des passages qu’on ne lit pas à la messe, et d’entendre la Parole différemment. J’ai dévoré l’Evangile. Et cela a confirmé mon désir de chanter pour Dieu.” La prière est cette source qui étanche sa soif, elle lui permet d’être rempli de Dieu, comblé, pour ensuite être en mesure de donner lors des concerts de son groupe.
Être un canal pour que Dieu touche les cœurs
A partir de ce moment, années après années, opportunités après opportunités, Clément a appris ce qu’est ‘conduire la louange’ : “Faire chanter les gens, c’est le niveau 1 ! Notre mission, c’est conduire une assemblée dans la prière, être un canal pour que Dieu touche les cœurs. C’est une responsabilité qui se vit dans l’humilité : je ne suis qu’un vecteur.” Clément poursuit ses explications à la lumière de l’évangile : “C’est comme Jean-Baptiste dans le désert : il se met sur un rocher, bien visible, et il crie que le Royaume de Dieu est proche. Mais ensuite il retourne avec l’assemblée en disant qu’il n’est pas digne de délier la sandale de Jésus. Pour nous, c’est pareil : nous guidons l’assemblée dans la louange, puis une fois les cœurs connectés à Dieu, notre mission est accomplie. Nous pourrions retourner parmi les gens pour adorer avec eux.”
Cette humilité, Clément la partage aussi en relisant son parcours. Jeune adolescent, il reconnaît avoir commencé pour les mauvaises raisons, à cause de blessures personnelles, pour les applaudissements, pour la gloire, surtout quand il a entrevu la possibilité de pouvoir vivre de sa musique. “C’est très facile de prendre la grosse tête : en paroisse, dès qu’on prend une guitare ou une flûte, les gens vous félicitent, vous remercient, vous applaudissent, même si votre performance était objectivement moyenne, voire médiocre. Tout ça parce que les gens veulent faire plaisir.”
De retour à Bordeaux, Clément, Timothée et les deux autres membres du groupe, ont repris leurs études, tout en animant la messe tous les dimanches dans une paroisse de Bordeaux. Puis est venu le temps de décider s’ils voulaient effectivement faire de la louange leur métier. Seuls Clément et Timothée, les fondateurs, ont continué l’aventure. Ils ont trouvé des musiciens. Pauline Betuel, chanteuse, a rejoint le groupe en 2019. “Nous sommes intermittents du spectacle depuis deux ans. Je suis marié et j’ai trois filles, nous pouvons effectivement vivre de la musique. Simplement, mais nous pouvons en vivre. Ma femme m’a toujours soutenu. Elle est la première à m’encourager et à écouter mes questionnements. Son tempérament me booste et m’aide à rester pro-actif.”
99 brebies égarées
L’objectif de Be Witness : faire revenir les chrétiens à l’église et redonner la joie de l’évangile à ceux qui sont toujours là. “Aujourd’hui, nous vivons l’évangile de la brebis perdue, mais à l’envers”, dit Clément. “Il y a seulement une brebis avec le berger et les 99 autres se sont égarées. C’est à peu près ça avec 1% de pratiquants aujourd’hui en France. À l’époque, le berger osait en laisser 99 pour aller chercher l’unique brebis. Aujourd’hui il faut oser laisser la seule brebis qui reste pour aller rechercher les 99 ! Ou plutôt la prendre sur ses épaules et aller avec elle chercher les 99 ! Cela suppose de faire bouger nos habitudes, changer nos chants peut-être, investir dans une bonne sono, former l’équipe d’animation de la paroisse, mais c’est possible !”
Clément poursuit : “Parfois les plus anciens dans la paroisse n’aiment pas qu’on bouscule leur organisation. Mais quand je leur dis “Vous ne voulez pas que vos petits-enfants reviennent à l’Église ?”, ces personnes sont d’accord. Au pire elles mettront des boules Quiès au début, s’amuse Clément, ensuite la guitare ou même la batterie ne les gêneront plus car la joie de voir des personnes revenir à la messe est bien bien plus grande et importante que nos petites frustrations.”
Changer de méthode, pas de substance
La messe reste la messe, c’est l’atmosphère qui va autour que Clément souhaite rénover. “Il faut changer de méthode, pas de substance. Pourquoi les gens quittent les églises ? Ils trouvent malheureusement que l’ambiance y est souvent morose : mettons de la bonne lumière, soignons l’atmosphère pour qu’elle soit chaleureuse. Et si les nouveaux ne savent pas où se mettre au milieu de ces gens qui ont leurs habitudes ? Créons une équipe d’accueil pour les mettre à l’aise et les guider. Il faut demander aux gens pourquoi ils ne viennent plus et répondre à leurs besoins. Dieu fait le reste.”
“En concert, nous essayons que les gens se sentent dans un écrin pour être disposés à accueillir la présence de Dieu au milieu du stress de leur vie et des bagages qu’ils portent. Il faut les mettre en condition pour pouvoir louer Dieu. Ensuite, la musique est un des vecteurs le plus puissant pour dilater le cœur des gens et raviver leur foi”, témoigne Clément. “Il faut donner à chaque personne selon ses besoins, comme Jésus qui ne parle pas de la même façon à chacun : parfois il est plus dur, parfois il montre sa miséricorde. C’est pareil en concert, il y a des moments de louange péchue, de témoignage, de silence habité. Pendant les week-ends en paroisse, il faut de même nous adapter à la communauté qui s’y trouve. Le besoin n’est pas le même dans une paroisse dynamique de Versailles et dans une paroisse de campagne désertée par les jeunes.”
Pour Clément, une soirée de louange est un outil pour revenir à la messe dominicale : “Je comprends la lassitude des gens. Nous accompagnons les paroisses pour que les gens retrouvent à la messe l’expérience forte qu’ils ont vécue pendant une soirée de louange. Nous ne sommes ni théologiens, ni profs de musique, mais il est possible de vivre une expérience de vraie joie en concert et aussi à la messe.”
Pour le musicien, dépoussiérer la foi des fidèles par la louange permet aux chrétiens de devenir à leur tour lumière dans le monde. Le monde a besoin de voir qui sont les chrétiens autour d’eux, de les identifier par leur sourire et leur joie, de les reconnaître par la flamme qui les habite.
Pratique